Difficile de ne pas jouer à Just Dance sans penser à Dance Central. Non pas tant pour affirmer la supériorité de l’un sur l’autre, mais plutôt car les deux séries se complètent dans leur politique: là où Dance Central aura été le seul à formuler clairement les enjeux de Kinect, en soumettant le joueur à la caméra selon un principe qui dérive du regard que l’on porte sur soi et sur l’autre, Just Dance aura repris la rupture démocratique voulue par la Wii, entièrement dévolue à une dimension festive surpassant l’exigence originelle du jeu vidéo. Deux projets de jeu donc, l’un se conjuguant surtout au singulier, exigent et libérateur (de Dance Central 1 à Dance Central 3), à l’opposé de l’autre qui ne prend sens qu’avec ses amis, sa copine ou ses gosses, sur des chorégraphies bâties pour plusieurs et où la précision du geste devient secondaire.
 
Inévitablement, cette ambition démocratique et festive contient toujours la dérive d’un certain populisme. Playlist facile, chorégraphies simplistes et neuneu, la série d’Ubi a souvent tutoyé avec cette frontière qui mène au vulgaire et la basse flatterie, sans  l’échappatoire d’une progression réelle. Cet écueil, Just Dance 2014 parvient justement et fort heureusement à l’éviter (quand bien même le jeu contient sa dose de bouses musicales), en assumant pleinement son absence d’exigence. Finie l’illusion de bien danser, les chorégraphies de cet opus 2014 font aussi interagir le joueur avec plus de simplicité et en même temps plus de folie. Faire les kékés à deux sur Blurred Lines, se retrouver sur un volcan en fusion avec Rihanna, montrer à sa copine les 99 ballons de Nina Hagen ou tenter un improbable porté sur Moskaw ne tient alors plus tant d’un besoin de copier ce qui se passe à l’écran, mais simplement du plaisir d’être avec l’autre et partager un même espace. Dès lors, un peu à la manière du sympathique Happy Action Theater, c’est un autre visage du Kinect (pour la version X360 essayé) que la série d’Ubi nous révèle : faire de notre salon un nouveau théâtre où sans changer de lieu, l’on passe d’une scène à l’autre.