Que dire de plus si ce n’est que Planet Moon vient de larguer une bombe ludique sans précédent dont on risque de parler encore pour un bon bout de temps… Mieux que Sacrifice, qui réunissait déjà pas mal d’atouts pour sa défense, Giants : Citizen Kabuto marque enfin le début d’une nouvelle ère où les frontières habituelles entre jeu d’aventures, d’action et de stratégie sont purement et simplement abolies au service d’un gameplay brillant et transgenre. Explication du phénomène.

Le concept reste pourtant très simple. Fallait-il encore y penser : la puissance des processeurs et les progrès des cartes graphiques aidant, il est devenu aujourd’hui concevable de faire exploser les limites sclérosées des différents genres et d’envisager de réaliser cette vieille utopie : celle d’un jeu total qui saurait allier plusieurs composantes et les intégrer dans un titre unique, inclassable.

Le sujet ? Sur une planète paradisiaque s’affrontent trois entités bien déterminées à exterminer toute résistance et à s’approprier pour leur propre compte la totalité du territoire. Le jeu se déroule en trois campagnes solo où le joueur est invité à défendre les uns après les autres chacun des trois camps, sans oublier de protéger les autochtones qui répondent au doux nom de Smarties, et qui ont la fâcheuse habitude de se laisser dévorer par de voraces piranhas. Le tout agrémenté de décors et d’effets de textures d’une rare beauté, amplifiés par des ambiances sonores en parfaite adéquation avec l’action en cours. Un vrai bonheur, à condition toutefois de posséder une machine assez puissante et une carte graphique dernière génération pour gérer tout ce beau monde.

D’un côté, les Meccaryns, fatigués par des guerres galactiques à répétition, cherchent à s’installer dans l’île, histoire de préparer au vert leur future expansion intersidérale. A grands coups d’armes technologiques dernier cri, ils entreprennent de domestiquer la nature environnante. Orientées action et stratégie, les missions Meccaryns risquent de mettre à rude épreuve toutes vos capacités de concentration. Au programme : sauvetage de Smarties en jetpack (sorte de propulseur assez mal en point pour vous stopper net au-dessus d’une bande de piranhas très heureux de votre visite surprise), protection de base et construction de tourelles armées en hommage aux grands noms des STR, ou bien carrément une bonne petite partie de shoot, en vue à la première personne, fusil sniper et lunette grossissante à l’appui. Le passage d’une action à une autre s’effectue tout naturellement, sans aucune difficulté particulière. A la fin de chaque mission, une cinématique à l’humour parfois bien salace sera la juste récompense de vos calories perdues : si Giants se caractérise par une jouabilité des plus aisées (souris + clavier), il n’en reste pas moins un jeu difficile. Mieux vaut vous préparer à passer de longues heures pour finir certaines étapes, d’autant plus que le système de sauvegarde est entièrement automatisé. Impossible donc de sauver toutes les 10 secondes sa partie, au cas où…

Changement de décor et d’interface, les Sea Reapers, premiers habitants de la planète, ont décidé de récupérer coûte que coûte leur terre natale. Point fort : un don certain pour la magie, qui les aidera dans leur quête. Clairement, la seconde campagne s’oriente vers le jeu de rôle, tendance heroic fantasy, permettant à Giants de se lâcher côté déluge d’effets graphiques à gogo et incantations en tous genres. Extraordinaire.

Dernier héros en lice, le géant Citizen Kabuto. Une créature monstrueuse créée par les Sea Reapers et dont le seul but est d’accéder à la liberté. Question défoulement, Giants met le paquet et permettra au joueur exténué, après une bonne dizaine de missions où finesse et réflexion étaient de mise, de se lâcher. Et de s’empiffrer au passage de quelques Smarties ou de détruire la moitié des constructions de la planète, option kill’em all.
Un titre remarquable aux charmes multiples qui, espérons-le, ouvrira la voie à bien d’autres perles aussi addictives.