Il y a huit ans déjà ! Il a donné son nom à un genre bien particulier, genre qui consiste à affronter, en vue subjective, tout une horde d’ennemis en usant et abusant des armes les plus destructrices : le Doom-like. C’est en fait un pan entier du paysage vidéoludique qui a pris ses racines dans les tréfonds sanglants de ce titre : la série des Quake, le mythique Half life, Redneck rampage, Soldier of fortune… Quelques autres aussi. Et prochainement le très réaliste Return to Castle Wolfenstein. Au passage, John Romero et John Carmack seront devenus des figures emblématique.

A l’époque (ça fait vétéran mais huit ans dans l’histoire du jeu vidéo, c’est une éternité), la pseudo 3D de Doom -une première sur les PCs alors à la pointe de la technologie- donnait le vertige et des nausées. Pour de vrai. Certains ne pouvaient même pas y jouer plus de quelques minutes. Des nuits blanches rythmée par la musique lancinante de Doom, quelques belles sueurs froides aussi provoquées par des têtes empalées, des monstres cachés, une architecture de niveaux angoissante à souhait. On l’avait presque oublié…

Et voilà que, prétentieuse, la Game Boy Advance, véritable condensé de technologie réservé à nos petits frères, prétend nous faire revivre de telles émotions. On a envie d’y croire. Et le charme (morbide) est à deux doigts d’opérer : l’image de la boite n’a pas pris une ride, c’est la même ! Déballage rapide, insertion hâtive de la cartouche dans la fente de la console. Même pas un regard sur le mode d’emploi. Le « scénario » on le connaît par coeur : seul marine survivant, on doit se taper tout plein de monstres qui envahissent les lunes de Mars. Un prétexte tout au plus pour manier tronçonneuse, pistolet, fusil de chasse, mitrailleuse, fusil à plasma et le célèbre BFG9000.

Console allumée : le logo d’ID Software est toujours aussi sombre. Celui de David A. Palmer Productions fait une courte apparition. On lui doit l’adaptation du jeu sur GBA, à partir de la version Jaguar. La musique : elle tient toujours le joueur en haleine. Et les pixels sont toujours aussi… grossiers et approximatifs ! Tout y est donc, promis, juré, sauf deux des plus dangereux adversaires : le Cyber Demon et le Spider Mastermind. Pas trop grave en fait.

La première prise en main est des plus probantes. On strafe, avance, recule, tourne, consulte la carte qui se dessine au fur et à mesure. Plus fort encore, mais c’est pour le salon : quatre joueurs peuvent se retrouver au sein d’une même partie, en coopératif ou en duel. Evidemment, il faudra autant de jeux, de console et de câbles. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Seul hic, le changement d’armes n’est vraiment pas pratique et rapide. Mais on s’accroche. On aime. Comme un succédanée du vrai jeu, celui d’Avant. Car format de la console oblige -et le temps passé aussi, il faut bien l’avouer-, on n’éprouve plus ici aucune frayeur. On ne sursaute plus lorsqu’un lutin fait son apparition. Un peu comme si ce titre avait perdu sa substantifique moelle. Mais l’os à ronger est assez gros pour que l’on y passe quelques heures. A rechercher avidement les caches qui regorgent de power ups ; en esquissant, sardonique, un sourire en coin quand on utilise la bonne vieille tronçonneuse. Car c’est là que réside tout le charme de cette version : on peu s’adonner aux pires exactions sur ces horribles démons dans n’importe quel lieu public, sans que personne ne s’en rende compte. Et sans trop s’en rendre compte soi-même car la luminosité est vraiment trop pitoyable ! La faute à Nintendo, toujours.