Disponible depuis fin 2007 au Japon sur le PSN, Dark mist a mis plus de six mois avant de débarquer en Europe. Entre-temps, le jeu s’est étoffé, et il nous arrive dans une mouture plus complète (persos, modes de jeux…), dont l’amélioration la plus notable, peut-être, est une bête sauvegarde permettant de reprendre le jeu au dernier niveau visité. Cette sauvegarde peut paraître anecdotique, or elle témoigne pourtant d’une réorientation assez significative. A sa sortie et encore aujourd’hui, Dark mist avait tout d’un jeu sympathique et rétro : mélange de Dungeon RPG à la Zelda, d’Hack’n slash et de Shmup, il baigne dans une atmosphère heroic-fantasy au design soigné et kawaï. Empruntant en partie son style graphique à la palette que Game Republic a déjà utilisé sur Folklore, les jeux ont des tonalités de couleurs et de lumières si similaires qu’on se demande s’ils n’ont pas été développés conjointement. Et il faut reconnaître que peu de jeux sur le PSN, ou le Live Arcade, font autant référence à certains canons esthétiques japonais. Après des remakes en pagaille trop souvent ripolinisés par des studios occidentaux au goût douteux (Commando 3, entre autres), Dark mist séduit immédiatement par ses graphismes qui tranchent face aux productions américaines ou européennes. Il nous rappelle à la fois la présence trop rare des japonais sur le PSN, tout en évoquant quelques belles heures oubliées d’un ou deux genres ayant rayonné durant les eighties et les nineties.

Old-school, Dark mist l’était dès le départ, jusqu’à l’os. Sans sauvegarde, le jeu demandait une discipline de fer en nous obligeant à enchaîner les niveaux, peu nombreux mais pas évidents, voire franchement difficiles (le boss de fin, dur), jusqu’au game over fatidique. Sentence hardcore, punitive, qui nous ramenait près de quinze ans en arrière. Un peu maso et nostalgique, on ne cache pas avoir apprécié ce feeling arcade, vagues réminiscences des salles fumeurs ou d’une PC Engine. Car si son allure, ses beaux effets, son élégant brouillard aux teintes mauves que l’on chasse d’un coup de Sixaxis, renvoient le jeu à l’une des plus belles pièces du PSN, le coeur de son gameplay réside au creux de vieilles routines bien usées. Dans des labyrinthes où l’on ne se perd jamais, on passe d’un niveau à l’autre, allant de salle en salle pour éliminer une variété limitée d’ennemis aux patterns souvent similaires. Plus Shmup qu’autre chose dans sa prise en main et son principe, Dark mist ne prétend pas réinventer la poudre en terme de game design, mais il propose une expérience suffisamment efficace. Un peu de levelling pour les armes, un brin de scoring pour les amateurs, quelques passages nécessitant du doigté, suffisent à faire de cette aventure modeste un jeu assez unique du PSN. S’il se renouvelle peu au long de ses douze niveaux, il maintient néanmoins le challenge et se laisse compléter avec plaisir. La sauvegarde facilite désormais la tâche, mais libre à chacun de se la jouer vieux jeu.