On le sait, la simulation aérienne suit depuis longtemps les règles érigées en diktat par Flight simulator, et autres grands noms du genre. Un vrai coucou genre Cesna des familles, des décors et des conditions réalistes au possible, le tout pour rallier en temps réel Dijon à Limoges. Un long apprentissage des raccourcis clavier et des propriétés physiques se soldent généralement par un mal de tête carabiné. Quant à l’atterrissage… Aviateurs du dimanche, Crimson skies pense à vous et remet au goût du jour un genre tombé en désuétude, nettement plus facile d’accès.

Quoi de plus excitant que l’univers des pirates de l’air ? En plein milieu des années 30, ces fous volants font la loi, arraisonnent les zeppelins et s’emplissent les poches de monnaies sonnantes et trébuchantes. Bref, l’éclate pure et dure à des années-lumière de la surveillance angoissée des flux de Boeing 747 au-dessus de Roissy CDG. Vous endossez la peau de Nathan Zachary, l’une de ces figures de légende, et c’est accompagné d’une bande d’irradiés notoires que l’aventure peut commencer.
Dans les faits, Crimson skies se découpe en différentes missions aux objectifs aussi divers que la protection d’un zeppelin, l’attaque en règle d’une base ennemie ou encore deux ou trois parties de voltige en plein centre de New York. Au cours du jeu, il est possible de changer d’appareil, soit en les volant, soit, pour les plus maniaques, en les construisant de toutes pièces. La progression est certes linéaire mais chaque mission s’accompagne d’une mise en bouche très réussie. Un p’tit sépia, deux-trois effets de grain, et ce sont toutes les actualités de l’époque qui tracent la trame imaginaire d’un scénario touffu. En effet, Crimson skies ne se borne pas seulement à égayer le chaland de combats aériens vertigineux mais s’amuse aussi à mettre en scène une tripotée de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Entre l’amour caché du héros pour une femme pirate mystérieuse, et son amitié pour un inventeur juif allemand, les références s’enchaînent à un rythme soutenu et finissent de plonger le joueur dans une atmosphère déjà bien trépidante. Cerise sur le gâteau, vos coéquipiers sans gêne y vont de leurs commentaires salaces et décalés, et il n’est pas rare qu’un crash se finisse dans un éclat de rire général.

La réalisation graphique n’est pas en reste. La gestion en 3D est fluide et les vieux coucous sont réalisés avec brio. Les moteurs crachent du feu, les balles traçantes fusent dans tous les coins. Manque juste l’odeur du cambouis… Les décors sont de bonne facture et la variété des lieux représentés met en relief l’élément central de Crimson skies : les combats aériens. La jouabilité est au rendez-vous : pas besoin de configurer les touches pendant des heures pour se demander quelques secondes après le décollage où se trouve la commande des gaz. Un manche à balai, un bouton pour la mitraille, l’autre pour les missiles : rien de plus, rien de moins et ce n’est d’ailleurs pas la moindre des qualités de ce savoureux mélange que de faciliter la prise en main des appareils. Le résultat à l’écran est sans appel : un looping par-ci, une pirouette par-là, toutes les figures pour tromper son adversaire sont envisageables et franchement faciles à réaliser. Croyez-moi, s’enfoncer à toute berzingue dans un entrepôt, sauter de son appareil, voler un prototype et repartir presto valent leur pesant de cacahuètes. Pour les plus récalcitrants, le mode réseau parviendra sans aucun doute à satisfaire leur fringale d’émotions fortes.