Alex Kloster et Johannes Malfatti composent Transformer Di Roboter, en marge de leur projet Chlorgeschlecht avec Olivier Alary. Metal kings reprend des morceaux de heavy metal à la manière low-electronic. Une façon joyeusement ironique de jouer cette musique sans son attribut principal : le son heavy ? Explications.

Chronic’art : Comment vous en est venue l’idée de Metal kings ? Etait-ce pour donner au genre métal une signification pop (dévoiler les mélodies, les structures, hors de l’impression donnée par la puissance du son et les atmosphères) ?

Johannes Malfatti : Faire Metal kings ne signifiait pas avoir une approche analytique ou didactique. Ce que nous apprécions généralement dans le métal, c’est que son but principal est de tout faire au maximum. Etre le plus rapide, le plus fort, le plus agressif. Nous voulions transférer tout cela vers ce à quoi nous travaillions alors. Le son 8-bit, combiné à l’esthétique MIDI et au métal coïncident parfaitement selon nous. Quantifier une guitare distordue MIDI en 2 bit et 6K sonne méchamment. Nous voulions mettre le bordel dans le MIDI et avons obtenu un résultat assez réussi.

Alex Kloster : Oui, il faut voir ça sous l’angle opposé : le MIDI peut sonner vraiment stérile, propre et sans âme. En essayant de faire du métal par ce biais, nous avons voulu le faire sonner plus sale. Il y a une analogie évidente entre les soli de guitares rapides et la programmation MIDI aliénée… C’est surprenant de voir que personne n’a réalisé de Metal kings comme nous l’avons fait (comme un « homegame »).

Quelle serait votre définition de la pop ?

JM : Je crois que des gens très sérieux comme Stockhausen ou Pierre Henry peuvent être considérés comme pop. Et nous considérons le métal comme constituant une bonne partie de la pop culture.

AK : Tout ce qui passe sur votre radio NRJ. Slipknot et Slayer sont certainement pop. Quelques groupes se présentent comme alternatifs, de manière à ce que les kids se sentent rebelles, ou que les étudiants aient l’impression d’avoir découvert quelque chose de vraiment particulier, mais la plupart du temps, c’est encore et toujours pop. Et il n’y a rien de mauvais là dedans. De plusieurs manières, la pop est aussi quelque chose qui passe par la musique, et en même temps, cette musique a un rôle passif. Mais je serais bien plus précis en disant ce qui n’est pas pop…

Il y a toujours un buzz, une distorsion dans Metal kings. Quelle est votre opinion à propos du « low sound » et des procédés de compression (MP3, sonneries de portables) ?

JM : Je n’ai pas vraiment d’opinion là-dessus. Je ne me lève pas le matin en me disant : « oh seigneur, je suis si heureux que le genre humain ait inventé le glorieux algorithme de la compression de data psycho acoustique ». Sérieusement, on ne pense rien de particulier à propos du téléphone non plus. Ca fait juste partie de notre vie aujourd’hui. Et je ne suis pas effrayé à l’idée que cela remplace le Pro Tools HD System de 192kHz… Je me fous un peu des sonneries de téléphone car j’ai un très vieux portable qui ne peut rien télécharger.
Mais il y a des sonneries de Transformer et de Chlorgeschlecht sur www.no-text.net qui valent le coup. Alors, allez les kids ! Sinon, à propos de l’esthétique de notre musique : je crois que nous avons trop entendu de musique trop forte quand nous étions plus jeunes, alors il nous faut toujours un peu de distorsion pour nous sentir à l’aise.

AK : Nous avons grandi en jouant de la musique distordue dans des groupes. Quand le moment a été venu de faire de la musique électronique, l’approche distordue est restée. Par ailleurs, nous trouvons intéressant d’utiliser des sons qui apparaissent dans le monde, des sons que les gens reconnaissent à un niveau autre que musical, comme les sonneries de téléphone, les sons de start-up du Mac par exemple.

Votre opinion sur V/VM, les bootlegs ?

JM : Ils font partie du cours naturel des choses.

Chacun de vos disques est un projet musical différent. Vous considérez-vous comme des chercheurs, des scientistes plus que comme des musiciens ?

Eh bien, d’abord je pense que chaque musicien doit avoir en lui une bonne part de scientifique ou d’explorateur, car sinon, ça musique risque d’être très, très ennuyeuse. Il nous semble difficile de combiner toutes nos idées en un seul projet. Cela nécessiterait trop de compromis et nous n’en voulons pas. Nous voulons pouvoir être extrême dans les deux directions : être très soft et poppy ou très agressifs et heavy. Danzen Jetzt est juste entre le deux.

AK : Oui, Transformer a besoin de l’aura de Chlorgeschlecht pour rester poppy, et s’il n’y avait pas Transformer, ce serait Chlorgeschlecht qui ferait des reprises des New Kids On The Block ou de morceaux gay disco. Les différents projets se nourrissent les uns les autres. Dieu merci, le monde n’est pas minimal.

Vous ressentez une communauté d’esprit avec vos camarades de Deco (Teamtendo, Evil Moisture, etc.) ?

JM : Oui, nous sommes définitivement connectés avec les gens de Deco. Nous ne voyons pas tout le monde à chaque fois que nous venons en France, mais nos rencontres sont toujours très cool et il y a un vrai sentiment de communauté. Nous nous sentons proches aussi des gens de Diamondtraxx et Octet. Il y a une bonne connexion Paris-Berlin, nous sommes ravis.

AK : Il suffit de voir les line up de nos concerts en France, et dans nos remixes aussi. Il y a un « anabol remix » de Transformer dans le nouveau EP de Teamtendo et nous avons fait un remix du single de Octet, Hey bonus. Anabol Transformer est notre département remix…

Propos recueillis par

Lire notre chronique de Metal kings