En octobre 2005 ce musicien français avait fait plus que sensation. Composé en solo sous les toits de Paris, son premier album, « Happiness », avait cueilli tous les amoureux de sad pop (qui a dit fans de Radiohead ?). Comme celle de son copain de promo Syd Matters, son electro-pop ouatée avait même décroché des éloges outre-Manche. C’est donc peu dire qu’on attendait la suite. Et voilà, fin mars, on a appris que sa sortie était imminente et qu’il se nommerait « Evenfall ». Moins pop que son prédécesseur, ce disque composé entre jour et nuit, espoir et nostalgie, outre-Atlantique et Paris, a perturbé notre journaliste. Il ne s’en est pas caché auprès de l’intéressé.

Chronic’art : Notre premier entretien date d’il y a déjà quatre ans. C’était pour la sortie d’Happiness, ton premier album. Je l’avais beaucoup aimé, j’attendais donc impatiemment le suivant. Et puis il y a quelques jours, je l’ai enfin reçu et écouté et en fait je n’ai pas su trop quoi en penser. Maintenant je suis là, devant toi, pour en parler et je ne sais trop quoi t’en dire…

Sébastien Schuller : Moi non plus (rires) ! Les choses se sont tellement vite enchaînées… Je suis encore immergé dans le disque. Je l’ai fini peu de temps avant que vous le receviez pour la promo. J’ai vraiment tiré sur la corde, ça a souvent été repoussé. Le parcours a été assez compliqué.

Comment ça ?

Déjà, je n’ai pas eu quatre ans pour faire ce disque car à l’issu d’Happiness on a quand même pas mal tourné, environ cinquante dates, ça m’a assez fatigué. Et puis j’ai aussi fait trois musiques de films et j’ai quand même vécu, pris un peu de vacances avant de me remettre à la création. Donc voilà, j’ai plus passé deux ans sur ce disque, même si j’ai pu avoir des bribes d’idées entre temps.

Alors, quoi, tu as galéré sur l’écriture de tes nouvelles compos ?

Non, les compos viennent naturellement assez vite. D’ailleurs, tout le problème c’est que les titres étaient prêts plus tôt que prévu mais l’étape de production m’a pris un temps fou. J’ai peiné pour restituer ce que je pouvais avoir en tête pendant les démos.

Pourquoi ? C’est là que tu te révèles le plus perfectionniste ?

Un musicien m’a dit que John Lennon définissait le travail de production en terme d’arc de cercle, comme quoi, en gros, à partir du point initial de ta démo tu traces un premier arc de cercle et alors soit l’arc est assez bon et fort pour en créer d’autres soit il ne l’est pas et tu essaies finalement de récupérer tout ce que tu trouvais bon sur le brouillon. Et sur cet album-là, un peu comme sur Happiness, je ne suis pas arrivé à tracer un premier arc de prod assez fort pour en générer d’autres, j’ai donc dû rebrousser chemin…

Et finalement tu es satisfait du résultat ?

Je n’ai pas encore l’état de recul pour le juger réellement, mais j’ai bien aimé tous les morceaux dans leur conception. J’ai passé pas mal de temps dessus et je les ai bien aimé, au moins pendant ce temps-là…

En fait, en écoutant Evenfall, j’ai éprouvé un une sorte d’amnésie. Après trois écoutes, je ne me souvenais toujours de rien. Je n’avais distingué aucun morceau et rien ne m’était resté en tête pour que je le fredonne, comme si l’album n’existait pas hors de son écoute, qu’il se refusait à toute volonté d’invasion du corps. Je n’avais pas ressenti ça à l’écoute d’Happiness, plus pop. Là tout est si léger, homogène, anti-headworms… Cette sensation d’oubli c’est quelque chose que tu souhaitais communiquer ?

Non, pas du tout… Il est peut-être juste plus dur d’entrer dans Evenfall que dans Happiness

C’est ce que je me suis dit. Car au fil des écoutes j’ai quand même eu l’impression que quelque chose se révélait. Et je me suis dit : « Attention Sylvain, pour l’instant tu fais triste mine mais si ça se trouve tu vas bientôt te retrouver à crier « Alleluia ! » »

Et alors (rires) ?!

On va dire que je n’en suis pas encore arrivé là ! Je commence à croire que c’est l’effet que me procurera ton disque, parce que, tant musicalement que vocalement, il déroule des trames mélodiques fuyantes, tout en retenu, art de l’esquive. Je n’ai relevé que deux petits sursauts batterie-basse, mais eux aussi produits en retrait, arrondis…

Je pense qu’il y a quand même des refrains sur Evenfall. Par exemple, il y en a un sur The Border, même si c’est plus une ritournelle qui forme un tout… Et puis déjà sur Happiness, si tu regardes bien, à part quelques morceaux comme Tears coming home la plupart des refrains n’étaient pas très appuyés. Mais c’est vrai que globalement les morceaux d’Evenfall n’ont pas de structures classiques et ça, oui, c’était un peu voulu, car je ne voulais pas répéter Happiness. Je voulais un peu plus m’amuser avec les structures et voilà, elles m’ont guidé où elles voulaient m’emmener.

A l’image de The Border, la plupart des morceaux d’Evenfall sont des ritournelles incantatoires, des morceaux aux textures et aux structures tellement siamoises et poreuses qu’ils semblent tous s’embrasser et ne pas savoir comment finir, comme s’ils pouvaient ne jamais s’arrêter, toujours durer, même tout bas. Comme si on avait à faire à une seule et même ritournelle.

Je suis déjà content que tout s’emboîte (rires) ! Je vise toujours la cohésion des morceaux.

Avec l’instrumental New York qui fait une transition en plage 6…

Oui, il fait la liaison entre la première partie de l’album, l’organique et la plus vieille – elle a deux ans – et la seconde, plus électronique. Car au départ, par rapport au précédent, ici mon envie était d’enregistrer plus d’instruments live et de mettre plus d’arrangements, avec de vrais cuivres, de vrais hautbois… Si j’avais réussi à tenir ce cap lors de la production, j’aurais pu faire un album entier sur ce parti pris, mais, comme je te l’ai dis, j’ai échoué. J’ai donc viré beaucoup de morceaux sur ce mode-là et j’en ai sélectionné d’autres, plus electro et nouveaux, qui m’étaient venus facilement. Et finalement j’ai trouvé intéressant qu’on puisse voyager au sein d’un même album entre des choses organiques et d’autres plus électroniques qui refont le lien avec Happiness.

Tu avais décris Happiness comme un road movie musical entre Dead man et Twin Peaks. Un disque très imprégné de l’idée que tu te faisais des autoroutes américaines quand tu étais gamin. Comment décrirais-tu l’univers d’Evenfall ? Quelles en seraient les balises artistiques ? A nouveaux des films, des images ?

Je ne sais pas, j’ai l’impression que cet album est plus musical…

Parce que ces dernières années tu as été plus musicien que jamais ?

Oui, ça joue…

Parce que tu as enfin mis de vraies images sur ces autoroutes qui te faisaient rêvées ?

Non, pas forcément ; parce que le fait de découvrir les Etats-Unis génère encore du rêve. Ca vient se confronter à ton imaginaire, mais en un sens c’est autre chose. Surtout que c’est grand et qu’il faut du temps pour vraiment s’imprégner d’un lieu… En fait, dans l’ensemble mon processus de composition n’a pas changé. Niveau musique, je pourrais par exemple te dire que j’ai beaucoup écouté Arcade Fire, Sufjan Stevens, Beirut et Animal Collective et que d’une manière, ça m’a forcément influencé. Mais ce serait réducteur, car un morceau est toujours inspiré de différentes sources. A l’influence musicale se joint l’influence de ce que je vis, de ce que j’observe du monde, de la société et de mon passé.

A quoi ressemblait ta vie pendant l’écriture d’Evenfall ?

A de nombreux allers-retours entre Paris et Philadelphie, en Pennsylvanie, où je suis parti vivre. La majeure partie du disque est liée à ces voyages. Vivre là-bas m’a vraiment touché. Par exemple, à Philadelphie tu as des églises qui jouent une musique un peu féérique – ce n’est pas des cloches, plutôt des carillons – tu ne sais pas forcément ce qu’elle signifie – un appel au culte, une cérémonie ? – mais parfois quand tu te balades dans un parc tu entends ça au loin alors forcément quand tu rentres chez toi et que tu te remets à composer ça se retrouve dans un de tes morceaux, tout comme l’imaginaire qui peut surgir lorsque tu prends ta voiture pour te promener dans les superbes paysages des forêts de l’est américain.

Cette atmosphère de forêts enchantées et de carillons chrétiens est très palpable sur chacun des morceaux de l’album. On y retrouve plus que jamais ton côté enfant de choeur accro de pianos aqueux…

Oui, le piano est sûrement l’instrument dont j’ai le plus joué sur ce disque. En fait, j’avais deux vieux pianos sous la main, un piano d’étude anglais à Paris – je me l’étais fait payer dans le cadre d’une musique de film qu’on m’avait commandée – et un énorme piano du début du siècle à Philadelphie, avec des dorures et tout. C’est ma femme qui l’avait trouvé dans la rue à la sortie d’un bar. Il est à moitié cassé, mais c’est vachement agréable de jouer dessus. C’est un univers en soi. J’ai donc pas mal composé de morceaux directement au piano, notamment la première partie du disque.

Ces morceaux ont fait naître en moi des images de lac à fleur de peau et de ciel doux, mi-clos, quand on ne sait plus si on est le jour ou la nuit, sur terre ou sous l’eau. J’ai pensé aux Nymphéas de Monet…

Je ne connais pas…

C’est une célèbre série de natures mortes qui montre des nénuphars à la surface d’un lac, tour à tour mauves, bleutés ou verdoyants selon les nuances de la saison peinte.

C’est marrant que tu vois cela, parce que lorsque je produisais ces morceaux en studio, innocemment, j’avais tendance à les assimiler aux différents jeux de lumière que tu peux avoir dans une journée. Je comparais des parties de vibraphone à des scintillements de soleil, ce genre de choses. Et cette comparaison était nourrie par le fait que je travaillais beaucoup ces morceaux dans des transports en commun. Que je sois dans un bus quittant la campagne ardéchoise à l’aube ou en vol de nuit vers les Etats-Unis, j’avais le nez collé au paysage lorsque je les réécoutais. En voyageant souvent entre ces deux pays j’étais souvent victime du décalage horaire et c’est sûr que ça m’a amené à côtoyer des états d’esprit où tu perds un peu le sens du jour et de la nuit !

J’ai presque eu le sentiment d’avoir à faire à un concept album sur le crépuscule !

Oui, c’est pour ça que j’ai nommé le disque Evenfall, ça veut dire crépuscule en anglais !

Aha. Je l’ignorais et je n’ai même pas pensé à voir ce que ça signifiait !

Le crépuscule est mon moment préféré de la journée parce que c’est celui où toutes les tensions se relâchent, et si on ramène une journée à l’échelle d’une vie ça peut symboliser cet âge où tu es enfin apaisé, parce que tu as fait le point sur certaines choses de ton passé.

Ce thème se retrouve-t-il dans tes textes ?

Oui, disons qu’ils sont habités par la nature et son observation, qu’ils sont guidés par une certaine espérance de… je ne sais pas quoi (rires) !

Une espérance mystique ?

Non… Par exemple pour « The Border » ce serait plutôt l’espoir d’une vie sans frontières. Quand tu pars t’installer aux Etats-Unis, tu te retrouves toi-même immigré, donc d’un seul coup ton regard sur l’immigration change. Là-bas il y a de nombreux immigrés mexicains et ça te touche, ça t’appelle. Ce morceau parle donc de ça et de toutes sortes de frontières qu’on peut rencontrer. Sinon certains morceaux sont le fruit de véritables aventures. Par exemple Balançoire vient d’un travail de ciné-mix.

Celui que tu as fait sur L’Age d’or de Luis Bunuel ?

Non, celui que j’ai fait sur Balançoires de Noël Renard. C’est le seul film qu’il ait fait de sa vie, un muet, sans musique. J’avais fait 30 minutes de score pour ça et comme il contenait un thème récurrent j’en ai finalement une chanson.

Son propos est-il lié à celui du film qu’elle a initialement illustré ?

Oui, le film se passe dans une fête foraine dans le Paris du début du siècle. On y voit des personnages masqués, un rapport au sexe osé pour l’époque, et le morceau évoque aussi ce vieux Paris.
J’ai adoré ce film et j’étais d’autant plus ravi de pouvoir en faire la soundtrack qu’il raconte un peu l’histoire de mes parents, qui ont connu ce Paris, et que je l’ai composé sous les toits avec une vue splendide sur la ville. En plus, comme le réalisateur est mort, je n’avais personne pour m’emmerder, j’étais totalement libre !

Cette nostalgie du vieux Paris c’est ton côté Amélie Poulain !

Ah, je ne me rends pas compte…

D’ailleurs c’est peut-être un peu cliché de le dire mais avec ses violons et la façon de chanter que tu y as, un peu ourlé, crooner, « Open Organ » m’a évoqué Yann Tiersen, une couleur que tu n’avais jamais exploré jusque-là…

La référence à Tiersen n’est pas voulue même si j’aime beaucoup certains morceaux. Mais ce qui est sûr c’est ce que cet album m’ouvre à d’autres choses et que je m’aperçois donc que les choses seront encore plus ouvertes pour le troisième. Là, je serai un peu sans frontières.

Pas mal de tes morceaux donnent l’impression d’être chanté en yaourt. C’est le cas ?

Il doit y avoir un ou deux morceaux où j’ai préféré laissé mon baragouinage d’origine plutôt que le texte que j’avais écrit après coup. C’est une question de feeling : pour moi l’intention de la première prise sans texte valait mieux que les prises suivantes avec texte.

Pardonne-moi le terme, mais sur Hapiness, tu n’arrêtais pas de pleurnicher…

Ah, c’est possible…

A tel point que je me suis surtout dis que je tenais là un concept album sur la retranscription de la pleurnicherie en musique !

Ah, en fait ça peut étonner mais pour moi Happiness était plus mélancolique que cet album. Evenfall comporte, c’est une certitude, des rythmes plus ouverts et entraînants. D’ailleurs je pense que sur scène les morceaux iront encore plus dans ce sens. Encore une fois je n’ai pas trop de recul par rapport à ça mais je peux comprendre qu’on y voit encore une autre sorte de mélancolie. C’est une continuité de ce que j’ai toujours fait.

Ça traduit ton rapport à la musique, celui que tu avais déjà à l’époque d’Happiness : un rapport de nostalgie et d’introspection…

Bah d’une certaine manière c’est toujours ces mélodies-là qui m’attirent le plus… Dans nos sociétés on voit quand même que nous vivons de plus en plus dans l’urgence, que l’état de crise va galopant et nous plombe. Dans ce contexte, si tu te mettais dans la peau d’un adolescent tu ne saurais pas comment t’y prendre, quelles études et quels boulots faire pour te faire une place dans ce monde. C’est un constat : si tu ne te mets à n’écouter que la télé ou la radio tu vas avoir envie de te suicider. Alors à un moment, étant musicien, c’est normal que tu captes cette atmosphère et qu’elle se retrouve dans ta musique. Surtout que souvent tu subis toi aussi cette atmosphère et qu’elle vient donc se mêler à des événements personnels…

A l’époque d’Happiness tu m’avais confié que ta défunte grande sœur, pianiste, était une de tes grandes sources d’inspiration pour toi, presque ta source d’inspiration initiale. T’influence-t-elle toujours ?

Le dernier morceau parle de ça, notamment le texte…

Avec tout ça – le piano doudou, la petite voix soupline, le côté éponge à tristesse – je ne sais pas si tu réalises mais tu apparais comme le Thom Yorke français !

Je ne me rends pas compte du tout… Je n’ai pas l’impression que mes morceaux soient si connotés Thom Yorke…

Soit, mais tu n’en es pas moins un fan de Radiohead, non ? J’ai vu sur ton site que tu avais fait un remix de « Nude »…

Oui, j’adore. Pour moi c’est un groupe majeur…

Encore aujourd’hui alors qu’ils se font taxer de groupe bourgeois pour s’enliser dans le confort de leur studio et virer bien-pensant écolo ?

Oui, aujourd’hui plus que jamais. Pour moi In Rainbows est l’un de leurs meilleurs disques. On savait que Radiohead compose de bons morceaux, ça ce n’est pas nouveau, ça a toujours été le cas, même si à mon sens ils ont accusé une petite baisse de régime sur Hail to the Thief, mais sur le dernier album ils montrent qu’ils sont arrivés à un niveau fabuleux : la qualité d’épure est incroyable, la production phénoménale, les morceaux fantastiques…

J’imagine que tu te retrouves totalement dans un morceau comme « Videotape »…

Oui, sur cet album il y a deux morceaux qui m’ont plus touché que les autres, le premier c’est « Videotape » et le second « Reckoner » parce qu’il me ramène à un morceau de l’album Laughing Stock de Talk Talk, un autre groupe que j’aime beaucoup.

Cette qualité d’épure de Radiohead sur In Rainbows, à l’écoute d’Evenfall, on sent que c’est aussi ton Graal. D’ailleurs si je me souviens bien ta bio ressasse ça toutes les deux lignes, le côté « Sebastien Schuller, empereur des sensations pures » !

(Rires) Oui, j’ai aussi vu qu’on me collait souvent l’étiquette « home made » dans le rendu du son sous prétexte que ma musique véhiculerait une certaine fragilité, quelque chose de bancal. Ce n’est pas voulu mais ce n’est pas grave car ça a l’air de plaire (rires) ! Et puis si j’arrivais vraiment à retranscrire ce que j’ai en tête tout serait parfait et sas doute que ce serait chiant.

Oui, le problème de l’album définitif c’est qu’il signe l’arrêt de mort de son auteur. En tous cas en tant que musicien ! Maintenant que cet album est sorti, quels sont tes projets à part le porter sur scène et répondre sans cesse la même chose aux journalistes ?

Hé bien j’aimerais bien faire moi-même les clips d’un ou deux morceaux de l’album. Je ne sais pas si ça se fera mais comme j’ai pas mal d’idées visuelles et que maintenant j’ai une caméra, je vais essayer de faire quelques trucs. Mais surtout j’aimerais faire un nouvel album dans 6 mois. Un 5-6 titres. C’est ce format qui a de l’avenir – les gens n’ont plus vraiment le temps de s’imprégner d’un 12 titres – et là j’ai une envie pressante de recomposer. J’ai déjà deux titres en attente, je sens que je peux en composer plein.

Tu sens qu’ils vont t’échapper si tu ne le enregistres pas maintenant ?

Oui, je suis dans un état d’esprit propice, il faut que j’en profite tant qu’il est là.

A quoi ressemble-t-il ?

Rendez-vous dans six mois !

Propos recueillis par

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