Le Reality Festival est le premier festival international d’art spécialement consacré aux mondes virtuels : Pluridisciplinaire / Transversal. Le Reality Festival accueillera, du jeudi 30 octobre au dimanche 2 novembre 2008 une exposition, des performances, des conférences, des événements musicaux. Chronic’art, partenaire de l’événement, a interrogé les artistes dont vous pouvez découvrir les oeuvres pendant toutes la durée du festival au Door Studios à Paris*.

Wildo Hofmann va intervenir en présentant « Talking nosense over mixed reality » réalisé autour de trois installations sonores d’Adam Ramona. Le but est de croiser différentes couches de réalités sonores en direct telles que la réalité de la sculpture sonore, celle des avatars qui bougent et actionnent cette sculpture individuellement et enfin, la réalité des couches sonores qui se mélangent en direct.

Chronic’art : Pourquoi avez-vous accepté de participer au Festival Reality ?

Christine Webster : Par goût pour le concept et l’impérieuse nécessité de montrer et de faire entendre ce qu’on peut y faire d’autre que l’éternel business ou marketing que la presse très mal informée et peu curieuse en vérité sur le sujet colporte depuis quelques années. Une sérieuse mise à jour en quelque sorte sorte.

Pouvez vous nous dire deux mots sur votre oeuvre ?

Talking nosense over mixed realitys est une oeuvre collective, transversale. D’ordinaire, je streame des concerts. Cette fois-ci, j’avais envie d’investir les sculptures sonores d’Adam Ramona à ma façon en y incluant également la participation du public en tant qu’« instrumentiste » – l’instrument étant le metavers, en l’occurrence. L’idée directrice est de fluxer différentes couches de réalité. La couche du travail d’Adam, mes impros musicales streamées en direct et l’intervention des avatars en temps réel déclenchant des sons. Le résultat est un oeuvre collective, en temps réel, jamais identique, et qui est ludique à l’usage. Cette oeuvre nous indique une chose à laquelle je tiens particulièrement : le fait que nous pouvons vivre en temps réel une même expérience de réalité partagée, commune, sans nous trouver tous au même endroit. Le metavers devient un point de jonction (auparavant improbable) entre différentes couches de réalité. C’est la délocalisation du réel, des réels. Le réel n’est plus là ou il devrait rester, il bouge… C’est la disparition de la Réalité avec un grand « R » au profit de la somme des réalités possibles.

Quelles sont vos influences artistiques, littéraires, musicales…

Elles sont nombreuses, beaucoup de choses m’intéressent. Musique expérimentale, contemporaine, acousmatique… Dans mon grand désordre, il y a Fluxus, Stockausen, Borges, K. Dick, Raymond Roussel, Ada Lovelace, Jules Verne, les frères Quaye, Guy Maddin, Lynch…

Est ce que l’espace virtuel est devenu prédominant pour exercer votre activité d’artiste par rapport au réel ?

Prédominant, je ne pense pas. Incontournable, oui. Par contre, il est indéniable de constater que mon expérience du Metavers m’a psychiquement modifiée. Mon approche du réel est toute autre. Il y a quelque chose qui a bougé à l’intérieur de moi. J’ai sans arrêt des prises de conscience sur de petits détails de l’existence que je n’aurai jamais eu avec autant d’acuité auparavant.

Second life, on en parle plus trop actuellement, n’est ce pas un territoire virtuel expérimental un peu dépassé ?

Je ne pense pas. Depuis Second life, il ne se passe pas une semaine sans que de nouveaux projets de metavers voient le jour dans le monde. Toutes sont en période de gestation. Second life a prouvé que le metavers était un concept qui tient la route. Les metavers vont continuer à se développer – chacun aura sa particularité, sa spécificité. Second life continuera a se développer et reste pour l’instant le seul metavers au monde qui représente une plate-forme idéale pour les artistes et les créateurs.

* Door Studios : 9-9 bis rue Lesdiguières – Paris 4e (Bastille) – www.doorstudios.com

Voir le site du Festival Reality : www.reality-festival.com

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