Le Reality Festival est le premier festival international d’art spécialement consacré aux mondes virtuels : Pluridisciplinaire / Transversal. Le Reality Festival accueillera, du jeudi 30 octobre au dimanche 2 novembre 2008 une exposition, des performances, des conférences, des événements musicaux. Chronic’art, partenaire de l’événement, a interrogé les artistes dont vous pouvez découvrir les oeuvres pendant toutes la durée du festival au Door Studios à Paris*.

Marco Manray Cadioli, photographe, présente deux séries de photos réalisées dans « Second life ». La première serie de paysages en noir et blanc « Why is there something rather than nothing? » prise dans des zones pas encore contaminées par la présence humaine. La deuxième série « Replica » est réalisée dans une usine illégale de clonage. Une foule d’avatars clonés avance majestueusement vers le spectateur comme une réplique dans « Second life »du « Quarto Stato » de Giovanni Pellizza da Volpedo.

Chronic’art : Pourquoi avez-vous accepté de participer au Festival Reality ?

Marco Cadioli : Le Festival Reality est un événement mixed reality, il existe et vit à la fois dans le réel et dans le virtuel. J’ai rencontré Margherita Balzerani, le directeur artistique de l’événement, dans une conférence sur l’Ile d’Orange dans Second life dans laquelle on est intervenus. Ensuite, elle a visité mon atelier et elle a découvert mon travail et mes photos sur Second life. Suite à cette rencontre, elle à décidé de m’inviter. Les choses naissent dans le virtuel et transitent dans le réel, avec une grande continuité et cohérence. Avec certains artistes du Festival, on a eu l’occasion de se rencontrer plusieurs fois in world et dans quelques jours, on se rencontrera IRL (In Real Life). Mon travail né et se développe dans le virtuel, mais mes photos et les images que je crée vivent en suite dans le réel ; elles ont besoin du temps qui passe, de cette confrontation, cette mise en perspective avec la réalité. Il est fondamental que ces images deviennent des photos imprimées et exposées dans des contextes réels.

Pouvez-vous nous dire deux mots sur votre oeuvre ?

J’ai commencé à prendre en photo le réseau en 2003, en affirmant que le réseau est un espace, un lieu, et comme tel, il peut être raconté par la photographie. En 2004, j’ai réalisé un reportage dans les guerres en réseau, réalisé à l’intérieure des MMORPG ou on se bat. J’étais un photographe « embedded ». Depuis 2005, je suis sur Second life, comme Marco Manray, net reporter. Dans un premier temps, j’ai photographié ce qui se passait, tout méritait d’être répertorié, il s’agissait du début de tout, et je vendais ensuite les photos principalement à la presse, en collaborant avec Libération, par exemple. Maintenant, dans mon travail, il y a une réflexion différente, indépendante, mais plus concentrée sur la réflexion autour de l’identité, sur l’avatar, par exemple avec la série Replica. Ces derniers mois, j’ai décidé de quitté Second life et j’ai émigré dans le monde virtuel chinois hipihi, à nouveau en voyage et essentiellement en tant que photographe.

Quelles sont vos influences artistiques, littéraires, musicales ?

J’aime bien jouer avec l’identité dans mon travail. J’étais dans la peau de Robert Capa pour prendre en photo à nouveau le débarquement en Normandie avec le même point de vue, à Ohmaha Beach, dans un jeu de guerre on-line. Ensuite, habillé comme Ansel Adams, j’ai cherché l’ouest métaphorique de Second life, les zones inexplorées et pas encore habitées par l’homme. Je suis influencé par des grands photographes que j’admire et que j’aime, comme Robert Franck ; je transpose ses visions au virtuel en termes de inquadratura, taglio, attimo.

Est-ce que l’espace virtuel est devenu prédominant pour exercer votre activité d’artiste par rapport au réel ?

Si je pense à la recherche oui, tout mon travail actuel né dans le virtuel ; c’est le lieu que j’observe et qui m’inspire. Mais le virtuel est aussi un lieu de relations sociales, un lieu d’exposition et, dans ce cas, il existe une vraie correspondance et une continuité avec le réel.

Second life, on en parle plus trop actuellement, n’est ce pas un territoire virtuel expérimental un peu dépassé ?

Ça dépend de quel point de vue on l’observe et on l’analyse. Second life a été la plus importante et large expérimentation sur le virtuel et sur les modalités de créer, de se rapporter aux autres et d’utiliser un espace 3D en réseau. Il ne s’agit pas simplement d’une question de nombres d’account, ni de business. Beaucoup de business n’ont jamais eu de succès et ceux-ci n’étaient pas adaptés au virtuel, comme ça se passe souvent par rapport à un nouveau médium, il était encore liés à des modalités et des catégories du monde réel. Erano ancora legati e logiche e prassi del mondo reale. D’un point de vue expérimentale, Second life est encore vivant et intéressant, pour les artistes sans doute, et pour tous ceux qui s’interrogent sur les nouvelles modalités de leur présence dans le réseau et au delà du web.

* Door Studios : 9-9 bis rue Lesdiguières – Paris 4e (Bastille) – www.doorstudios.com

Voir le site du Festival Reality : www.reality-festival.com

Lire aussi nos interviews de Julien Levesque, Agnes de Cayeux, Ilkie, Dafné Sandoval, Arnaud Lanoiraude, Benjamin Nuel, Grégoire Diehl, Radiomentale, Julien Taylor, Kligerman & Mehdaoui, Camille Bovier Lapierre & Paul Coudamy, Laura Mannelli et Christine Webster