Groupe culte pour certains, délire pataphysique pour d’autres, Volapuk revient sur le devant des musiques nouvelles avec un nouvel album proche de la musique de chambre. Rencontre avec son fondateur et batteur, Guigou Chenevier.


Chronic’art : Pouvez-vous nous raconter la genèse de Volapuk ?

Guigou Chenevier : Le groupe s’est créé en 1993 au Festival de Jazz de Grenoble. J’avais rencontré Michel Mandel lors d’un travail avec la compagnie de théâtre de rue Délices Dada… Nous nous étions bien entendus musicalement et avions décidé d’essayer de travailler ensemble. Michel, lui, avait travaillé avec Guillaume Saurel dans un spectacle avec Michèle Bernard. Au début, c’était un challenge séduisant de mélanger des instruments venus du classique comme le violoncelle et la clarinette avec une batterie… Rapidement, ensuite, c’est devenu « le » son du groupe : une musique au carrefour du jazz, côté liberté de jeu, du rock, côté énergie et de la musique contemporaine, côté arrangements…

Vous venez d’Etron Fou, de tout ce qu’on a appelé « Rock in Opposition ». Quel regard portez-vous sur ce passé ?

Je pourrais répondre sous forme de boutade, comme je viens de le lire dans une interview de Piccoli, « … seul le présent et le futur m’intéressent… » J’ai en effet des sentiments mélangés par rapport à Rock in Opposition… D’un côté, ça a été une expérience très forte au moment où ça s’est passé, une chance extraordinaire pour rencontrer des musiciens de l’Europe entière à une époque où bien peu de groupes français tournaient à l’étranger. Ensuite, c’est devenu un genre de ghetto dans lequel tout le monde voulait nous enfermer, et là c’est devenu franchement pénible.

Vous sentiez-vous politisé à l’époque ?

Oui, bien sûr… D’ailleurs on vivait en communauté en Ardèche ! Avec des choix de vie très radicaux… et l’idée de ne pas seulement être des « artistes » sur un piédestal… Et puis on avait aussi créé un collectif français du nom de « Dupon et ses Fantômes ».

Quelles ont été vos autres formations ?

J’ai joué (et je joue toujours) avec Les Batteries, un trio de batteries composé au départ de Rick Brown (USA) et Charles Hayward (GB)… Albert Marcoeur a remplacé Charles pendant un moment et maintenant nous continuons en duo avec Rick (notre dernier CD est produit par John Mc Entire de Tortoise). J’ai joué avec Encore Plus Grande, un groupe franco-hollandais comprenant, entre autres, l’excellent chanteur Han Buhrs, qui a joué dans plein de groupes en Hollande, notamment The Ex à un moment… J’ai aussi créé un trio avec Tom Cora et René Lussier, qui s’est appelé Buga Up (en 88-89) et actuellement je joue en duo avec Nick Didkovsky (le guitariste de Doctor Nerve et l’un des quatre guitaristes du quartet de Fred Frith)… ça s’appelle Body Parts et on sort un CD sur Vand’ Œuvre d’ici la fin de l’année…

Pouvez-vous nous parler de votre projet avec des « non-musiciens » ?

J’ai travaillé avec des musiciens non professionnels, ou avec des difficultés sociales… C’est très différent ! Mon projet le plus important s’est appelé « Les Figures » avec 15 musiciens d’Avignon. Ca a duré presque trois ans, alors que le stage initial devait durer huit mois seulement… Ca a été une expérience humaine et musicale d’une richesse incroyable pour moi… Je n’ai pas encore fini d’en digérer les retombées.

Ne pas manquer les concerts de Volapuk aux Instants Chavirés (à Montreuil) les 12 et 13 octobre. A écouter d’urgence le très bon dernier album du groupe, Polyglöt, chez Cuneiform (dist. Orkestra)