Drôle de zigoto que ce François Perrusse ! Depuis maintenant plus d’un an, il contribue au succès de la matinale d’Arthur sur Europe 2 grâce à ses Deux minutes du peuple. Deux petites minutes de délires, faites de parodies en tous genres et de personnages aux voix impayables, tout droit sortis d’une BD ou d’un Tex Avery. Véritable star du rire dans son pays, ce québécois à l’allure de potache rigolard est en train de conquérir la France grâce à ses petites capsules quotidiennes qui ne sont pas sans rappeler les Deux minutes de monsieur Cyclopède de Pierre Desproges. Même sens de la dérision et surtout même regard tendre et amusé sur les affres de notre vie quotidienne.

Entre une séance photo et une tournée promo pour la sortie de l’Album du peuple volume 1 (EMI), François Pérusse nous reçoit dans le bureau d’un autre canadien d’origine, Guy Banville, directeur des programmes d’Europe 2 et pigmalion de ce jeune comique déjanté. Inutile de préciser que c’est avec le plus pur accent québécois que Pérusse nous retrace son étonnant parcours, de la musique à la radio.

Tête de l’art : D’où vous est venue l’idée des Deux minutes du peuple ?

François Perusse : En fait, c’est presque un hasard. J’étais bassiste pour Luc de la Rochelière et pendant qu’on était en studio, je m’amusais à faire des conneries sur bande, des p’tits trucs pour m’amuser quoi. C’est lui qui m’a convaincu d’en faire quelque chose. J’ai alors fait une pub radio pour son album, et tout est parti de là. Une station m’a contacté, je m’en rappelle c’était un vendredi et ils m’ont dit « fais nous des trucs, des capsules préenregistrées, mais surtout pas plus de deux minutes ». Tout ça pour le lundi ! Comme il me fallait un titre rapidement, ça a été les deux minutes du peuple. C’est tout con quoi !

Et qui vous a fait venir sur Europe 2, dans l’émission matinale d’Arthur ?

C’est la faute à Guy Banville ! Il connaissait ce que je faisais au Canada, mais la première fois qu’il m’a appelé je me sentais pas capable de faire rire les français. C’est pas le même humour, pas le même quotidien. Rien qu’avec la différence de langage et d’accent surtout, je croyais que mon truc était trop local. Et puis bon, j’ai pris deux trois capsules que j’avais faites pour les canadiens, je les ai ré-enregistrées en essayant de me faire comprendre et ça a marché ! Mais je suis encore surpris de ce succès en France.

Qu’est-ce qui vous inspire le plus chez les gens ?

C’est le quotidien, la gaffe. Je suis un grand gaffeur, un grand distrait et je me suis souvent retrouvé dans des situations gênantes. Ce sont de ces situations-là dont j’aime parler. J’aime beaucoup aussi parodier tout ce qui est joué, comme les séries télé ou les films par exemple.

Quels sont les personnages comiques qui vous ont le plus marqués ?

Quand j’étais petit, je regardais tous les films de De Funès. Et puis après, il y a eu Devos, Coluche et surtout Marcel Gotlib pour la BD. Les rubrique à brac, je trouve ça vraiment génial (il se met à rire). Gotlib m’a d’ailleurs refusé un autographe à Québec en 1971, quand j’étais tout petit ! On attendait une dédicace et il s’est arrêté juste avant moi ! Alors Marcel, si tu m’écoutes, tu me dois un autographe (il éclate de rire) ! Plus sérieusement, j’adore aussi des personnages comme Pierre Richard ou des types comme Jacques Villeret.

Les déclarations fracassantes de Howard Stern, sur une radio canadienne, ça vous inspire quoi ?

Je crois qu’il sait très bien ce qu’il fait, mais qu’il est mal à l’aise car ce n’est pas un mec méchant qui s’attaque aux gens. Il voulait juste se faire de l’audience (lors de sa première émission au Québec, l’animateur le plus trash des USA avait copieusement insulté les français et la communauté francophone, ndlr). Il ne fallait pas se fâcher pour ça. Mais les québécois se sont fâchés ! Moi, ça ne m’a rien fait !

Il a réussi son coup car le lendemain tout le monde parlait de lui. Maintenant son émission est un peu retombée. C’est quand même toujours un peu la même chose ce qu’il fait ! Cul et masturbation quoi ! Je comprends son succès aux USA car ils sont très puritains et ils voient du courage en lui.

Je trouve qu’en France on ose beaucoup plus et qu’il y a bien plus d’audace. Là-bas, il est le seul !

Regrettez-vous la musique ?

En fait, comme j’écris douze mois sur douze, ce qui me manque le plus, c’est de prendre ma basse et de suivre simplement ma partition et ne rien avoir à faire d’autre. Mais ce que je fais me permet aussi de toucher un peu à la musique et puis je suis tellement content de voir l’accueil que la France me réserve que je n’y pense pas trop. Je suis content quand je viens ici, car cela me permet de rencontrer les gens qui m’écoutent. En ce moment je vais dans les villes pour présenter mon album et c’est fou parce que les gens sont très attentifs à ce que je raconte. J’en suis presque intimidé ! Mais bon c’est vraiment super ! (rires)

Sur Internet, vous avez votre propre site (Zéromusic). Comment utilisez-vous le réseau ?

Je communique beaucoup avec Internet. Surtout avec Europe 2. Et malgré les petits défauts, c’est vraiment cool ! Quand je viens en France, je prends tous mes renseignements sur le Net pour les hôtels, le golf… Et puis surtout, j’ai eu mes premiers contacts avec les auditeurs français grâce à ça. Ils m’envoient des mails vachement gentils, très constructifs en me parlant de mes personnages, de mes parodies. Ils ne se contentent pas de me dire « Vas-y continue, c’est chouette c’que tu fais ! »

Même si je ne suis pas très ordinateurs, le Net me passionne vraiment car c’est un excellent outil de communication.

Pour terminer, avez-vous déjà songer à la télé ?

Mon but ce serait de faire des dessins animés. Avec plein de voix, de sons bizarres. Ma plus grande joie, c’est quand on me dit que mes deux minutes ressemblent à des cartoons radiophoniques. Le problème c’est que les dessin animés coûtent très chers et que pour le Québec, avec seulement 6 millions d’habitants, ce n’est pas rentable. Il faudrait pouvoir toucher toute la francophonie. C’est en tout cas un de mes rêves.

Propos recueillis par