Mieux connaître Jean Moulin, c’est s’intéresser au fait qu’un homme, avec ses contradictions, ses ambitions, ses goûts, sa vie, ait choisi de dire « non » à ce que l’on sait ; c’est refuser d’en faire une statue sur son piédestal, qui serait une commodité pour l’exemple. Tel est le propos de cette exposition.

Se souvenir, comprendre, telle est la démarche des manifestations liées au centenaire de la naissance de Jean Moulin. « Il y a son centenaire, mais ce n’est pas seulement ça. Depuis longtemps, nous voulions montrer l’homme, l’amateur d’art », dit Christine Lévisse-Touzé. Directeur des deux musées que sont le Mémorial du Maréchal Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris et le Musée Jean Moulin, Christine Levisse-Touzé est commissaire de l’exposition Jean Moulin, 1899-1943. « Le projet était ambitieux », dit-elle « c’est une grande exposition temporaire pour laquelle nous avons reçu le concours du Musée des Beaux-Arts de Quimper, de Bordeaux et de Chartres, le concours des Archives Départementales d’Eure-et-Loir, du département de la Somme, ou encore de la Bibliothèque nationale de France, à qui Laure Moulin avait confié l’ensemble des documents en sa possession, et bien sûr, nos propres archives ».

Beaucoup de documents originaux réunis en un seul lieu, parmi lesquels, l’ordre de mission du Général de Gaulle du 22 octobre 1942, le brouillon du discours d’André Malraux lors de la cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964, les trois carnets du Journal de Moulin, des lettres officielles, mais aussi sa correspondance avec sa famille et ses amis, des photographies, des toiles de maîtres. Pour découvrir le préfet de France résistant : son enfance bittéroise au sein d’une famille radical-socialiste du Languedoc, ses amitiés, ses goûts pour l’art, et notamment sa correspondance avec Max Jacob, dont il fit la connaissance en 1930. Aussi n’est-il pas interdit, face à l’Histoire, de se plaire à admirer le coup de crayon de Romanin (son pseudonyme d’artiste, qui est aussi le nom du château médiéval accroché aux Alpilles de son enfance) et de constater sa sensibilité en admirant l’une de ses eaux-fortes intitulée Les Chômeurs. Il n’est pas interdit non plus de rire de ses satires politiques et de la vie mondaine, toutes dûment légendées par ses soins. Ajoutons à cela la projection du documentaire réalisé pour l’exposition par Alex Boutin et pour lequel Robert Hossein a prêté sa voix. Il contient les deux seules séquences visuelles de Jean Moulin, connues à ce jour.

Lire notre entretien avec Christine Lévisse-Touzé, directeur du Musée Jean Moulin
Musée Jean Moulin
23, allée de la 2e DB – Jardin Atlantique
Paris 15e
Renseignements : 01 40 64 39 44