Jean-François Bizot, fondateur d’Actuel et de la nébuleuse Nova, semble dégoûté par le discours politiquement correct ambiant et les règles indigestes qui en découlent. Mais il n’en est pas moins conscient de ce que la situation doit aux combats qui ont été les siens. Le regard que porte aujourd’hui sur l’époque et le paysage médiatique français ce vivant symbole de la presse et des radios alternatives est d’une terrible lucidité. A l’occasion des 25 ans de Radio Nova, nous publions sur le site de Chronic’art notre entretien-fleuve paru en avril 2006 dans Chronic’art #24.

 

« Je ne vais pas bien. Ca me fait chier, je me fais chier. J’ai l’impression de la fermer sur tout ». Après Un Moment de faiblesse paru en 2003 (Grasset), dans lequel il narrait son combat contre la maladie (le cancer), Jean-François Bizot révèle son état d’esprit dans la préface de son livre-compile de reportages gonzos réalisés en Afrique, Vaudou & compagnie (Editions du Panama). Celui d’un personnage clef de la presse underground des années 1970-80-90, autant désabusé par la tournure prise par le paysage médiatique français que frustré de ne plus pouvoir y mettre totalement son grain de sel, rudoyant au passage les « nouveaux journalistes » fraîchement débarqués dans le métier avec en poche le diplôme et la carte de presse. Car ni la presse ni la radio ne sont pour lui des affaires officielles ; plutôt des histoires de pirates et d’amateurs passionnés. Depuis qu’il a quitté L’Express pour fonder Actuel en 1970 (première version lancée avec Michel-Antoine Burnier, Bernard Kouchner et Patrick Rambaud), Bizot s’est battu pour des médias libres de tout dire et de tout faire entendre, sans comptes à rendre à personne, commissaires politiques ou directeurs marketing. En 2006, Radio Nova fête ses 25 ans et Bizot ne dirige plus aucun magazine papier. Nova Mag a disparu fin 2004 -la deuxième formule d’Actuel a cessé de paraître dix ans plus tôt. Nova continue d’émettre (Bizot ayant racheté de surcroît la radio jazz parisienne TSF en 1999), édite un site Internet, Novaplanet, et poursuit via NovaProd la production audiovisuelle ; mais que reste-t-il aujourd’hui de l’esprit sans fil à la patte de l’immeuble du 33, faubourg Saint-Antoine ? Comment ce post-soixante-huitard qui a toujours défendu les minorités, les freaks, la contre-culture et les radios libres perçoit-il l’époque et les médias au XXIe siècle ? Aujourd’hui, à 62 ans, s’il n’a pas renié ses idées ni rendu les armes, notamment sur la nécessité de soutenir et d’inventer des supports libres, traditionnels ou électroniques, Jean-François Bizot porte un regard à la fois lucide et humble sur le discours politiquement correct qui dégouline de tous les médias. Y compris de ceux qui, dans le lot, se revendiquent de la philosophie d’Actuel, jusqu’à ses plus pitoyables dérives et la caricature qu’il en reste à la télé ou dans les journaux, qui l’exaspère au plus haut point. L’entretien qu’il nous a accordé ne ressemble pas tout à fait à sa transcription sur papier… Impossible de retranscrire ses multiples digressions, ce chaos d’humeurs, sans cesse entre l’autodérision et la mise en boîte de ses interlocuteurs, entre le manifeste underground et la colère désabusée, entre les rires en cascades et de vraies larmes de tristesse ou de désolation. Il lance lui-même la conversation, avant toute question…

 

Jean-François Bizot : Gainsbourg… J’ai écouté au début. Ensuite, je l’ai oublié pendant presque trente ans, de 58 à 84, alors qu’il devenait une espèce d’icône historique. Ça m’a surpris. Mais à la réflexion, j’observe qu’il s’est démerdé pour être un des seuls français à résoudre le problème du rétrécissement de la France. D’un côté, avec d’excellents musiciens, il a réussi à réinventer le son pop, le son reggae, le son funk, et de l’autre, tu le retrouves avec sa tête de con en étendard de la modernité musicale qui décomplexe la France, sans avoir renié son identité. Aujourd’hui, on ne compte plus les albums commémoratifs, étrangers notamment. Au départ, j’ai pensé qu’il se la jouait yéyé showbiz. Je me trompais. J’ai d’ailleurs relu quelques-unes de ses premières interviews où il expliquait qu’il n’allait pas se la jouer anglo-américain, mais qu’il allait s’exporter grâce à sa maîtrise du son… Je vous raconte ça, parce que ce problème qu’il a résolu, c’est précisément celui que j’ai eu, moi, dans mon expérience de la presse : comment se décaler par rapport à l’image des années 60 ? Comment survivre aux modes, aux époques ? La France représente le pays de la culture, or on était à la fin des années 60 – et on l’est toujours du reste -, un pays de nazes avec un encombrement généralisé, une gêne incommensurable…

 

Chonic’art : C’est ce complexe auquel Actuel a essayé de répondre dans les années 70 et 80, mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Pendant que Gainsbourg faisait son truc, des mecs qui sont devenus les symboles de la sous-culture rock ont émergé, notamment aux Etats-Unis : Jim Morrison, Tom Verlaine, Patti Smith, Richard Hell, Bob Dylan… Tous se réclamaient d’Arthur Rimbaud, ils étaient fascinés par son écriture, par sa fulgurance. Pourquoi il est fulgurant ? On ne raconte pas ça à l’école : parce que ça ne dure pas longtemps (quatre ans), parce qu’à 18 ans, Rimbaud a déjà lu Verlaine, Baudelaire et compagnie, ce qui explique la correspondance des idées et des sensations, aidée bien entendu par une substance de passage, le haschich, autre réalité que l’école ne nous révèle pas. Bref, tu constates, à 20 ans, si tu veux bien faire l’effort de comprendre, que toute la culture underground est marquée par Rimbaud, Baudelaire et, éventuellement, Verlaine pour ses clients particuliers (rires). Encore une fois, on ne t’a jamais dit ça à l’école. Toutes les icônes pop et rock de l’époque, Dylan étant le meilleur d’entre eux, sont issues de cette culture-là. Avec Actuel, on a fait la lumière sur ces réalités, et on a poussé ce mouvement pour déstabiliser l’ordre établi et permettre à chacun de renaître ensuite. On s’est coltiné le XXe siècle à notre façon pour que les gens, ici en France, puissent se décomplexer par rapport à cette histoire et se recomposer une liberté. Or cette liberté a finalement abouti à des règles incroyables et ridicules de politiquement correct… C’est même devenu invivable, à tous les niveaux.

 

C’est donc un échec total ?

Pas du tout ! Il ne s’agit pas d’un échec, mais d’un passage… La preuve : on peut en parler. Simplement, derrière ça, au nom de cette liberté se reconstruit un système de politiquement correct. J’ai vu par exemple dans Le Parisien une pleine page consacrée à deux lesbiennes qui revendiquent le droit au congé paternité. Je ne te dis pas que c’était mieux quand elles étaient planquées, mais de là à consacrer une pleine page à ça… On est au delà du fait divers ici. Il y a d’autres tragédies dans le monde, non ? Ca vaut pas une page. Tu n’auras jamais une page là-dessus dans le Herald Tribune ! Au bout de trente ans, c’est bizarre de voir ça, ces causes d’individus en tous genres : celles de l’artiste homo, du performeur mal dans sa peau, du rappeur qui veut s’exprimer, du maître nageur pris en photo dans un défilé de mode, de l’écrivain freestyle, etc.

 

L’objectif n’était-il pas justement de laisser s’exprimer tout le monde, de faire une place aussi à ces gens-là ?

Si… Mais est-ce que c’était le but que cette gouine à moitié iroquoise qui a l’air con soit affichée … c’est horrible ce que je vais dire… encore plus moche que nature ? L’objectif, c’était qu’elle ait la paix. Pas qu’elle montre sa tronche. La libération des mœurs, le combat pour avoir le droit d’exister, tout ça a pris une dimension assez curieuse. L’homosexualité par exemple, c’était une vraie nécessité qu’elle soit reconnue, le placard n’était plus admissible. Seulement le problème, c’est que tout devient une cause. Et moi je suis très surpris de la fragmentation de ces causes insignifiantes. Chacun a droit à sa page, sa demi-page, etc. Où est le reste ? Tu as une page sur les deux mères lesbiennes et leur congé paternité dans Le Parisien et, pas loin, tu as un quart de page sur les mille prochains licenciés d’Arcelor ou la famine au Soudan… Forcément, ça perturbe, tu es paumé… Je le répète : à l’origine, en 1972-1978, il s’agissait juste de foutre la paix à tout le monde. Sans vouloir faire l’Abbé Pierre, ce que je j’observe aujourd’hui me dérange. Je suis à moitié gauchiste, libertaire, j’étais pour la liberté de ces gens-là -la mienne également. De la même façon que les surréalistes se révoltaient à une époque. C’était un combat minoritaire, mais il ont marqué notre génération. Nous, on a massifié tout ça. Et une fois qu’on a réussi, que tout s’est massifié, soudainement on se retrouve avec toutes ces causes sociétales, véritables prises de tête. A tel point que tu n’as plus envie d’en entendre parler ! Tu as passé vingt-cinq ans à te battre pour ça, pour la reconnaissance des homos, l’existence des marges, le multiracial, le mélange… et maintenant ça ne veut plus rien dire. C’est pas mal d’arriver à vivre dans ce chaos, c’est une bonne raison d’être là. Sauf que, personnellement, j’ai pas non plus voulu créer une ménagerie pour ça…

 


Dans le même esprit, il y a aussi le fait que tout le monde aujourd’hui peut se revendiquer artiste, ce que clamait haut et fort Actuel à l’époque…

C’est un souci que j’ai toujours eu, depuis le jour où cet abruti de Captain Beefheart m’a dit : « La musique, n’importe qui peut en faire, il suffit de prendre un saxo ». On a en effet défendu cette idée, on y a tous cru puisqu’on l’a écrit dans Actuel en 1971. Plein de mecs l’ont cru. En même temps, comment refuser cette proclamation de liberté ? Résultat, tu es emmerdé derrière parce que tu te dis, bien plus tard, que Captain Beefheart a dit une énorme connerie.

 

L’ennui, c’est que tout le monde y croit encore, non ?

Oui, et plein de gens s’y sont mis. C’est un problème : trop d’artistes, trop de disques. Mais si tu ne dis pas que tout le monde peut être artiste -ce qui n’est pas vrai donc, puisque ça demande un effort et puis surtout un don–, comment encourager la création ? D’ailleurs, il y a toujours de très bons albums qui ne sortent jamais. Ce qui pose la question des débouchés : c’est bien d’encourager la qualité, l’indépendance, mais si les débouchés n’existent pas parce que les tuyaux sont bouchés…

 

Parce qu’il y a une surabondance… Dans ces conditions où il n’existe plus aucun point de repère, quelles sont les possibilités de défrichage ?

Les journalistes sont les abrutis au bout de l’entonnoir. Le risque, avec cette abondance, c’est que tu n’arrives plus à traiter que des bouts de nouveautés. Comment tu fais un tri ? Comment tu peux décider d’y aller ? Avant, c’était facile, mais aujourd’hui comment procède-t-on ? Quelle place attribuer à quoi ? Comment tu choisis une nouvelle galerie d’art ? Pourquoi ce qu’elle expose est-il plus intéressant que le reste ? Ça me fait penser à la distance qui existe entre le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et le Palais de Tokyo. Le Musée d’art moderne de la ville de Paris réouvrait ses portes début février avec une expo Pierre Bonnard, que Picasso détestait mais que Matisse idolâtrait. Dans les journaux, on a parlé d’un « Bonnard, lumineux et accessible ». Facile. En face, le Palais de Tokyo proposait au même moment une accumulation d’artistes dits d’avant-garde, regroupés sous l’appellation  » Notre époque « , que je n’ai d’ailleurs pas été voir. Ça va de l’art GPS à un tas de vieux papiers qui fait figure d’œuvre d’art… Ça ne me dérange pas : je peux même jeter mes vieux papiers pour contribuer à l’œuvre d’art. Tu as donc les deux espaces l’un en face de l’autre avec cette question commune : « Est-ce que l’avant-garde est un concept dépassé au XXIe siècle ? ». Et si l’avant-garde c’était le XXe, qu’est ce qui caractérise le XXIe ? Est-ce le retour aux valeurs consacrées ? Mais si tu refuses cette réaction, c’est quoi une performance intéressante au XXIe siècle, vu tout ce qu’on a déjà connu avant ? Devant ce trop plein, cette surabondance de propositions, le statut du journaliste a changé. Tu te retrouves aujourd’hui non plus dans la position du défricheur, mais dans celle du trieur.

 

Comment définir ce nouveau statut ? S’agit-il d’une question d’exigence ?

Je ne sais pas… C’est la question de savoir ce que tu as envie de faire et de voir. Supposons qu’il y ait plein de livres sur ton bureau… Putain, c’est horrible ! Tu ouvres un bouquin au hasard, tu lis une double page : tout de suite tu sais si tu vas le lire ou le jeter. Tu repères immédiatement le degré d’exigence de l’écriture, tu vois tout de suite si c’est maîtrisé ou pas, les douze clichés dans une page, etc. Comment trier autrement ce qu’on va lire ou pas, sachant qu’aujourd’hui un éditeur peut publier un roman à peu de frais du fait de l’évolution de la technique et qu’aucun être humain ne peut se farcir toutes les nouvelles parutions ?

 

Ça vaut pour toute la production culturelle, la musique y compris…

Bien sûr. Et parmi tous ces disques, tu cherches sans arrêt le flash (d’intelligence, d’air du temps, de sensibilité), or c’est tellement rare que tu te sens en permanence complexé. Le complexe de passer à côté du truc évident, peut-être en provenance du Japon, de Chine ou de Corée.

 

Mais s’agit-il aujourd’hui encore de traquer la nouvelle avant-garde, l’oeuvre, le spectacle censés correspondre le mieux à l’époque ?

On va te recommander le disque ou le manga d’untel, un spectacle d’avant-garde inédit avec sa bonne dose d’ennui… Quand l’avant-garde se transforme en fond de commerce, c’est n’importe quoi ! Pire, c’est même sa mort… L’avant-garde, je l’ai dit, c’était le XXe siècle. Je ne sais pas ce qui peut correspondre à l’époque, mais moi je ne veux pas poursuivre dans cette veine-là. Sans doute parce que je m’en suis trop bouffé, de l’avant-garde. Je préfère une performance des débuts, avec Nam June Paik et Charlotte Moorman, que de me recoller indéfiniment une jeune femme tremblotante, sur scène, au bord de l’hystérie, qui perd sa jupe. Ça peut me troubler parfois, certes, mais en quoi c’est un événement ? C’est quoi, un événement d’avant-garde ? Question intéressante… C’est quoi un festival d’avant-garde ? Exit à Créteil, des fois c’est bien. Il existe comme ça quelques zones où tu tombes parfois sur des trucs surprenants, comme Banlieues Bleues dans le jazz… Mais c’est globalement assez confus.

 

Il y a donc obligation de trier, de creuser un chemin dans l’abondance, en mettant de côté l’avant-garde. Dans ces conditions, quels pourraient être les nouveaux critères de sélection ?

On n’est pas obligé d’oublier complètement l’avant-garde, à condition d’éviter l’underground pour le simple plaisir de se la jouer underground. Prends Pierre Henry : c’est de la musique d’avant-garde, parfois très ardue si on oublie Psyché Rock. J’ai retrouvé dans les archives de Nova vingt minutes de vidéo de ce personnage, chez lui, tout en plan séquence. La caméra le suit, d’une pièce à l’autre, jusque dans ses toilettes, et partout il y a des installations, des instruments dans tous les sens, de toutes les époques, et surtout sa musique electro-acoustique le suit à la trace, et évolue avec la maison. Car son œuvre est diffusée partout chez lui, et elle change dès qu’il bouge un pied ou un doigt, qu’il descend l’escalier, passe une pièce, remonte, s’assoit… Grâce à la vidéo, et à ce spectacle si étrange, c’est de l’avant-garde qu’on peut communiquer, que je voudrais montrer dans toutes les écoles ! Autre exemple : hier (entretien réalisé en mars 2006, ndlr), je rentre chez moi, j’écoute Nova où l’on parle de Marc Ribot. C’est marrant. J’écoutais donc, il y avait un ou deux oublis, rien de grave. Je trouve ça formidable que de 20h00 à 20h45, on me parle de Marc Ribot sur une radio. Le guitariste, qu’on a comparé à Arto Lindsay, est intéressant, on n’en parle pas tous les jours sur les stations radio. Ca tient la route au niveau du discours, et ça vaut le coup d’expliquer pourquoi on apprécie un mec pareil. Il reste donc des cases comme ça.

 

Mais comment rendre ce genre de cases visibles ? Comment d’autres que ceux qui connaissent déjà Marc Ribot vont-ils se mettre à écouter l’émission ?

Le problème, ce n’est pas la visibilité. Avant, il y a la nécessité de redonner au gens le goût de la découverte et de l’effort. Parfois, en effet, il faut faire un effort pour comprendre quelque chose. C’est vrai sur le plan littéraire, sur le plan théâtral, pour tout. L’ennui, c’est que les oeuvres en question sont souvent non seulement très chiantes, mais surtout sans aucun intérêt. Forcément, dans ce cas-là, tu dégoûtes les gens, tu les lasses, tu les perds… L’avant-garde n’est plus un critère ! C’est comme Marie NDiaye, publiée aux Editions de Minuit, qui ne va jamais à la ligne. Prends également les icônes de la hype fashion contemporaine parisienne. Tu tombes par exemple sur Chloé Delaume. Tu achètes du Chloé Delaume. Tu as rencontré Chloé Delaume, qui est une fille tout à fait charmante au demeurant, avec néanmoins quelques problèmes pataphysiques à résoudre. Tu te dis : bon d’accord, elle fait du néo cut-up. Et après ? Tu pourrais remonter à John Dos Passos… et plus loin encore. Quelle galère ! Il vaut mieux d’ailleurs ne remonter nulle part, sinon tu n’écris rien. Il y a aussi Mehdi Belhaj Kacem. Intéressant, je l’ai lu… j’ai tenté, mais qu’est-ce qu’il nous dit ? A un moment, je préfère relire un feuillet du Manifeste Dada, là ça me suffit pour comprendre. J’ai pas d’opinion définitive sur l’individu, je trouve juste idiot de l’adopter comme icône d’avant-garde parce qu’il a un look, qu’il ne va pas à l’église quand il écrit, et que ces bouquins ne sont pas nuls. L’accepter immédiatement, le faire tout de suite passer pour un philosophe génial, car il a du style et une belle gueule sur la photo, c’est trop facile. Ça fatigue…

 

N’est-ce pas justement cette faculté de trier au-delà de l’apparence, ou de trier tout court, qui a fait défaut à Nova Mag (le magazine a cessé de paraître en décembre 2004) ?

Mais moi je n’ai jamais rien su faire ! Bon, il faut se débarrasser de la question (rires). Mais je te réponds : au début des années 70, c’était simple. Il suffisait d’avoir un billet d’avion pour découvrir des choses que les autres ne savaient pas. Et puis, au moins depuis les années 50 avec Positif et Les Cahiers dans le domaine du cinéma, il y avait à l’époque ce regard critique français –Les Inrocks, plus récemment, en ont largement abusé, jusqu’à l’overdose. Je parle d’un goût français en matière de repérage. En musique, par exemple, dans les années 70 le goût français te recommandait Alice Cooper ou David Bowie… A ce moment-là, tu ne te focalisais pas du tout sur la concurrence, tu recherchais simplement la qualité. Lorsqu’il n’y avait pas trop de canards, c’était facile. Et puis nous nous adressions à une génération vierge qui avait tout à découvrir. On avait juste à donner notre avis, ce qui nous a d’ailleurs valu des ennuis historiques avec d’autres pays qui prenaient les français pour des gens arrogants. Reste que ce goût critique français, unique selon moi, a porté ses fruits sur le plan culturel : nous avons découvert de nouveaux talents, notamment dans le cinéma indépendant. D’ailleurs, généralement, les films qui marchaient en France n’avaient aucun succès aux Etats-Unis.

 

Même chose en ce qui concerne la littérature, avec par exemple des auteurs comme Philip K.Dick ou Charles Bukowski…

Oui. On a fait de Dick une icône culturelle alors que les Américains considéraient son œuvre comme étant une sous-littérature. Dès lors qu’ils affirmaient ça, un boulevard s’ouvrait à nous. On a créé beaucoup d’icônes, mais elles sont devenues épuisantes, si j’ose dire : aujourd’hui, on va encore te faire suer, vingt cinq ans après, avec les obsessions de K. Dick ! Le pauvre, il est mort depuis un moment, dans le désarroi… Et on te casse encore les burnes avec Bukowski, ce grand écrivain, tu n’en peux plus ! C’est un peu mieux que Philippe Delerm, mais faut pas charrier (rires). J’exagère à peine. Donc, tu te retrouves avec un héritage underground, rock’n’roll, culturel à tendance américaine qui, à mes yeux, est tout à fait honteux. Je le dis : j’ai honte de ça ! Et je n’y peux pas grand chose : dans les années 70, on a découvert Norman Spinrad, Philip K. Dick et compagnie, certains d’entre eux sont même venus habiter à Paris (Gilbert Shelton, Norman Spinrad)… Poursuivre encore maintenant dans cette veine-là, c’est pas possible. Ce matin, je lisais un livre chez moi, à propos de la conquête culturelle du monde menée par la CIA, un livre absolument fou sur le fait que dès la fin de la guerre, les Américains se sont aperçus qu’il y avait une guerre culturelle à mener, une façon d’intoxiquer les gens et pas seulement avec du chewing-gum. Une vraie guerre culturelle globale… J’aime bien ce genre de bouquin.

 

Quoi, les espèces de complots et autres révélations ?

Tu me prends pour Thierry Messan ou quoi ? Moi, je ne pense pas qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. Je dis juste qu’il y a eu une politique américaine de conquête culturelle, ce que tu retrouves d’ailleurs dans les livres de Noam Chomsky. Avec la mise à disposition publique des archives d’Etat de l’époque, tu apprends qu’à la fin des années 40, dans une Amérique d’après guerre complexée parce que sans culture, Truman et son administration ont planché sérieusement sur des moyens d’exporter la culture US en jouant à la fois sur la liberté et le marché. En ce qui concerne l’Art contemporain dans les années 60, comment se fait-il que le Pop Art soit devenu l’exemple d’un mouvement d’art moderne de la société de consommation ? C’était ridicule, puisque tu avais quand même eu Fluxus avant qui se foutait de la gueule du monde, et je ne parle même pas du Surréalisme et de Dada. Il y a même eu l’Ecole de Nice en 1958 puis les Nouveaux réalistes, avant le Pop Art qu’on a vu émerger seulement en 1962. Les Etats-Unis nous ont donc refourgué ça, et tout le monde l’a gobé. Tous les journaux, le mien y compris.

 

Avec le recul, était-il possible à l’époque de croire autre chose ?

Peut-être, mais alors c’était un combat difficile. Difficile à assumer surtout. C’est intéressant… ça m’intéresse d’ailleurs. Mais comment s’y prendre ? Quel accès as-tu, par exemple, à l’Afrique du Sud ? C’est pour cette raison que je me suis intéressé à ça. A des peintres hindous également. Ou aux scientifiques du Bengale, puisqu’on trouve là des mathématiciens et des intellectuels extraordinaires. Avec leur culture ancestrale, ils nous ridiculisent comme des nains ! Je ne te parle pas des musulmans, eux ils sont en retard ; et je me fous pas mal qu’on me colle une fatwa ! Il faut s’intéresser à ce qui nous étonne. Que l’Inde, ce pays d’un milliard d’habitants, n’ait eu qu’une seule médaille aux Jeux Olympiques (de bronze, en saut en longueur), n’est-ce pas le signe d’un monde radicalement différent du nôtre ? Aujourd’hui, évidemment, avec Internet ça change tout, ça débarque de partout, ça va même devenir infernal. Oui, l’avant-garde kirghize nous attend au virage ! D’ailleurs, on ne sait pas si l’avant-garde kirghize sera légèrement islamisée ou pas… Le problème, c’est que sous prétexte de faire différemment, de jouer systématiquement la découverte, tu risques très vite aussi de jouer les donneurs de leçons et, finalement, de t’engouffrer dans le politiquement correct. Prends les Uigurs, un peuple de 17 millions de personnes en Chine : bien avant nous, au VIIIe siècle, ils ont inventé un alphabet pour faire les passeports à caractères imprimables sur la route de la soie. Ce n’est pas parce qu’on apprend qu’ils ont inventé l’imprimerie avant Gutenberg qu’on va leur faire des courbettes toute la journée ! Oui, parce que les Uigurs se contrefoutent de ce qu’on a inventé avant eux, et ils ont peut-être raison. Ne transformons pas une révélation en « révolution » ou, comme je le lis maintenant dans la presse, en marque de « considération ». Le but de la presse selon moi, je le répète, c’est de surprendre, de comprendre, mais surtout pas de donner des leçons. Or c’est la tendance, il me semble…

 

Est-ce qu’il y a aujourd’hui des quotidiens, des hebdos ou des magazines qui nous surprennent encore sans pour autant nous donner des leçons ? Libération, qui est quand même le plus proche de toi ? Le Monde ?

Je ne suis pas fasciné par Le Monde, mais j’y trouve malgré tout à lire. D’ailleurs, si je dois comparer Le Monde et Libé, je trouve davantage mon compte dans le premier. Ce matin j’ai lu Libé, ça m’a pris un quart d’heure. J’aime bien la double page reportage à la fin, c’est tout. Le problème de Serge (July, ndlr), depuis que je l’ai connu en 1973, c’est qu’il a toujours voulu couvrir tous les territoires. Et faire du quotidien autant que du magazine. Ce qu’on observe aussi dans Le Monde aujourd’hui… Et ça fait du mal aux autres. Le Figaro, je m’en fous. Quant aux hebdos, ils ont purement et simplement disparu à mes yeux tant ils sont insipides, à une nuance près, qui peut choquer, et qui me choque moi-même : je suis capable, en effet, d’acheter Marianne. Parce que Jean-François Kahn sait y faire. Démago ou pas démago, je m’en branle, il sait, lui, ce qu’est un journal, avec des bonnes plumes comme Angelo Rinaldi qu’il a récupéré quand il a été viré du Figaro littéraire, et du rythme, avec tout de même quelques articles assez longs… La position éditoriale de Marianne est assez démagogique, certes, mais indépendante. C’est rare.

 

Dans ton livre, Vaudou & compagnies, tu as rédigé une préface énervée sur le journalisme. Tu en penses quoi des journalistes aujourd’hui ?

Tu veux que je pousse ma gueulante ? Je vais te la faire, t’inquiète pas (il jubile). Il y a un malentendu fondamental, que je ressens en tant que mec interviewé, entre celui qui est interrogé avec ce qu’il a envie de faire passer, et celui qui pose les questions, avec dans la tête tous ses clichés et ceux de son support. Par exemple, lorsque tu sors un bouquin, on ne te demande absolument jamais de quoi tu parles, le pourquoi du livre, son contenu, ce que tu as écrit, tes messages… Je vais te raconter ce qui m’est arrivé récemment, d’accord ? Je me suis retrouvé face à un type qui m’a dit vouloir faire mon portrait…

 

… Celui publié en début d’année (2006) dans Télérama ?

Ce n’est peut-être pas la peine d’insister sur ce portrait en particulier, car ce serait trop ciblé. Et puis ça m’est arrivé plusieurs fois. Donc tu es là, tu dialogues avec quelqu’un, et tu expliques que tu veux bien discuter, mais que tu as des idées à faire passer. Par exemple à propos de l’avenir des fréquences radio en France, sur l’état du paysage radiophonique, etc. Je voudrais expliquer tout ça à un jeune journaliste moderne, lui parler de mes expériences, lui donner mon avis… Or le type, lui, veut faire mon portrait. Je m’en branle de mon portrait ! Je vous emmerde avec mon portrait ! (il s’énerve). Ce qui m’intéresse, c’est ce que j’ai fait , ce qui me pousse encore à agir et non pas ce que je suis, ou ce que je suis censé être. Résultat : l’article parle vaguement de toi, mais ne retiens aucune des idées que tu voulais faire passer. Il n’y a plus rien… Rien ! Tu t’es battu… (la voix est hésitante, il est touché) pour rien !… C’est devenu : « Voilà, Bizot, il est comme ça, c’est un fou génial qui se couche sur son bureau, il n’y a pas de problèmes… Il fait comme ci, comme ça, et quand tout sera terminé, il aura plus une thune au cimetière… ». Un saint, quoi ! Mais de quoi s’agit-il ? De quoi on parle, là ? Qu’est-ce que ça veut dire sur un plan journalistique ? Pourquoi ce mec (moi) a fait ça ?… Pourquoi je suis là, devant ce journaliste… dans mon sale état… (il est au bord des larmes)… il s’en fout… (blanc)… de mes combats… de ceux avec qui je les ai menés… (blanc)… de ce que je veux lui dire, à lui, là…

 

Et tu n’imagines pas que le journaliste en question ait simplement fait ce qu’on lui a demandé de faire ?

Mais je m’en branle ! Pourquoi le mec est là, en face de moi ?! Il ne reste rien dans l’article (immense tristesse dans sa voix, toujours au bord des larmes). Finalement, le seul endroit où tu peux tomber sur un travail journalistique correct, c’est dans les journaux de province. Eux te demandent de parler de ton livre, et non pas qui tu es, qui tu as baisé, etc. Tiens, je prends un autre papier là (il prend la photocopie de l’un des derniers articles parus sur lui)… Je cite : « Ce qui est certain, c’est que Radio Nova est le fruit du génial illuminé qu’est Jean-François Bizot ». Mais j’ai fait tout ça tout seul, bordel ?! Ca me rend fou ! Il y avait un espace libre, et moi j’ai simplement préservé cet espace pour laisser faire des gens, ok ? Bref, je déteste cette génération de journalistes à la con qui veut se tailler la plume en rédigeant des portraits à la noix plutôt que de nous donner de l’info. Je les méprise, ok ? Ecole de journalisme ou pas, je m’en fous. C’est de la merde, voilà ce que j’en pense…

 

C’est ton opinion sur la presse en général aujourd’hui ?

Non ! Je parle de ces journalistes-là, pas de la presse…

 

Mais ce genre de portrait, on en trouve dans tous les journaux maintenant !

Mais qu’est-ce que tu fais de l’information ?

 

Quelle information ? Les gens qui ne connaissent pas Jean-François Bizot – ils sont nombreux – ne veulent-ils pas savoir avant tout qui il est ?

Mais où est l’information dans ce portrait d’un soi-disant génial illuminé ?… C’est quoi l’histoire ?

 

Quelle histoire ? Celles qu’on voit en pagaille à la TV, au cinéma ? Pourquoi veux-tu que les gens fassent l’effort d’en lire dans la presse ?

Je ne parle pas d’histoire en ce sens là, je parle d’information. Le combat, c’est l’info. Ce journaliste, il a un mec en face de lui. S’il est là à enregistrer notre conversation, c’est parce que j’ai écrit un bouquin à partir de mes reportages réalisés en Afrique, c’est parce que je me suis battu et que je me bas encore pour des magazines, des radios indépendantes, avec leur propre caractère. L’info, à ce propos, c’est que je me démène autant contre le conformisme idiot de ceux qui attribuent des fréquences que contre les pouvoirs de l’argent qui les squattent. La voilà l’information ! Qu’est-ce que l’attribution des fréquences sur la FM ? Pourquoi refuse-t-on Nova alors qu’on accepte NRJ, RFM ou Rires & Chansons ? Quels lobbies ? Quels intérêts ? Pour Lille, on nous a dit : il y a déjà une radio qui représente la culture jeune. Or, c’est une radio techno qui ne propose que de l’Eurodance mollassonne. Quel est le rapport avec Nova ? Mais comment voulez-vous que des gens qui ne font pas la différence entre de la pop, du jazz electro et de la soupe à danser s’en rendent compte ? Franchement, je préfère qu’on me refuse l’accès à une fréquence pour laisser la place à des radios associatives, sans trop d’audience mais cools, même si la présence de Nova ou de TSF sur la bande FM, à leurs côtés, pourrait en réalité les dynamiser. Ça, c’est aussi mon combat : préserver des médias indépendants avec du sens au cœur des villes.

 

Parce que les médias indépendants sont menacés ?

Nous sommes dans un pays en complète contradiction avec les ordonnances de 1944 du Général de Gaulle : l’indépendance des médias vis-à-vis des puissances entrepreneuriales. J’ai beaucoup cherché : d’une certaine façon, ces ordonnances ont été dissoutes. Moi, j’ai vécu avec cette notion de presse indépendante des Maîtres de forge, indépendante des puissances de l’argent, indépendante des marchands d’armes. J’ai fait du journalisme sur cette base-là et c’est devenue ma philosophie. Du coup, aujourd’hui, forcément, je me retrouve comme un naze… Comme Kahn et deux ou trois autres… et qui plus est sans vraiment savoir pourquoi cette philosophie a disparu. Je sais simplement que dans les années 80, Mitterrand voulait rendre service à Hersant, rapport à une histoire entre eux datant de la guerre, en période de crise donc, période pendant laquelle des relations complexes se sont tissées entre certaines personnes de cette génération-là. Voilà comment quarante ans après les ordonnances de 44 de De Gaulle (qui interdisaient la collusion entre la presse, les marchands d’armes, l’Etat et les marchés publics) ont disparu ! Je ne parle pas de Rothschild et de Libé, trop facile. Je te parle de Dassault et du Figaro, de Pinault et compagnie, de tous ces gens dont la fortune s’est constituée dans les années 80, avec ou sans le Crédit Lyonnais. Tu les retrouves tous aujourd’hui dans la presse, c’est hallucinant ! Moi, j’ai commencé à L’Express, fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber. C’était une dynastie de presse et l’hebdo était indépendant. Servan-Schreiber, lui, ne vendait pas des missiles et des fréquences le même jour, en Chine ou à Taiwan. J’ai vu ce que c’est devenu… La honte… (blanc…).

 

La honte, encore !?

Oui, une honte cachée, qu’on ne veut pas voir en face : nos médias entre les mains de marchands d’armes… (blanc) ou de grands magnats de l’industrie…

 

Cela ne t’empêche pas de défendre des stations alternatives comme Radio Libertaire ou Radio Clapas à Montpellier, très jazz…

… Oui (blanc)… Tiens, prends Largardère : j’ai eu des discussions avec Le Monde a propos de fréquences de radio jazz. Seulement on m’a vite calmé : « Fais pas chier Bizot ! ». Pourquoi ? Parce que j’allais embêter Lagardère… Tu peux l’écrire : je n’avais pas compris à l’époque, il y a cinq ans, face à Colombani, que je risquais d’ennuyer Lagardère, avec mon idée de réseau de radios jazz en France. D’un côté, Lagardère avait une main sur l’affaire ; de l’autre, Le Monde avait besoin de Lagardère, qui joue maintenant un rôle dans Le Monde, n’est-ce pas ?

 

En effet, Lagardère est entré dans le capital du quotidien…

Tu vois ce que je veux dire ? Mais ça ne signifie pas que les journalistes du Monde ne sont pas indépendants. Comme le fait que Rothschild soit entré dans Libé ne veut pas dire que le quotidien de July est devenu un journal sioniste. Ça, ce sont des conneries… Reste que le paysage de la presse française s’est complètement métamorphosé et que ce ne sont plus des investisseurs indépendants qui composent le capital des grands journaux. Ca ne peut pas être neutre. Les Servan-Schreiber, les Seydoux, qui ont eu une certaine philosophie de la presse indépendante, c’est terminé. Aujourd’hui, quel financier peut jouer ce rôle-là pour garantir à des journaux une complète autonomie ? Bien sûr, il y a Le Monde Diplomatique ou Courrier International. Ce n’est donc pas le désert absolu, mais c’est quand même un paysage dévasté. La France est soit-disant l’un des premier pays en matière de presse magazine. Mais quels magazines ? Qui racontent quoi ? Avec quelle indépendance ? Et on parle de quoi là : de Montres magazine ? De Chaussures magazine ? C’est ça, la presse libre ?

 

Il n’y a donc plus, selon toi, de magazines engagés, avec du caractère, une subjectivité assumée, des journalistes qui fouillent ?

Si, il y a des types qui fouillent, ce n’est pas le problème… Sur le Net notamment. Parce que l’histoire d’Internet n’est pas simple, qu’elle n’est pas terminée et qu’elle est bien différente de celle de la télé. Malgré le câble et le satellite, aux Etats-Unis, ABC, CBS, NBC et Fox News continuent de représenter plus de 50% de l’audience. Comme ici, chez nous, où TF1 reste la chaîne qui s’affiche quand tu allumes le poste, c’est le premier bouton de la télécommande. Pour que les masses adoptent de nouvelles habitudes, il faut toujours plus de temps que prévu. Or, avant que tout passe sur Internet en super haut débit (radios, TV, etc.), on en a quand même pour dix-quinze ans. Mais il y a là, sur le Net, quelque chose qui échappe encore à toute mainmise, à tout contrôle. Et quoi qu’en disent les pionniers obsessionnels du réseau, cette liberté ne disparaîtra jamais totalement. Il y a de la faille là-dedans. Il y a là des espaces où s’engouffrer…

 

Pour ses 25 ans, Radio Nova édite un coffret 25 CDs (Nova Records), un par année de 1981 à 2005.
Plus d’infos sur www.nova25ans.com

 

A lire, de Jean-François Bizot :
Free presse, la contre-culture vue par la presse underground (Editions du Panama)
Vaudou & compagnies : Histoires noires de Abidjan à Zombies (Editions du Panama)
Une Bonne correction (Editions du Panama)
Un Moment de faiblesse (Grasset)
Underground (Denoël)