Une trentaine de personnes : peu de monde s’est déplacé pour voir M. Eno, ex-Roxy Music, théoricien de l’ambient music et accessoirement producteur de U2, venu ce soir -après un passage à Nulle Part Ailleurs– à l’occasion de la sortie en France aux éditions du Serpent à Plumes de son livre Journal – une année aux appendices gonflés. Ambiance.


Les questions sont diverses, et souvent peu pertinentes. En vrac : écoute-t-il les démos qu’il reçoit ? « Non, pas le temps ». De quoi est composé ce livre ? « D’essais, de nouvelles, d’aphorismes, de pensées diverses sur la nourriture, les femmes à bicyclettes, la défense nationale (!), la psychiatrie politique (!!)… »
Pourquoi n’a-t-il pas appliqué certaines de ses idées ? « J’aime avoir des idées, je n’aime pas les réaliser. Je regrette par contre de n’avoir pas approfondi certaines vieilles idées. » Des projets ? Il a travaillé avec Robert Fripp, cette année, mais rien n’est achevé. Une métaphore au passage : les chansons sont comme des navires, elles vont parfois à contre-courant, la musique comme une eau (l’ambient n’est pas loin). Les ordinateurs (il y en un a sur la table) ? Ils le « dégoûtent ». Tiens donc ! Et le jingle Windows ? Tout utilisateur de Windows sur cette planète a dans son PC un fichier son nommé « The microsoft sound.wav » (en général dans le répertoire Windows / Media), d’une durée de 6,12 secondes signé… Brian Eno ! No comment. Et encore : « Les ordinateurs sont le miroir de ceux qui les développent, lorsqu’on travaille avec, on meurt un peu en même temps ». L’avant-garde ? Vient sa théorie des cowboys et des fermiers : les premiers défrichent, les seconds exploitent. Il se considère donc comme un cowboy, « comme quand ils disent dans l’Oklahoma… « .
Autre théorie qui le guide depuis trente ans : celle des « stratégies obliques ». Démonstration : 110 cartes à jouer sur lesquelles sont inscrites des dictons, un par carte. En cas de situation de stress, il tire une carte. Exemple : « Go on ». Musique : aime-t-il la musique électronique actuelle ? « L’ancêtre de toutes les musiques électroniques est la musique africaine ». L’art brut ? « La pop music est un art brut ! Le doo-wop, par exemple, est une des musiques les plus étranges qui existent ». Dieu ? « Dieu n’a aucune place dans ma vie, je suis un athéiste ». Le LSD ? « Non, trop proche de Dieu ! ( rires) ». Et on se quitte là-dessus, le timide Dandy signant poliment des autographes aux quelques admirateurs venus l’écouter…

Aux éditions du Serpent à Plumes :
Journal (une année aux appendices gonflés) de Brian Eno