Nombreux sont ceux qui se font des cheveux à cause des mangas. Et pour cause : la BD japonaise a tellement d’impact qu’elle en décape le crâne de ses lecteurs. La révolution capillaire est en marche !

Ayé, l’édition 2007 du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême vient de se terminer, satisfaisante semble-t-il. Mais une question, tout de même, se pose aujourd’hui. Elle concerne évidemment le manga -tout le monde en parle, et comment l’éviter avec ce Prix du Meilleur Album décerné à NoNonBâ, de Shigeru Mizuki ?- ou plus précisément ses lecteurs assidus… En effet, à arpenter l’Espace Manga, on finit par remarquer une prédominance de têtes en pain de sucre, soit blanches et totalement dépourvues de cheveux. Un phénomène qui touche visiblement dès avant la trentaine, aussi bien les jeunes auteurs français que le public venu se promener entre expo, débats et projections. On s’interroge donc à la vue de ces calvities plus ou moins prononcées mais toujours rasées de frais (conséquence logique, mais quelle solution de facilité, tout de même !) des amateurs masculins (uniquement, mais les femmes seront-elles encore longtemps épargnées ?) de BD japonaise. En attestent notamment la lissitude crânienne de Jean-Louis Gauthey, l’éditeur français de NoNonBâ, ainsi que les trombines des trois intervenants d’un débat consacré à « l’influence des mangas, au-delà des grands yeux » : Julien Neel (Lou, Chaque chose) brille sous les projecteurs, tandis que Nicolas Nemiri (qui a réalisé l’affiche de l’Espace Manga, et Je suis morte, avec Jean-David Morvan, également auteur de Spirou à Tokyo et lui aussi déplumé), affiche encore une petite marge, auprès de Bill (Zblucops, avec Gobi) pour le moment indemne. Tous trois sont des enfants du Club Dorothée, nourris à Dragon ball. Et en face, dans la salle, même paysage, mais là, les ravages sont définitifs. Pour paraphraser Philippe Bruneau dans l’autre fleuron -avec le Club Dorothée– télévisuel français des années 80 (le Collaro show) : quelle est cette secte très étrange ? Alors que la bande dessinée japonaise est, en France, plus que jamais lue et critiquée, tient-on là enfin une amorce de preuve de son influence (néfaste ? En tout cas, réelle !) sur non plus seulement le psychisme de ses lecteurs, mais rien moins que leur physiologie ? Le débat sur la menace nippone sur le champ éditorial français est, à mon avis, totalement à côté de la plaque : ce n’est pas la BD franco-belge qui est menacée, mais le poil gaulois ! On assiste à une véritable attaque de notre intégrité corporelle, et pourtant, personne ne réagit. Ce phénomène en cacherait-il à son tour un autre, bien plus grave ? Car de la pollution capillaire à la pollution des esprits (ou le contraire), il n’y a qu’un cheveu… Le processus de contamination a visiblement déjà commencé. La pilosité masculine de la France fout le camp, maintenant vous savez pourquoi. On n’en a décidément pas fini avec le péril jaune.

Lire Le manga rend-il chauve ? – part.2
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Lire notre compte-rendu d’Angoulême 2007