Après le très controversé Tueurs nés et le brouillon Nixon, Oliver Stone, prolifique metteur en scène c’est évident, semble marquer une pause plaisir avec U-Turn. Un film dont la principale ambition semble se résumer à distraire ses spectateurs et son réalisateur. Mission en grande partie accomplie.

Oliver Stone nous invite à suivre les mésaventures tragi-comiques de Bobby Cooper (Sean Penn en grande forme) en route vers Las Vegas pour y rembourser une dette. Le destin semble en avoir décidé autrement. Pour cause d’ennui mécanique, notre homme se retrouve coincé à Superior, un petit bled au cœur du désert. A Supérior donc, tout le monde se connaît, Bobby ne va pas tarder à le comprendre et c’est là que les ennuis vont véritablement commencer. Dépouillé du pécule consacré au paiement de sa dette lors d’un braquage minable, il lui faut gagner suffisamment d’argent pour s’enfuir de ce trou à rat écrasé de soleil. Et surtout rembourser son dû avant que les tueurs lancés à ses trousses ne le rattrapent. La seule solution qui se présente à lui : tuer quelqu’un. C’est évidemment plus simple à dire qu’a faire….

Oliver Stone s’amuse visiblement à nous décrire la descente aux enfers de son héros. Mais également la vie intime, les histoires et les petits secrets des habitants de Superior. Malgré ça, le plaisir est quelque peu gâché par deux éléments perturbateurs, à commencer par la (trop) visible virtuosité technique du réalisateur. On sent qu’il est sûr de son talent et il a très souvent tendance à vouloir nous en mettre plein la vue. C’était déjà l’un des écueils de Tueurs nés. Oliver Stone, t’es plutôt doué avec ta caméra, on le sait, pas la peine d’en rajouter garçon ! Second dilemme : les similitudes avec Red Rock West, le film de John Dahl sorti il y a quelques années. Certaines ressemblances dans le scénario sont franchement flagrantes. A la limite du plagiat. Mais bon… Ces quelques réserves mises à part, vous pourrez peut-être prendre du plaisir en visionnant ce U-turn, sorte de western moderne et de polar burlesque, bref un mélange des genres plutôt détonnant où les acteurs, Sean Penn (absolument excellent, comme à l’accoutumée) en tête, s’en donnent à coeur joie.