Chose promise, chose due. Voici donc, pour clore en beauté la série (lundi, un extra, quand même… surprise),  le Top 10 2012 Cinéma de Chronic’art, votre serviteur devant l’éternel. On vous la fait en speed, mais en version pragmatique/efficace, pour vous rappeler ce que la rédaction a préféré par-dessus tout, cette année-là. Ca se discute, certes, mais ici, comme à l’accoutumée, on assume tout. Et même parfois son contraire. Lire également nos Tops Séries-TVLivres,Musique, Jeux vidéoet Bandes dessinées.

 

 

1. Twixt, Francis Ford Coppola

Main dans la main avec Edgar Poe qui est venu le chercher en rêve, Coppola voyage d’un bout à l’autre de son œuvre et, en même temps, d’un bout à l’autre du cinéma. Série Z et roman familial déchirant, entre lanterne magique et expérimentations numériques contemporaines de Speed Racer, film minuscule et immense :Twixt flotte, spectre sublime et souverain, au-dessus du reste de l’année cinéma, et mérite à lui seul les dix places de ce top. Pour ceux qui peineraient à s’en rendre compte, Chronic’art offre, contre une simple promesse d’abonnement, une visite gratuite chez l’ophtalmo.

 

 

2. Into the Abyss, Werner Herzog

Le deuxième meilleur film de l’année est un documentaire commandé par la télé américaine, et dont le matériau de base (interviews frontales, archives, commentaire) est peu ou prou le même que celui de Faîtes entrer l’accusé. La différence ? Le regard d’Herzog bien sûr, sa voix glacée de sphinx philosophe, l’intelligence effrayante qui les traverse tous les deux. Portrait de l’Amérique profonde en village maudit, Into the Abyss n’a pas volé son titre, et vient rejoindre la longue liste de chefs-d’œuvre de l’auteur d’Aguirre.

 

 

3. Go Go Tales, Abel Ferrara

Sur 4h44 Dernier jour sur terre, la rédaction est un peu divisée, malgré les indéniables fulgurances du film. Pas de doute en revanche sur Go Go Tales. Sous la modestie de façade de ce nouveau conte new-yorkais, qui attendait de sortir depuis 2007, se cache une splendide méditation sur la circulation de l’argent, pas si loin d’un chef-d’œuvre fameux de Bresson au titre plus explicite. Preuve que Ferrara, quand il ne laisse pas ses chakras trop grand ouverts, reste un immense cinéaste.

 

 

4. Take Shelter, Jeff Nichols

L’apocalypse, gros marronnier de l’année, nous aura au moins valu ça : le coup de maître d’un tout jeune cinéaste versé dans l’americana (après un premier film, Shotgun Stories, presque aussi beau), un chef d’oeuvre météorologique. En faisant souffler le vent de la catastrophe depuis un foyer ordinaire, Take Shelter réussit le prodige d’être à la fois un grand film sur l’Amérique (dont l’inconscient est sondé avec une finesse rare) et un grand film d’amour (c’est-à-dire un grand film catastrophe).

 

 

5. The Day he Arrives, Hong Sang-soo

Il y a encore un an, on se plaignait de la logique de ressassement à l’œuvre chez Hong Sang-soo, qu’on croyait en panne d’inspiration. On n’avait pas bien compris qu’en tournant en boucle, ses films suivaient en fait, avec une finesse toujours plus grande, un rigoureux programme esthétique. Avec ce petit traité de la coïncidence (cette « merveille de la création », dixit l’un des personnages, qui offre au passage une description parfaite du film), filmé comme un conte somnambule et neigeux, Hong Sang-soo retrouve sa veine rohmérienne, et signe son plus beau film depuis longtemps.

 

 

6. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin

Après Kelly Reichardt, Weerasethakul, Albert Serra ou Ben Russell, Alessandro Comodin reprend, dans L’Eté de Giacomo, le fil moderne de la marche, ininterrompu depuis Rossellini. C’est l’été dans les pouilles italiennes, Giacomo marche parmi les branches et les ronces, deux filles l’accompagnent et au bout les attend un fleuve émeraude en même temps que, peut-être, la fin de leur adolescence. C’est limpide et somptueux, intuitif et remarquablement réfléchi, c’est un documentaire et une fiction, c’est tout ce qu’on demande, aujourd’hui comme hier, au cinéma.

 

 

7. Holy Motors, Leos Carax

On ne s’explique toujours pas comment Holy Motors, ce film-caveau, a pu être célébré comme une ode à la vie et au cinéma. Qu’importe : l’essentiel est que, par la cure insane qu’il s’auto-administre, ce film terriblement malade parvienne à trouver l’énergie de finir en beauté, à défaut d’avoir su se guérir. Etonnant spectacle, bel et bien émouvant, qui fait danser comme un possédé le cadavre disloqué d’un grand cinéaste.

 

 

8. Adieu Berthe, ou l’enterrement de mémé, Bruno Podalydès

Il y a longtemps qu’on attendait de voir les frères Poda se hisser à nouveau au niveau de Dieu seul me voit. C’est presque chose faîte avec Adieu Berthe qui, retrouvant les trésors de burlesque des aventures d’Albert Jeanjean (qui ne s’appelle plus Jeanjean mais reste un indécis chronique), creuse  une veine plus sensible et mélancolique, parfois vraiment bouleversante. Inutile de préciser que, sur ces hauteurs-là, les Poda restent bien seuls en France.

 

 

9. In Another Country, Hong Sang-soo

Chez Hong sang-Soo, tout arrive toujours (au moins) deux fois, la preuve avec ce doublé largement mérité. In Another Country est le pendant estival et rayonnant de The Day he Arrives, son envers comique et léger – l’autre grand film d’été de l’année avec Giacomo. Un film de vacances qui ressemble à un rêve amnésique : tout s’y oublie et tout recommence, tout le temps, dans un saut de cabri (Huppert géniale et génialement filmée à la hauteur de son propre fantasme, c’est-à-dire comme une adolescente) et pour l’horizon toujours retrouvé d’un premier baiser.

 

 

10. Chronicle, Josh Trank

Il va falloir surveiller de près Josh Trank. Parce que sous ses airs de bidule trop contemporain pour être honnête (caméra embedded + méditation sur les super héros + pop philosophie), Chronicle cache un film étonnamment subtil, une fable sombre et belle sur l’adolescence, menée avec une impressionnante maîtrise. Aux dernières nouvelles, Trank serait aux commandes d’un reboot des 4 fantastiques.

 

 

TOP 10 PERSOS

 

Jérôme Momcilovic
1. Twixt, Francis Ford Coppola
2. Take Shelter, Jeff Nichols
3. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin
4. The Day he arrives, Hong Sang-soo
5. Into the abyss, Werner Herzog
6. In Another Country, Hong Sang-soo
7. La Folie Almayer, Chantal Akerman
8. Cheval de guerre, Steven Spielberg
9.The Three Stooges, Peter & Bobby Farrelly
10. Expendables 2 : Unité spéciale, Simon West

 

Guillaume Orignac
1. Into the Abyss, Werner Herzog
2. Twixt, Francis Ford Coppola
3. The day he arrives, Hong Sang-soo
4. Faust, Alexandr Sokurov
5. The We and the I, Michel Gondry
6. Cosmopolis, David Cronenberg
7. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin
8. Aurora, Cristi Puiu
9. Holy Motors, Leos Carax
10. Aloïs Nebel, Tomas Lunak

 

Vincent Garreau
1. Go go Tales, Abel Ferrara
2. Chronicle, Josh Trank
3. Duch, le maître des forges de l’enfer, Rithy Panh
4. Into the Abyss, Werner Herzog
5. The Day he arrives, Hong Sang-soo
6. Adieu Berthe, ou l’enterrement de mémé, Bruno Podaydès
7. Moonrise Kingdom, Wes Anderson
8. Téodora pécheresse, Anca Hirte
9. Wrong, Quentin Dupieux
10. Piégée, Steven Soderbergh

 

Yal Sadat
1. Take Shelter, Jeff Nichols
2. Chronicle, Josh Trank
3. Twixt, Francis Ford Coppola
4. Go go tales, Abel Ferrara
5. Killer Joe, William Friedkin
6. Into the Abyss, Werner Herzog
7. Cogan, la mort en douce, Andrew Dominik (- 2 séquences)
8. The We and the I, Michel Gondry
9. Looper, Rian Johnson
10. Holy Motors, Leos Carax
Bonus : Guilty of Romance, Sono Sion (montage cannois seulement)

 

Murielle Joudet

1. Twixt, Francis Ford Coppola
2. 4h44 Dernier jour sur terre / Go go tales, Abel Ferrara
3. Into the Abyss, Werner Herzog
4. The Day he Arrives, Hong Sang-Soo
5. Cheval de Guerre, Steven Spielberg
6. In Another Country, Hong Sang-Soo
7. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin
8. Killer Joe, William Friedkin
9. Take Shelter, Jeff Nichols
10. Chronicle, Josh Trank

 

Amélie Dubois
1. Twixt, Francis Ford Coppola
2. In another country, Hong Sang-soo
3. Adieu Berthe, ou l’enterrement de mémé, Bruno Podalydès
4. Go go tales, Abel Ferrara
5. Holy Motors, Leos Carax
6. Take Shelter, Jeff Nichols
7. J. Edgar, Clint Eastwood
8. Barbara, Christian Petzold
9. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin
10. Un Monde sans femmes, Guillaume Brac

 

Nicolas Truffinet
1. Tabou, Miguel Gomes
2. Go Go Tales, Abel Ferrara
3. Le Projet Nim, James Marsh
4. Saudade, Katsuya Tomita
5. Fengming, chronique d’une femme chinoise, Wang Bing
6. David et Madame Hansen, Alexandre Astier
7. La Cabane dans les bois, Drew Goddard
8. Jason Bourne : l’héritage, Tony Gilroy
9. Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres, Guy Ritchie
10. Le Sommeil d’or, Davy Chou

 

Sidy Sakho
1. 2 Duo, Nobuhiro Suwa
1bis.4h44 Dernier jour sur terre, Abel Ferrara
1ter. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin
1quater. Fengming, chronique d’une femme chinoise, Wang Bing
5. Le Grand soir, Benoît Délepine et Gustave Kervern
6. Take Shelter, Jeff Nichols
7. The Day he Arrives, Hong Sang-soo
8. Millenium, David Fincher
9. Cosmopolis, David Cronenberg
10. Cheval de guerre, Steven Spielberg

 

Yann François
1. Holy Motors, Leos Carax
2. Twixt, Francis Ford Coppola
3. Cheval de guerre,Steven Spielberg
4. Adieu Berthe, ou l’enterrement de mémé, Bruno Podalydès
5. Lawrence Anyways, Xavier Dolan
6. Cosmopolis, David Cronenberg
7. Moonrise Kingdom, Wes Anderson
8. La Taupe, Tomas Alfredson
9. Sur la planche, Leïla Kilani
10. Il n’y a pas de rapport sexuel, Raphaël Siboni

 

Frédéric Bas
1. Holy Motors, Leos Carax
2. Into the Abyss, Werner Herzog
3. Walk Away Renée, Jonathan Caouette
4. Duch, le maître des forges de l’enfer, Rithy Panh
5. Millenium, David Fincher
6. Marfa Girl, Larry Clark
7. Killer Joe, William Friedkin
8. Tabou, Miguel Gomes
9. Moonrise Kingdom, Wes Anderson
10. Take Shelter, Jeff Nichols

 

Sébastien Benedict
1. Holy Motors, Leos Carax
2. Twixt, Francis Coppola
3. Cheval de guerre, Steven Spielberg
4. Tabou, Miguel Gomes
5. Cosmopolis, David Cronenberg
6. Take Shelter, Jeff Nichols
7. 4h44 Dernier jour sur terre, Abel Ferrara
8. L’Eté de Giacomo, Alessandro Comodin
9. The Three Stooges, Bobby et Peter Farelly
10. Men in Black 3, Barry Sonnefeld