Apparemment, de nos jours, les comiques (ceux qui ont le soutien du petit écran), à les écouter, n’ont qu’une seule et unique ambition : celle de ne pas trop se prendre la tête. Activité louable mais, on en conviendra, un peu limitée. En fait, la prise de tête, pour nos amis comiques, est synonyme de réflexion, de pensée, et donc, idée largement répandue au comptoir du Café du Commerce, d’obstacle à la rigolade. Pourtant, si Timsit et ses amis s’étaient un tout petit peu pris la tête, leur version de Notre-Dame de Paris aurait été moins insignifiante et vaniteuse qu’elle ne l’est, peut-être…, et pas forcément moins drôle. Car cette énième adaptation du roman d’Hugo sent la flemmardise et le réchauffé, les scénaristes n’ayant fait que réutiliser de vieilles recettes estampillées Canal + (Jean-François Halin, co-scénariste, est aussi coauteur des Guignols de l’info et du Journal de Moustic). On y retrouve le même goût fatigant du pastiche, du décalage et du second degré à l’honneur dans les émissions de la chaîne cryptée.

Ainsi, l’action ne se passe pas à Paris, mais à El Paris en 1999, les immigrés ne sont pas maghrébins mais cubains (lorgnerait-on sur le marché américain ?), le gouverneur d’El Paris et sa femme ont une vague ressemblance avec les époux Tibéri, Quasimodo aime jouer sur sa Nintendo et commande des pizzas à longueur de journées, etc. Quasimodo d’el Paris, c’est en somme un sketch de Karl Zéro étiré sur plus d’une heure et demie. Les personnages, tirés de la même farine chimérique, celle de l’inconsistance, sont victimes de la profusion de gags décalés (au second degré) et de (trop nombreux) clins d’œil au spectateur privilégié, au détriment de leur (faible) caractérisation et des situations. Les scénaristes n’ont pas retenu la leçon des meilleurs burlesques (le gag n’est pas un but en soi, c’est un moyen, un vecteur, mieux, une figure de style) et ne résistent presque jamais à l’attrait du gag quel que soit sa qualité, son intérêt, sa finalité. A force, dans cette inutile débauche où l’on cesse, las, rapidement de trier, il n’est pas rare de voir un comédien sortir de son rôle et s’adresser presque directement au spectateur, pour faire rire, évidemment. Quand on en arrive là, on se demande si le film ne fait pas un peu sa « pute », et, ma foi, si c’est le cas, n’y réussit pas trop mal… Finalement, refuser de se prendre un peu la tête, c’est commencer à montrer beaucoup son cul.