De Ben Younger, on se souvient des Initiés, petite satire bien foutue du monde boursier des années 90 qui le lança dans la mêlée du jeune cinéma indépendant. Ce retour tardif au long métrage aurait tendance à le desservir tant le poids des années mesure à lui seul le faible impact de son oeuvre. A l’image d’une Karyn Kusama (Aeon flux), l’accouchement du deuxième film s’avère disproportionnellement difficile à la faible ambition qu’il affiche. Qui voir en Ben Younger ? Un faiseur ? Un auteur ? Un peu des deux et c’est bien là le souci de Petites confidences (à ma psy), comédie romantique indépendante sans prétention mais un peu quand même.

A New York, Uma Thurman, fraîchement divorcée, tombe sous le charme d’un homme un peu jeune (20 ans). Petit embarras bien compréhensible mais beaucoup moins soluble quand l’amant en question s’avère le fils de sa thérapeute. D’où quiproquos en tous genres, déclinés avec un professionnalisme métronomique, sur fond de chronique familiale, d’humour juif (remember Woody Allen) et de ballades romantiques à Manhattan. Le cocktail prend, c’est logique, sauf que les ingrédients sont pour le moins attendus. Alors se réimpose la question suscitée auquel le film répond par transpirations inconscientes. Il y a chez Younger un agacement constant à emballer ses enjeux dramatiques sous une forme lisse et plate, marketée pour public bobo. On sent qu’il fantasme de se lâcher un peu plus, mais par incompétence, frustration ou snobisme, il reste sur sa réserve, sacrifiant beaucoup à la quête d’une élégance jamais satisfaite ou d’un naturalisme planplan.

D’où une segmentation étanche entre d’un côté le comique de boulevard pris en charge par les ladies d’Hollywood quand elles sont face à face (le plus efficace du film, avec une Meryl Streep déchaînée), de l’autre la psychanalyse, la vraie, très sérieuse entre elle et lui. Younger les filme avec une finesse assez stérile sans jamais dégager de réels noeuds dramatiques : on les suit au shopping, au bar branché, chez les amis homos qui balancent des piques, aux soirées étudiantes où pas un seul des copains du jeunot ne semble mystifié par sa Uma de copine. Laquelle a très peur de pouponner son homme, craint qu’il y prenne du plaisir, mais le motive cependant à assumer plus pleinement sa fibre artistique (oui, c’est un jeune comme les autres, sauf qu’il est virtuose de la peinture). De ces portraits sensibles n’émerge qu’une simplicité trafiquée plus orgueilleuse qu’elle ne voudrait le faire croire, grande mascarade où le toc reste désespérément toc.