Version occidentale d’une légende chinoise populaire, Mulan narre les aventures d’une audacieuse jeune fille qui, afin de sauver la vie d’un père affaibli, s’engage à sa place dans la lutte contre les Huns. Ainsi, déjouant les conventions d’une société étriquée, elle se déguise en homme et, avec l’aide de Mushu, un dragon en quête de réhabilitation, devient rapidement un héroïque soldat… Trente-sixième long-métrage animé des studios Walt-Disney, Mulan reprend les différents stéréotypes auxquels la firme du « politiquement correct » nous avait habitués. En effet, outre les récurrences de thèmes ultra conservateurs tels que le respect de la famille, l’esprit d’entraide ou encore l’honneur, le spectateur retrouve la figure familière du compagnon comique en la personne d’un dragon hilarant, Mushu, sorte de Sancho Panza dont la présence apporte une certaine légèreté au ton globalement sérieux du film. Au rire que provoque ce personnage digne des meilleurs Tex Avery s’oppose le pesant sentiment de lassitude devant la formule musicale, autre figure obligée (figée?) d’un dessin animé de cette ampleur, et qui se compose de chansons dont la stupidité renvoie à leur inutilité. Cependant, malgré les différents schémas derrière lesquels le studio semble se cacher, Mulan brille par de nombreux points, et notamment par l’animation, aussi belle et soignée que celle d’Hercule était laide et bâclée. Cette animation, les réalisateurs Barry Cook et Tony Bancroft (déjà animateurs sur La Belle et la Bête, Aladdin ou encore Le Roi Lion) l’ont voulue proche de la peinture traditionnelle chinoise, épurant les différents décors, simplifiant le trait de leur crayon et nous offrant tout simplement un pur ravissement esthétique. Mais Mulan est également un film épique où l’humour et l’aventure, loin de se gêner, s’entrecroisent et se complètent. L’humour, on le doit en particulier au dragon Mushu, le personnage le plus hystérique de chez Disney depuis le génie d’Aladdin, mais également à une pléiade de seconds rôles, comme Cri-Kee, le petit criquet porte-bonheur qui n’apporte que déboires… Quant à l’aventure, elle se présente sous la forme d’instants de bravoure techniquement impressionnants de réalisme et d’efficacité, telle cette avalanche qui engloutit les Huns dans une scène mémorable.
Tous ces éléments font de ce film un spectacle de bonne facture qui, malgré certains passages d’une rare mièvrerie, ravira aussi bien les enfants que leurs parents. Il est d’ailleurs intéressant de se pencher sur le virage que le studio tente pathétiquement de prendre afin de conserver un public qui, depuis le succès planétaire du Roi Lion, semble se lasser des stéréotypes précédemment cités. L’arrivée prochaine du Prince d’Egypte (le premier long-métrage d’animation de Dreamworks) risque de nuire considérablement à Disney, qui devra alors revoir ses bases afin de faire face à cet imposant concurrent. La guerre est déclarée, et les films n’en seront que meilleurs. Normalement.