Portrait d’un chef d’entreprise au bord du gouffre, le huitième long métrage de Pierre Jolivet prend sa source dans une réalité de tous les jours. Tout en s’efforçant d’exposer sans complaisance les problèmes que rencontre ce patron ruiné, Ma petite entreprise s’attache aussi aux comportements et aux réactions de ses proches en de telles circonstances… En tenant compte des différences de sensibilité des personnages et en dévoilant leur itinéraire respectif, Pierre Jolivet livre une chronique sociale d’une sobriété exemplaire.

Cependant, son petit canevas scénaristique est moins intéressant. L’arrivée soudaine, presque forcée, de notes d’humour dans la mise en scène, nuit malheureusement à son film. Son utilisation du sexe au cours de deux séquences, et qui se veut « humoristique », ne reflète guère la sensibilité à laquelle le réalisateur nous avait habitué avec des films comme A l’heure où les grands fauves vont boire ou Fred… Par ailleurs, la représentation de jeunes de banlieue, plus maladroite que malintentionnée, demeure grotesque et caricaturale…

C’est par son discours sensible, intelligent et par le jeu de ses interprètes principaux (Lindon, Zem et Zabou se surpassant) que Ma petite entreprise se révèle tout compte fait une assez belle réussite. Preuve que le trio Jolivet-Michaèl-Bourboulon (réalisation, scénario, production) fonctionne toujours aussi bien qu’à l’époque de la réalisation de Fred, en 1996.