C’est quoi la vie ? Une interrogation à laquelle peu de cinéastes prétendraient répondre en un seul film, en tout cas pas avec une formulation aussi ostentatoire. Mais Dupeyron est sûr de lui. Avant tout il croit en sa vision carte postale du monde paysan : malgré quelques tentatives d’affleurer le réel (la naissance d’un veau « sans trucages », des données sociales malheureusement non falsifiées), C’est quoi la vie ? ressemble davantage à une interminable pub « Herta » qu’à une réflexion profonde sur l’univers rural d’aujourd’hui.

Nicolas (Eric Caravaca), la trentaine, paysan par le sang plus que par vocation. Surtout qu’en cette fin de siècle, c’est le chaos fermier : un père surendetté, une sœur révoltée, des aïeuls dépassés… Alors, le Nico, il sait plus où donner de la tête, d’autant plus que côté pouliches, ça va pas beaucoup mieux -l’amour, il n’y a de toute façon jamais cru. Jusqu’au jour où il rencontre Maria (alias Isabelle Renauld, aux antipodes de son rôle chez Breillat), dix ans de plus que lui, veuve, deux enfants, mais méga-zen. Brutalement, Nico retrouve ses racines, THE phrase-clé paternelle qui résume toute une philosophie de la vie (« un paysan, ça ne peut pas mourir de faim tant qu’il y a une ferme et de quoi semer… »), et, ô miracle, la vieille bicoque familiale dont tout le monde avait oublié l’existence (et que notre héros va retaper et faire revivre, avec les grands-parents, la sœur et les chèvres : c’est « la famille Doucœur fabrique du Reblochon »).

Tout cela est assez pathétique, mais pas forcément ennuyeux. Si l’on est d’humeur, on se laissera notamment porter par la série de jolis chromos proposée par Dupeyron (couchers et levers de soleil en pagaille, visage fier du patriarche devant les beautés de la nature, étreinte amoureuse avec vue plongeante sur tout le village, etc.). En résumé : rien du cinéma, pas grand-chose sur la vie, encore moins sur le vrai travail fermier, mais des paysages sympas qui permettent d’attendre l’automne avec un peu moins d’anxiété.