Détrompez-vous, La Fiancée de Chucky n’a pas l’ambition de vous faire peur, mais de vous faire rire « noir ». Ce film appartient plus à la comédie et à la parodie de plusieurs genres qu’au film d’horreur. Tiffany (Jennifer Tilly), créature sexy, s’avère aussi dangereuse que la poupée Chucky, à qui elle redonne vie grâce à des incantations vaudou. Souvenez-vous, Chucky est la poupée (masculine) maléfique abritant l’âme damnée du serial killer Charles Lee Ray, officiellement mort depuis le premier film de la série : Jeu d’enfant (de Tom Holland, 1988). Chucky et Tiffany vont commencer une cavale meurtrière en compagnie d’un jeune et beau couple qu’ils convoitent pour voler leur apparence physique afin de se protéger de la police qui est à leur poursuite.

La Fiancée de Chucky ne reprend pas le concept effrayant d’une poupée vivante, comme celui porté par une mise en scène manipulatrice et angoissante dans l’épisode de La Quatrième dimension, intitulé Living doll, et réalisé dans les années soixante par Richard Sarafian. La mise en scène de Ronny Yu n’est pas manipulatrice, elle utilise une dérision référentielle réussie (Vendredi 13, Halloween, La Fiancée de Franckenstein, Hellraiser, Basinc Instinct, Tueur né, etc.) et des répliques très grinçantes. Tandis que Scream de Wes Craven utilisait les clins d’œil cinématographiques pour mieux nous faire peur, La Fiancée de Chucky les utilise pour mieux nous faire rire. Venu tout droit du cinéma de Hong-Kong, au même titre que John Woo et Tsui Hark, Ronny Yu nous offre, dans cette production américaine, un film drôle, réunissant aussi bien la romance, le road-movie que le film d’horreur. Pourtant, il ne s’agit pas d’un étalage de registres visant à épater le spectateur. A l’inverse, on tente ici de bafouer et de démystifier certains genres américains. Cet esprit corrosif, à l’image de nos deux poupées protagonistes, se moque de tout et ne respecte rien. De plus, les personnages humains sont relégués au second plan : ce sont les poupées bêtes et méchantes qui leur volent la vedette. On est dans un produit qui ne prend rien au sérieux et qui n’essaie jamais d’égaler les films d’angoisse des années 80, ou encore la vague lancée par Scream.