Après avoir réalisé The Great Rock’n’roll swindle, rockumentaire controversé sur les Sex Pistols, Julien Temple est de retour, vingt années plus tard, pour nous livrer un nouveau film sur le célèbre groupe fondateur du mouvement punk londonien. Contrairement aux idées reçues face à ce genre d’objet (on pense notamment au lamentable Kurt & Courtney de Nick Broomfield, ayant succédé au documentaire Live tonight sold out : Nirvana qui se suffisait largement à lui-même), il ne s’agit pas ici de recyclage de fonds de tiroirs. Si Temple revient aujourd’hui sur son propre travail, c’est tout d’abord pour se détacher d’un film qui n’était pas le sien. Un film de pousse-boutons ne reflétant en rien la véritable histoire des Pistols. Un outil de propagande pro-mclareniste, recyclant habilement de fausses rumeurs transformées à souhait par la presse de l’époque…
Aujourd’hui détaché de l’influence et de l’égocentrisme du manager Malcom McLaren, le cinéaste nous propose une version des faits bien plus proche de la réalité. Pour renforcer son discours, il invite au passage les membres du groupe pour des interviews séparées, et surtout, il nous livre un entretien de Sid Vicious resté jusqu’à présent inédit.
L’Obscénité et la fureur commence tout d’abord par une virulente présentation du contexte sociologique de l’Angleterre de la fin 70. Une introduction un peu longue, mais qui permet de mieux comprendre la nécessité qu’avait alors la classe ouvrière de se manifester, de sortir de sa misère par n’importe quel moyen. On est ici à des centaines de lieues de l’imagerie éclatante développée dans The Great Rock’n’roll swindle qui, tout en déployant une série d’artifices visuels, cherchait avant tout à faire miroiter une iconographie punk montée de toutes pièces… D’images d’archives en interviews, on sent la volonté de Julien Temple de vraiment se tourner vers les membres du groupe, et non vers le phénomène Pistols, comme il l’avait fait auparavant. Les légendes douteuses créées autour des musiciens sautent alors les unes après les autres et on comprend progressivement à quel point le mouvement punk a pu être détourné par les médias et l’industrie du disque.
Certains reprocheront peut-être à L’Obscénité et la fureur de trop s’attacher aux protagonistes, au point de délaisser la musique (peu de morceaux live sont donnés ici dans leur intégralité). Seulement, le but de Temple n’était pas de réaliser un énième rockumentaire… Juste un documentaire, histoire de remettre les pendules à l’heure.