Adapté d’un conte d’Afrique occidentale, ce dessin animé se démarque nettement du flot de films d’animation pour enfants de cette fin d’année -autant par son histoire que par le discours qui en ressort. Kirikou et la Sorcière raconte l’aventure d’un petit garçon minuscule sorti seul du ventre de sa mère et parlant couramment dès la naissance. Né dans un village sur lequel la sorcière Karaba a jeté un terrible sort (pénurie d’eau, de richesses et mort de tous les hommes du village), le héros Kirikou -petite taille et très jeune âge- va tenter de résoudre tous ces problèmes. En refusant catégoriquement de porter crédit aux rumeurs des villageois quant aux puissants pouvoirs maléfiques de la sorcière, le petit garçon va régler bon nombre de problèmes grâce à sa seule lucidité. Voici une efficace métaphore pour montrer qu’il ne faut pas accepter les idées préfabriquées qui nous sont imposées : Kirikou est un enfant qui cherche lui même les réponses aux questions qu’il se pose…
Loin de tous les stéréotypes couramment utilisés dans les dessins animés actuels, Kirikou et la Sorcière est aussi une leçon sur la tolérance, un film qui nous montre qu’une personne différente ne doit pas être exclue d’un groupe. Autre détail important est à prendre en compte : le mal est ici incarné par une belle sorcière attirante, et non par un horrible personnage repoussant (générant de film en en film des préjugés stupides auprès d’un jeune public, assimilant par la suite instinctivement laideur physique et laideur morale).
Pour couronner le tout, précisons que Kirikou et la Sorcière est une réussite technique… Le film comporte certains petits défauts d’animation sans importance face à des décors visuellement époustouflants (mélange de dessins et de quelques images virtuelles), dessinés avec style. Ici, on ne cherchent pas à récréer froidement la réalité à l’aide d’un ordinateur bien gonflé…