Humpday est un mix curieux et plutôt indigeste entre ciné indé new-yorkais façon Safdie brothers (caméra portée hystérique, image granuleuse, acteurs mal rasés en roue libre) et comédie douce amère à la Judd Apatow. Pitch énorme, pourtant : deux ex-potos de fac planifient de coucher ensemble devant une caméra histoire de défier leur côté hétéro beauf. Tellement énorme que tout le film semble monté à l’envers, construisant tout son suspense (coucheront, coucheront pas ?) autour de ce dispositif artificiel se rêvant en sommet de provoc et d’impertinence. Lesté de ce côté « attention cinéma qui dérange », le désir d’impro des acteurs et l’envie visible de la cinéaste de secouer sa caméra comme dans un film de Cassavetes butent en permanence contre ce gadget scénaristique aussi limité et étriqué que pourrait l’être celui du plus banal whodunit.

Condamné à traîner le boulet attendu et redouté de sa dernière scène, Humpday y parvient néanmoins malgré des passages grotesques et complètement forcés (la femme du héros qui finit par accepter tranquilou le pari, histoire de voir, comme nous, et d’entretenir un suspense complètement artificiel). Et c’est évidemment à la fin que tout explose : pendant un quart d’heure, les deux zigotos à poil se la jouent petit théâtre filmé façon cours Florent dans un motel minable autour de l’hypothèse improbable et sinistre qu’ils se sont fixés un soir de beuverie débilitante. On ne fera même pas le coup du ATTENTION SPOILER pour révéler le résultat des courses : on s’en moque à peu près autant que de la suite de la carrière de Shelton. Et dans le genre cinéma indé apatowisant, attendre plutôt le DVD du génial Adventureland de Greg « Supergrave » Mottola (fin octobre 2009).