Bien sûr le teen-movie boutonneux a pour seul horizon la pornographie. On sait gré à Luke Greenfield (réalisateur du pas du tout culte Animal ! L’animal) d’empoigner franchement la question par le truchement d’un autre thème grave fantasmatique : la girl next door, la bombe atomique que l’ado US espère avoir sur son palier pour égayer ses soirées masturbatoires. Donc, la gentille blondinette Danielle, la girl next door pour qui Matthew a les phéromones en furie, est une ex-pornstar. Révélation qui met à mal la passion naissante du gentil Matthew, premier de la classe, futur boursier à l’université, flanqué de ses vilains copains matheux tout maigrichons. La noce enfin célébrée au grand jour entre pornographie et teen-movie est sans surprise, juste une affaire de reconnaissance entre ce qui se trame dans les couloirs du lycée (le teen-movie comme usine à fantasmes et défilé de blondinettes bimbos à destination des puceaux mal dans leurs peau et chahutés par leurs hormones) et son contre-champ, les films X.

Tous les personnages de teen-movie rêvent d’un couloir aérien entre les deux genres. En ce point, Girl next door ne s’occupe que de mettre en images ce désir secret. Le clou du film, c’est le tournage d’un porno au coeur du lycée -en fait non, puisque tous ces films-là sont définitivement, désespérément peine-à-jouir. Au moins la mise en scène du fantasme semble directe, simple, efficace. C’est sans compter la misère sexuelle qui sévit dans pareille entreprise, son petit fond de commerce moralisateur. Car quel est le beau souci de Girl next door ? Les sentiments bien sûr. Sentiments mon cul, évidemment : le vrai projet du film est la pornographie, mais trop puritain pour le dire, il préfère passer son temps à dénicher un cache-sexe qui ne trompe personne. Il faut bien que son masturbatoire spectateur s’enthousiasme devant les filles (trop chaudes, trop bonnes), mais sans alerter papa maman. Alors, ni pute ni soumise, Danielle a du plomb dans la tête (je ne suis pas qu’un objet érotique, j’ai une âme et de la suite dans les idées) et dans l’aile (stop l’amalgame, je ne suis pas à ta disposition, petit Matthew). A un film pareil, où l’essentiel (le rapport à la pornographie) est faussé d’avance, on pourra surtout reprocher son triste imaginaire, de n’avoir pas l’ombre d’une idée -c’est désolant- pour filmer le cul de sa starlette.