A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, Fin d’été navigue sans cesse entre ces deux univers. Le film s’ouvre sur des images de Paris au mois d’août. Une voix-off nous exhorte de partir, de quitter la grande ville pour d’autres horizons ; en l’occurrence pour l’arrière pays toulousain, dans la petite vallée de la Montagne noire. Dès lors, touristes et autochtones, parties de pétanque et baignades installent le film dans sa géographie et dans sa temporalité : un petit village et sa drôle de population estivale. Générique. La fiction, elle, débute avec Edouard qui invite son ancien flirt Diana, étudiante en journalisme, à passer un week-end dans la région. Au cœur de ce dispositif original qui mêle systématiquement fiction et documentaire, le film s’attache à observer l’acclimatation de la jeune fille dans un milieu qui lui est totalement étranger. Une collision entre deux mondes est ainsi organisée. Deux modes de vie et de pensée sont volontairement représentés schématiquement et de façon outrancière. D’une part, la vie nature avec fromage de brebis, thé à la sauge et galettes de pain, et de l’autre, le monde de la ville, du présent, des médias, de la culture. Il en émerge une interrogation sur les choix de vie possibles au sein de notre société : plonger dans la spirale parfois infernale de la vie urbaine moderne, ou bien rester en retrait, dans une autre temporalité.

Si le problème abordé tel quel n’est pas d’une grande finesse, son traitement se révèle beaucoup plus intéressant. Chacune de ces éventualités est observée avec malice et sens critique, ce qui occasionne quelques moments savoureux au cours de cette confrontation. Et si les réalisateurs tombent dans les clichés, il semble que c’est avec la pleine conscience de le faire et uniquement pour mieux les contourner. La mise en scène de Fin d’été est aussi pleine de surprises. Au malaise créé par la position « d’étrangère » occupée par Diana, se superpose la confusion née de la nature des images qui mêlent des faits réels (Gilbert, hippy post soixante-huitard, vit effectivement entouré de ses filles dans la petite maison sur la montagne) à de la pure fiction (les relations entre Diana et Edouard, entre Edouard et Gilbert, son père potentiel). Alerte, ou au contraire parfois reposée, la caméra capte avec justesse les moments loufoques, vides, dramatiques, avec le plus souvent un certain recul, source de décalage. On pense en particulier ici aux sonorités techno montées sur des images foncièrement rustiques. Mais c’est précisément cette position distanciée, frôlant un intellectualisme désincarné qui produit une certaine gêne. Cette manière d’être à la fois en dedans et en dehors de la fiction frôle l’artifice. Un comble pour ce film dont le but est de se rapprocher des enjeux du « cinéma du réel ». Le jeu même des acteurs, par son excessive simplicité participe paradoxalement à ce maniérisme ambiant. Ces réserves mises à part, Fin d’été est une œuvre prometteuse, et l’on attend avec impatience le second long métrage de Jean-Marie et Arnaud Larrieu.