Consternation à la découverte de ce Duelist, cinquième long-métrage d’un cinéaste coréen mal connu en France, dont seul le précédent ouvrage, Sur la trace du serpent, nous était parvenu il y a cinq ans. Il s’agissait d’un pudding-polar énervé, plutôt indigeste mais où la pente graphique, la tentation bédé, valait toutefois le coup d’oeil. Cinéaste de genre, Lee Myung-se ? Pas vraiment, puisque Sur la trace du serpent était sa première incursion de ce type, dans une filmo constituée essentiellement de films disséquant les rapports amoureux ou du monde du travail. Avec Duelist, Lee Myung-se surfe clairement sur la vague des films de sabre, mais sa touche, s’il y en a une, c’est la love story qui unit, au XVIIe siècle, une femme policier et un épéiste maestro rebelle et meurtrier qu’elle poursuit et affronte en combats singuliers. Dit autrement, Duelist est un roman photo potache, flirtant souvent avec le neuneu pur et dur, entre effets de manches pokemon et humour Carambar.

Quelques échantillons, quand même, pour donner un aperçu du désastre : lorsque les deux protagonistes se castagnent, virevoltent, grimpent au mur et autres galipettes avant de s’étreindre en un corps à corps Holiday on Ice, un tango discount vient tapisser la scène (le combat, c’est comme une danse, quoi). Et tandis que les policiers poursuivent à travers les ruelles un bandit à la petite semaine, les images s’accélèrent façon générique de fin de Benny Hill, avec musique de circonstance. Et quand un sac d’argent circule telle une patate chaude entre les mains des petits marchands de rue qui se battent pour l’avoir, on a le droit à une pauvre parodie de rugby. Le film est long et terriblement ennuyeux, sans autre rythme que ses mauvaises plaisanteries et sa puérilité qui ferait passer les roulés-boulés d’un film de Jackie Chan pour des gags de Tati. Sans aucun point de vue sur l’action, sinon l’auto-ébahissement devant des prouesses qui n’en sont pas, le film exhibe sa fausse virtuosité de carton pour tout passeport. On en est là, Duelist est un carnaval de gâteries aussi laides que teubées, où la moindre intervention de mise en scène, tristement autosatisfaite, s’écrabouille dans un ballet interminable et parfaitement creux.