A quiconque y croit encore, on conseille d’aller voir ce qu’est devenu le Dogme (récemment déclaré périmé par ses auteurs, pour son dixième anniversaire), parti de pas grand-chose et arrivé nulle part sous la conduite d’arnaqueurs associés menés par Lars Von Trier. LVT, c’est le parrain de Dear Wendy, le tonton généreux qui a écrit le scénario et (et quoi ? Le jugeait-il, lucide, trop mauvais ?) en a confié la réalisation à Thomas Vinterberg réalisateur de Festen, pas le plus mauvais, au fond, des Dogma-films. Surtout, il en est le principal argument publicitaire, Vinterberg se trouvant réduit au rôle d’homme de main, exécuteur des fulgurances du maître. Gogos et fans verront sans doute dans le film une puissante réflexion sur la naissante de la violence, sur les « communautés désœuvrées » et, allons-y alonzo, sur la fascination des armes aux Etats-Unis. Comme Dancer in the dark et la trilogie pamplemousse de LVT (Dogville, Manderlay et un autre à venir), Dear Wendy se déroule en Amérique tout en s’efforçant de nettoyer soigneusement l’identité précise du lieu et de l’époque -où comment planter un panneau au milieu du décor indiquant qu’on est là sur le territoire de la fable, sur le plan des principes, au niveau des essences. Tour de passe-passe ballot comme les dessins à la craie de LVT.

L’Amérique, presque : l’action se déroule dans une ville minière, où un ado (Jamie Bell, alias Billy Elliott ou le héros de Undertow de David Gordon Green) tombe amoureux -mais oui madame, ça arrive- d’un vieux pistolet à crosse nacrée : Wendy. Et constitue « les Dandies », société secrète réunissant tous les loosers et les éclopés du bled, costumés XVIIIe tels droogs d’Orange mécanique, à quoi Dear Wendy renvoie comme il peut, adeptes de réunions dans les caves comme Le Club des 5 (ou Le Clan des 7, d’ailleurs, ça marche aussi). Les Dandies sont tous armés, tous in love avec leur revolver, mais pacifistes, jurant de ne jamais s’en servir. Sur ce paradoxe, Dear Wendy brode sa démonstration et, bête comme ses pieds, la conduit jusqu’au terminus de l’ineptie. Vers la tuerie finale oui, parce que le mal ronge et rode, parce qu’une violence s’est nichée -la traîtresse- au cœur du fondement des sociétés, parce que quiconque est armé va tirer. Tautologie splendide dont les Dupont danois s’émerveillent tel Archimède dans sa baignoire. Philosophie d’agrume, mandarine mécanique, tout au plus.