On aura beau pester contre un certain cinéma américain niais et inutile, vide de sens et creux, les films populaires de ce pays ne sont jamais plus mauvais que lorsqu’ils parlent de sujet importants. Ainsi, on traite dans Couvre Feu du problème du terrorisme. Il est d’ailleurs amusant de constater la manière dont on en parle, alors que manifestement, il sert davantage de moteur à une mauvaise fiction qu’à une réflexion poussée. Ce serait oublier les prétentions d’Edward Zwick, l’homme qui fit le premier film populaire sur la guerre du Golfe (A l’Epreuve du feu). Convaincu de sa débilité, on le serait à moins en voyant dans ce film au propos ultra manichéen (méchants terroristes, gentils flics, complot intra gouvernemental), des stéréotypes inhérents aux plus bas des films d’actions, alors que Couvre Feu se veut tout d’abord une réflexion poussée sur les peurs les plus intimes de l’Amérique vis à vis du problème terroriste.
Lorsque les attentats se multiplient dans New-York, et qu’un leader intégriste est kidnappé au Moyen-Orient, les policiers Hubbard (Denzel Washington) et Haddad, mènent l’enquête sur les cellules terroristes implantées dans la ville. Ils font équipe avec Elise Kraft (Annette Benning), un agent de la CIA qui entretient des contacts étroits avec le frère d’un terroriste, mort dans l’explosion d’un bus. Le général Devereaux (Bruce Willis) ne tardera pas à faire proclamer la loi martiale et à organiser des rafles impitoyables dans les communautés arabes de la ville…
Même si Couvre Feu rassemble tout les ingrédients du film à ne pas aller voir, il est intéressant de voir comment le cinéma populaire banalise un problème pour le faire comprendre à son public. Puisque la forme du documentaire n’est pas très populaire, puisqu’elle n’est pas propice à un succès en salle, autant transformer ce film que chaque américain devrait aller voir (par prise de conscience) en film d’action. Il en résulte un produit aussi hybride qu’affligeant.