Dans le genre « film de copines », le première oeuvre de Lisa Azulos apporte une proposition, c’est déjà ça, ou plutôt une greffe, qui allierait le Biba-movie au film communautaire façon Thomas Gilou. Bonjour les références, oui, mais Comme t’y es belle raconte : des tranches de vie, comme il y a des tranches de cake, de quatre copines parisiennes sépharades, entre problèmes de mecs et de frics et de manucures, entre une famille envahissante (comme t’y es belle, ma fille) et institut de beauté à faire tourner, entre weight watchers et mari qui boit des bières en regardant le foot avec ses copains, etc. Comme t’y es belle, donc, c’est Tout pour plaire (en moins romanesque, c’est dire) + La Vérité si je mens (en bien moins drôle, tout de même), autrement dit pas grand-chose.

« Restez vous-mêmes, les filles ! » est le mot d’ordre, aphorisme quasi nietzschéen inscrit au fronton du film : just be yourself est aussi l’impératif catégorique de tout un cinéma con, qui de Disney (la « écoute ton coeur » attitude) à tout un pan du cinéma hollywoodien puéril, vend à tour de bras du bonheur pour tous, une sorte de stoïcisme discount devant les vicissitudes de la vie comme elle va. Le bonheur, c’est la valeur phare d’un certain cinéma aujourd’hui. On dira : c’est bien le bonheur, c’est mieux que le malheur. Certes, mais ce bonheur-là, vendu pas cher par les magazines, la mauvaise télé, les mauvais films comme ce Comme t’y es belle donc, et bien d’autres, ce bonheur en conserve, ce il-faut-cultiver-son-jardin du pauvre, est un bonheur sans inquiétude, une pastille qui relaxe, un stupéfiant qui abrutit, un pur mensonge dont Amélie Poulain, à son époque fit l’acharnée propagande.

Et puis Comme t’y es belle est filmé à la truelle, et puis c’est bien bien lourd le portrait clin-d’oeil sympa d’une communauté (avec ses personnages hozencouleurs, etc.), et puis il continue le genre film de filles c’est-à-dire une manière de pseudo-féministe si dévoyé qu’il s’en remet au bout du compte au pires clichés machistes : les filles bavardes, embêtées par leurs petits problèmes de corps et d’âmes, donnez-leur un bon d’achat aux Galeries Lafayette, faites-leur faire le nouveau psycho-test de Femme Actuelle, offrez-leur une bonne séance de manucure et un brushing et tout ira bien : les problèmes, on relativise, les autres, on s’en fout, lundi j’arrête le chocolat et je pense-à-moi. Parce que le bonheur, c’est ça, après tout, c’est simple comme une soirée pyjama. Non ?