Samuel Jackson est « nettoyeur ». Non pas le Mister Wolf du Pulp fiction de Tarantino, mais plutôt sa version SARL et camionnette à logo : il nettoie les scènes de crime, éponge les meurtres c’est le croque-la-mort des bouts de cervelle, de la chair qui tache et des traces d’ongles sur les tables en verre. Un jour évidemment on le manipule, il fait son job en ignorant que l’assassinat dont il gomme les preuves n’a pas du tout été déclaré à la police. Est-il besoin de préciser que Sam est un ancien flic, il a quitté le métier à cause d’un drame, tout ça. Il mène l’enquête.

Avec cette idée du nettoyage, on tient là, pour sûre, une métaphore. Mais laquelle ? C’est au choix, et s’il faut choisir, disons que ça touche Renny Harlin, cleaner à sa manière, qui du meurtre de sa carrière cherche à effacer les traces en multipliant les zèderies de niveau direct-to-video (cf. Profession profiler, autre thriller à deux balles). Le rabattage révélateur sur un format en forme d’aveu (le tout balancé en 1h25) en dit long sur le délabrement d’une filmo finalement aussi finlandaise (aussi kaurismäkien-flappi) que son auteur. Pourtant il y croit, Renny, et cast une triplette de noms, ce qui nous vaut, au moins et à défaut, le plaisir de voir l’amie Eva et ses joues rondes alterner les mimiques de grande bourgeoise décidée et les soupirs de jeune fille à l’espièglerie légèrement fanée. Pour qui l’aime, le spectacle est au rendez-vous. Sinon, Renny Harlin est en cuisine, toujours avec ce mélange de foirages de bleu (le dialogue Eva Mendes Samuel Jackson sur des chaises de jardin) et de grandiloquence plouf typique des ratés (claquement de montage eisensteinien sur les pantoufles de Jackson), qui donne au film, y compris dans son versant chausson, un côté gentiment ringard-à-mort mais pas déplaisant.