Petit thriller qui lorgne sans vergogne vers le grand modèle américain, Anatomie cumule les qualités et les défauts du genre auquel il n’apporte rien, si ce n’est le dépaysement d’une variante exotique. A côté des piètres tentatives françaises -Six-pack, Promenons-nous dans les bois, Les Rivières pourpres-, le film de Ruzowitzky apparaît quand même comme une transposition allemande plutôt honorable du récit centré sur les méfaits de serial-killers. On y suit les mésaventures de Paula (Franka Potente), jeune étudiante en médecine, qui découvre que son université abrite une secte plutôt dangereuse. Les Anti-Hippocrates renient en effet toute éthique et n’hésitent pas à pratiquer des expériences sur des sujets qu’ils tuent eux-mêmes au nom de la recherche médicale. Si l’intrigue d’Anatomie cultive son lot d’invraisemblances -les nombreux cadavres qui circulent sans que personne ne s’en inquiète, le courage un brin inconscient de l’héroïne qui cherche à chaque fois le danger-, la mise en scène est suffisamment rythmée pour que l’on se laisse aller à adhérer à ces péripéties. Calquée sur les classiques de l’horreur made in Hollywood, la réalisation de Ruzowitzky en a retenue les efficaces « trucs et astuces » pour faire sursauter le spectateurs dans son fauteuil.

On fermera donc les yeux sur le manque d’inventivité d’Anatomie pour passer un vague moment de cinéma en compagnie de cette série B qui a la bonne idée de se dérouler dans le milieu médical. Situé la plupart du temps dans les décors high-tech d’une salle d’anatomie aseptisée et glaciale comme une chambre froide, le film met en avant sans vraiment s’y intéresser le rapport quasi insensible de ces jeunes médecins à la mort. En témoignent les impressionnantes sculptures en résine des corps humains, « perruqués » mais tripes à l’air, qui servent aux études de nos apprentis docteurs. Réduites à la simple imagerie, ces figures ne sont malheureusement qu’un détail de plus dans cette fiction qui se doit de cultiver l’étrange, même à perte, thriller oblige…