L’Arme fatale n’en finit plus de faire des petits. Il est étonnant de constater à quel point la série de films de Richard Donner, ou du moins leurs résultats au box-office, a pu impressionner les producteurs américains. Cela dit, les diverses composantes du cocktail Lethal weapon recyclées à tour de bras comme elles le sont par la moindre petite compagnie en mal de succès ne forment pas toujours la recette exacte du blockbuster escompté. A vouloir décliner à l’envi une formule qui a fait ses preuves, le risque de lasser le public s’accroît. Morgan Creek en fait aujourd’hui les frais avec 50° fahrenheit, tentative purement commerciale de s’intégrer dans un filon qui s’essouffle. Les données de base ont bien évidemment été pompées à droite à gauche, et l’on retrouve en vrac la complicité forcée d’un blanc et d’un black, la menace de destruction d’une bonne partie des Etats-Unis par une arme chimique, des méchants tout de noir vêtus qui détournent un savoir acquis au sein de l’armée américaine pour parvenir à leurs propres fins, un appareillage technique de pointe, une bonne dose de patriotisme. Pour faire passer le tout, le scénario alterne, comme de rigueur, une tonalité humoristique et décontractée assurée par le duo vedette et des scènes de cascades que des déluges d’effets pyrotechniques et sonores ont pour mission de rendre impressionnantes.

Hugh Johnson, réalisateur de cet ersatz qui s’assume et se revendique comme tel, n’a, en gros, qu’une seule responsabilité : celle de faire tourner la machine, de superviser le contrôle d’une mécanique élaborée par d’autres. Le réalisateur, formé au sein de la fratrie Ridley-Tony Scott, ne s’embarrasse d’aucune idée personnelle (à supposer qu’il en ait) pour servir au mieux le produit et satisfaire ses commanditaires. A l’arrivée, rien qui puisse surprendre ou relever d’une quelconque ambition cinématographique. 50° fahrenheit n’est qu’un film de routine de plus. Il remplit cependant avec suffisamment d’énergie et de second degré le contrat qui le lie à son public pour parvenir à le divertir sans que l’imbécillité originelle du scénario et sa totale invraisemblance ne prennent définitivement le dessus. Passée une exposition crétine, Hugh Johnson s’accommode docilement de ses impératifs et tente de dynamiser au mieux le couple Cuba Gooding junior-Skeet Ulrich qui, dans un registre, qui leur était jusqu’à présent étranger semblent prendre un grand plaisir à crédibiliser un suspense factice et frelaté.

Rien de neuf donc ; le spectateur connaissant par trop la chanson. Perdu dans le flot des sorties attendues de fin d’année, ce petit film d’action fait figure d’outsider dans le fourrage destiné aux détenteurs de cartes illimitées mais, par son absence de prétention, gagne quelque peu en sympathie.