La route du flingue, c’est celle que suivent Parker (Ryan Phillippe) et Longbaugh (Benicio del Toro), deux petites frappes passant de vols en escroqueries car inaptes à vivre dans la légalité. Mais un jour, le menu fretin laisse place à un coup en or : le kidnapping d’une mère porteuse (Juliette Lewis) engagée par un couple de millionnaires et enceinte jusqu’aux dents. Le plan est apparemment limpide : provoquer la naissance de l’enfant, le rendre à ses « acquéreurs » contre la modeste somme de quinze millions de dollars, et garder Robin, la jeune fille, comme « assurance ». Mais les événements vont prendre une tournure très différente de celle escomptée…

Scénariste du fameux Usual suspects, manifeste s’il en est d’un cinéma aussi efficace que manipulateur, Christopher McQuarrie réalise ici sa première fiction. On retrouve ainsi dans Way of the gun le goût de l’auteur pour les récits confus, les polars enchevêtrés. S’y greffent quelques seconds couteaux un peu louches, détenteurs de secrets qui, une fois révélés, bouleversent les données en cours et alimentent une intrigue riche en rebondissements. Malheureusement, le canevas de départ s’avère guère plus passionnant qu’un thriller lambda et ses héros souffrent d’une écriture presque trop ciselée. Avec des répliques modelées comme autant de micro-bombes à effets immédiats (l’éventail est large, qu’on soit du côté de la dérision, de la compassion ou encore de l’étalage d’une culture gadget), les figures du film semblent figées, prisonnières de leurs propres stéréotypes -la pauvre fille naïve, les deux bandits au visage d’ange, etc.- et de dialogues qui les empêchent d’accéder à une quelconque forme d’humanité.

Le casting de Way of the gun était pourtant alléchant : trois des jeunes stars les plus intéressantes de Hollywood, et, cerise sur le gâteau, la présence de James Caan en vieux gangster flegmatique. Dans l’impossibilité de donner chair à leurs personnages, les comédiens se contentent de faire leur travail, et s’en tirent plutôt bien, même si l’on a connu Juliette Lewis en meilleure forme, notamment chez Dominic Sena et son Kalifornia, navet que sauvait l’impressionnante composition de l’actrice en paumée à fleur de peau. On retiendra également de ce divertissement prétentieux la laborieuse séquence finale, gunfight sans fin où les bruits des balles couvrent les cris de Robin, soumise à un accouchement gore et artisanal. Au cœur des paysages désertiques d’un coin paumé du Mexique se profile soudain l’ombre de La Horde sauvage, les gestes de ses pistoleros et la sécheresse cruelle de ses plans. Faut-il le préciser, la parole y est pendant de longues minutes quasiment absente…