Le projet avait de quoi séduire. Un homme (Matthew Perry, totalement fantomatique) arrivé au seuil de ses quarante ans cherche à comprendre pourquoi il a raté sa vie. Occasion lui est donnée, non de retourner à l’époque de son adolescence, mais de redevenir adolescent aujourd’hui. Un adolescent qui croise ainsi le chemin de ses deux enfants et de son ex-femme et va tenter de comprendre l’origine de la catastrophe. Belle idée, située quelque part entre 30 ans sinon rien et Peggy Sue s’est mariée, deux réussites du genre, petite et grande.

Outre la beauté fade de son héros (Zac Efron, en gendre idéal de la famille puritaine), le film pêche surtout par manque d’imagination : il faut voir pour le croire, la ringardise et la laideur des effets spéciaux au moment où tout bascule, comment peut-on supposer que les spectateurs sont aussi peu exigeants ? Mais surtout, ce qui frappe est son esprit réactionnaire qui annihile tous les possibles qu’une telle histoire engendre. La pudibonderie avec laquelle sont évacués les troubles qui ne manquent pas d’arriver quand sa propre fille drague le personnage ou que son ex-femme tombe sous le charme d’un jeune homme qui ressemble tellement à celui qu’elle a connu il y a vingt ans, en dit long sur la haine de la sexualité et la peur panique de toute déviance de la part des commanditaires du projet (c’est bien simple, quand le héros adolescent et son ex-femme s’apprêtent à s’embrasser, on coupe purement et simplement le plan).

Cette stratégie d’évitement de tout ce qui aurait fait le sel de l’histoire, quitte à prendre des risques (mais le goût du risque est bien ce dont 17 ans encore est complètement dépourvu) rend finalement le film assez ennuyeux, dénué d’émotion, sinon publicitaire. Ici on ne fréquente que du même (même âge, mêmes passions), pas question de se mélanger ou de tenter de nouvelles expériences. Brrr…