Le coup de la panne est un classique. Plongés dans le noir, coincés entre deux étages, Matthew, un étudiant à la fac, et une belle inconnue passent une nuit torride dans une cabine d’ascenseur. Mais le lendemain matin, celle dont il n’a même pas eu l’occasion d’apercevoir le visage, et qu’il considère déjà comme la femme de sa vie, a disparu. Heureusement tout n’est pas perdu : l’inconnue a oublié sa petite culotte. Il ne reste donc plus à Matthew qu’à retrouver sa propriétaire, ce qui est loin d’être une mince affaire, la résidence des filles sur le campus abritant pas moins de cent étudiantes.

Bien exploitée, la sympathique idée de départ aurait pu conduire à une version trash de Cendrillon. On se voyait déjà assister à des séances d’essayage sauvages où chacune des cent filles aurait tour à tour enfilé le fameux slip. Un défilé de popotins, du cul osseux à la culotte de cheval, se disputant les faveurs du prince charmant avant que l’élue ne soit découverte grâce à son arrière-train parfaitement moulé dans le sous-vêtement. Mieux vaut tout de suite arrêter de fantasmer, 100 girls ne dépasse jamais le stade navrant de la potacherie estivale, du teenage movie régressif. Pas de variation délirante sur le conte de fées mais plutôt une plate exposition des pitoyables stratégies mises en œuvre par Matthew pour retrouver la fille de l’ascenseur, le tout agrémenté de situations et dialogues tristement vulgaires (exemple parmi tant d’autres : pensant ainsi allonger son membre viril, le colocataire de Matthew passe son temps à accrocher des poids à sa bite…).

Quant à la forme chorale du film (voilà un terme bien savant pour ce fond de tiroir), elle ne sert qu’à transmettre une conception stéréotypée et sexiste de la gent féminine. Parmi ce casting surabondant, la féministe a forcément des touffes de poils sous les bras, celle qui ne porte pas de mascara est forcément lesbienne, quant à l’intello, elle ne peut être que moche (ou vice versa). Jamais drôle, toujours vulgaire (sans atteindre le jusqu’au-boutisme salutaire d’un American pie), 100 girls est une affligeante production dont la distribution en salles restera à jamais un mystère.