Depuis qu’il a déménagé sur le label Ropeadope, Charlie Hunter est intarissable : en quintet (Right now move), en live et en DVD (Right now live), en duo avec Bobby Previte (Come in red dog…), en trio, enfin, avec le saxophoniste John Ellis et le batteur Derrek Phillips. Après le réjouissant (quoique un peu monochrome au fil des écoutes, peut-être) Friends seen and unseen, c’est dans cette formation qu’il revient, plus électrique et rock que jamais, avec une oreille vers Jimi Hendrix et une autre vers les récentes incartades de Jim Black, terriblement ludique, volontiers adolescent dans l’esprit, et toujours aussi virtuose. Armé de sa célèbre guitare hybride (une sorte de monstre de sa fabrication, avec les cinq cordes traditionnelles de la guitare et les trois plus grosses cordes de la basse en sus, le tout permettant des combinaisons étranges et un jeu mélangé des lignes de basse et des mélodies), Hunter joue de tous ses effets de distorsion et se laisse porter par le groove binaire implacable de Derrek Phillips, John Ellis abandonnant quant à lui volontiers le ténor pour le wurlitzer d’un côté, pour un mélodica étique qui libère l’espace et augmente le nombre des couleurs de l’autre. L’atmosphère s’assagit parfois pour verser du côté du blues et du funk, l’ensemble étant électrisé par les solos toujours passionnants du leader. Sorte de revival seventies plein de pêche et de caractère (« I was just feeling rocky I guess », confirme sobrement Hunter), Copperopolis devrait séduire très au-delà du strict cercle des fans du guitariste, et bien au-delà aussi du strict cercle des fans de jazz.