Après Les Enfants du silence / Ma maîtresse est sourde-muette, voici Premier regard / Mon amant est aveugle. La cécité, ce douloureux problème ? Basé sur des faits réels (caution indispensable à la crédibilité de ce type d’entreprise), Premier regard conte l’étrange destinée de Virgil (Val Kilmer, assez nul), aveugle depuis l’âge de trois ans, qui, grâce aux progrès de la science, recouvre la vue à plus de trente. Mais la vie après l’opération s’avère bien différente, et donc bien difficile…

Au début du film, Virgil est masseur (les scénaristes hollywoodiens sont toujours très forts pour compenser un handicap par un don : ici, l’art du tactile, si vous suivez bien…). C’est à l’institut où il est employé qu’il rencontre Amy (Mira Sorvino, toujours aussi fade), séduite par le doigté du monsieur. Celle-ci ne se rend pas tout de suite compte de l’infirmité du jeune homme : forcément, c’est un aveugle « in » dont les lunettes sont orangées et qui a troqué la canne classique contre un club de Hockey sur glace (un vrai sportif le gars, un Amerloque pur et dur qui ne se laisse pas abattre par son mal). Peu à peu, Amy -qui est le prototype de la new-yorkaise over-bookée, stressée à mort, et entourée de gens superficiels- tombe amoureuse du Virgil. Aux antipodes du monde dans lequel elle évolue, Virgil incarne l’authenticité (éternel sourire béat), le charnel (Amy prend son pied et ça se voit), l’ouverture des sens (par exemple, il sait avant tout le monde quand la pluie va tomber). Pourtant, quand le loustic revoit, le couple bat de l’aile, car Amy joue trop au professeur avec son miraculé maison (du style : « Virgil, je t’ai répété déjà cent fois que ce n’était pas une pomme de pin mais une râpe à fromage ! »). Et Virgil, lui, il aime pas qu’on lui impose quoi que ce soit : il veut rester comme il est, naturel et VRAI. Jusqu’à mettre Amy dans l’embarras. Ainsi, lors d’une party top fun, Virgil, qui ne sait pas encore lire comme tout le monde, est super mal de voir les gens se trémousser sur le célèbre YMCA des Village People dont la chorégraphie consiste à reproduire avec les bras les lettres du titre de la chanson. Alors, c’est l’acte manqué : il trébuche et casse une vitre. La honte pour Amy qui voulait frimer devant ses potes avec les nouveaux yeux de son beau gosse ! Heureusement, la vue de Virgil va se remettre à chuter, et notre héros va de nouveau évoluer dans le blackout initial. Comme de bien entendu, l’amour reprendra ses droits, car Virgil pourra enfin être aimé pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’Amy souhaite qu’il soit.
C’est dur de meubler un film pendant 2 h 06, mais c’est encore plus éprouvant pour le spectateur de les subir…