Deuxième album (comme son nom l’indique) de Pole, après un début remarqué. Pole, c’est Stefen Betke, ingénieur du son et producteur (de Gez Varley par exemple, mais pas seulement). Sur Pole 2, la formule est la même : craquements et frottements de diamants, digi-dub infiltré de déchets sonores mourants. Son travail sur le son est fascinant : depuis Oval, on n’avait jamais aussi bien entendu le battement du cœur des machines (et notamment des presseurs de CDs). Des lambeaux de mélodies roots surgissent ça et là au détour des processus de digitalisation et voilà : c’est beau. Imaginer le Rythm & Sound w/ Tikiman sans le chant et encore plus abstrait.
Chacun des six titres développe une ambiance qui lui est propre et s’écoute sans compter : il y a toujours une découverte au coin d’un souffle amplifié, derrière un écho de scratch… Sous cette pochette rouge sang se cache un grand artisan du mastering, qui sait allier -un peu à la manière de Bernd Friedmann (Nonplace Urban Field)- le zéro absolu du froid à la chaleur d’un soleil, autrement dit la (supposée) froideur des machines et les effets très riches utilisés dans le dub. La passion de tous les artistes de la scène berlinoise (Hardwax, Chain Reaction, etc.) pour le dub est non seulement réelle (les sets live de Betke sont des mixes de reggae/dub roots) mais créative : plutôt que de reproduire une structure, ils en utilisent les éléments les plus turbulents (techniques de mix, echo, delay, reverb…), ce qui donne une soupe électronique délicate et épicée, en tous cas passionnante, pour peu qu’on lui accorde l’écoute attentive qu’elle mérite, juste avant d’enchaîner avec le North pole radio station de Pram !