Mega Man like par ceux qui depuis plus de dix ans font vivre la mascotte de Capcom, Azure Striker Gunvolt fait preuve d’une fraicheur surprenante que ne laissait pas présager son héritage. Tout en suivant un même canevas d’action-plateforme, et un même univers shonen-jump futuriste, Inti Creates contourne toutes les balises du jeu rétro complaisant. Alors que pourtant le studio japonais participe à la création de Mighty No9, rip off de Mega Man par son créateur, Keiji Inafune, décidé à assumer la nostalgie (qui s’est très bien vendue sur Kickstarter), Gunvolt lui semble faire du Mega Man comme au premier jour. Cette réussite tient à trois fois rien : un ton (naïf, jamais introspectif), et surtout la volonté de ne pas se poser un héritier d’une série de titres, mais d’un genre. Appelons ça une forme de classicisme, qui dans Gunvolt et en termes de jeu repose sur un système de tir à géométrie variable, associé à un pouvoir électrique aux diverses possibilités (pour attaquer, interagir avec le décor, ralentir le personnage dans un saut…). C’est cette alternance/combinaison entre les deux systèmes, à laquelle s’ajoute une customisation constante et de multiples items, qui donne au titre tout son sel. Et si le jeu semble parfois trop permissif, voire apparemment brouillon durant les combats contre les boss, il n’en est pas moins exigeant, presque difficile, dès lors qu’on s’y penche et tente de faire monter le score.

La présence en bonus de Mighty Gunvolt, version 8bits du jeu, aurait pu ternir cette source de jouvence. Elle est finalement moins une coquetterie vintage, qu’une manière de souligner une filiation. A sa façon, Gunvolt rappelle cette essence propre à la tradition (et qui a fait l’identité de Nintendo mais aussi de Capcom avec ses itérations compulsives) : non pas vivre avec le souvenir (idéal du jeu indé euro-américain), mais la volonté de perpétuer les choses au présent pour les rendre intemporelles. Un certain idéal japonais, en somme.