Jacob, un enfant mort il y a une trentaine d’années de cela, réapparaît en Chine et est raccompagné chez lui, à Arcadia, une petite ville tranquille, par un agent de l’ATF. Dans la même ville, Caleb, un homme au passé trouble, victime d’une crise cardiaque quelques années plus tôt, revient parmi les siens. Et d’autres encore sont en route… La comparaison avec Les Revenants de Canal + est inutile, malgré un postulat de départ similaire, les deux séries n’ont pas grand chose en commun. Où la série française prenait le temps de créer une atmosphère mystérieuse et des personnages énigmatiques qu’il était aisé de décrocher avant la fin du pilote, Resurrection se pose en héritier de Lost (et surtout des 4400), pourvoyeur de mystères insolubles et surtout d’une efficacité toute américaine dans la narration.

Rapidement, la série préfère jouer la carte de l’émotion provoquée par ces divers retours à la vie et de la réaction de cette « petite ville tranquille qui aimerait le rester » face à ce miracle. Bien sûr, les habitants, tous enclins à célébrer la vie, la mort et la résurrection d’un homme se présentant comme le fils de Dieu sont tout à coup méfiants et se mettent à rejeter les revenants avant d’être plus partagés à ce sujet. Tandis que la réception des revenants évoluent au fil des huit épisodes de cette saison test pour ABC, l’agent de l’ATF et la toubib locale tentent de percer le mystère de ces retours à la vie tout en jouant les assistantes sociales pour tout ce petit monde. Resurrection est un vivier de situations intéressantes (le pasteur du coin, l’homme de Dieu, retrouve Jacob, son meilleur ami de l’époque et lui-même ne sait comment réagir) et le vecteur de beaucoup de questionnements moraux et spirituels.

Alors est-ce une histoire à la Shyamalan, un soap opera déguisé en série fantastique ou bien cette première saison n’était elle que le prélude à une série beaucoup plus grosse et ambitieuse par la suite ? Transgenre, Resurrection l’est assurément. Sous ses atours de cop show teinté de fantastique, la série, adaptée de l’oeuvre d’un poète américain, recèle en son sein une accumulation de genres posant la question de sa nature. Dans un univers sériel très balisé, il est rafraîchissant de voir une série capable de ménager des passages dignes de thrillers avec des intrigues de mélodrame tout en gardant la même efficacité et cette capacité à s’adapter aux besoins de l’histoire qu’elle raconte.

Malheureusement, les atours Lost-iens de Resurrection sont aussi son gros défaut. Plus la série avance, plus elle lance de nouvelles pistes de réflexion et intègre de nouveaux personnages à une équation déjà bien compliquée. Ou tout du moins déjà bien fournie pour une saison ne disposant que de huit épisodes pour raconter son histoire. Ajoutez à cela l’apparition de personnages dispensant des théories fumeuses sur le pourquoi du comment, – une démonstration ultra-compliqué et balourde créant un rapport entre la latitude et la longitude d’Arcadia avec les âges et la durée de la disparition de certains revenants donne le chiffre 0.38 et interrogé quelques épisodes plus tard sur l’intérêt de cette découverte, le scientifique avouera que ça ne servait à rien avec un grand sourire -, et on peut tabler sur une fin de non recevoir de la part des spectateurs parmi les moins patients.

Et on les comprend car après Lost et une tripotée d’arnaques télévisuelles n’ayant jamais mené à rien ou ayant bâti des montagnes de mystères et de théories qui n’accouchaient que de souris, il est difficile d’accepter l’implication nécessaire avec une nouvelle série de ce genre. Resurrection n’étant déjà, et avec une seule saison à son actif, pas la dernière pour faire cogiter son public en ne le récompensant que rarement avec des réponses quand elle n’oublie pas, tout simplement, ce qu’elle nous a évoqué quelques épisodes plus tôt. En cela, le final de la saison est symptomatique (et un véritable acte de foi pour la suite des évènements en cas de deuxième saison) et créateur d’une attente et d’une excitation certaine pour la suite (le season finale est sans conteste le meilleur épisode de la saison) tout en balayant d’un revers de la main pratiquement tout ce que nous avons pu voir jusque là. Dès lors, une question se pose à nous en tant que spectateurs à qui on ne la fait plus : on accepte de se faire balader ou pas ?