Une tueuse à gages sculpturale remplit son contrat. Froide et sans pitié, elle bousille sa cible. De retour chez elle et en train de se déshabiller, surprise en full frontal: elle a une… bite ! L’intro de Hit & Miss avait de quoi susciter l’intérêt, mais ce n’était finalement que ça : une scène d’intro efficace. Le vrai pitch, c’est que notre tueuse, Mia, apprend que son ex est morte, lui laissant quatre gosses quasiment livrés à eux-mêmes dans une ferme de la campagne british… Le choix est vite fait (sinon il n’y aurait pas de série), et elle décide de s’occuper d’eux et de subvenir à leurs besoins. Son opération attendra.


De son postulat de polar noir à la fois suffisamment pulpet cool pour aiguiser la curiosité de tout amateur de série UK, Hit & Miss n’exploite qu’une portion congrue, préférant se concentrer sur la crise identitaire de Mia et la dynamique de cette famille plus ou moins décomposée. L’occupation de tueuse à gages du personnage ne se fait pas oublier, puisque chaque épisode propose son contract-of-the-week, jusqu’à une fin de saison montant faussement en tension. C’est bien trop tard, puisque tout le monde a bien compris que l’essentiel n’était pas là… C’est justement la principale faiblesse de Hit & Miss. Larguer un personnage scénaristiquement aussi cool que Mia dans une situation pareille (en lui faisant endosser à la fois le rôle du papa etde la maman) est intéressant, mais le problème est que cela tourne très vite en rond.  La saison ne compte certes que six épisodes (et pas de vraie fin puisque la série n’a pas été reconduite), mais l’impression de trop peu et de gâchis est omniprésente. Hit & Miss est typique de ces séries qui auraient dû se contenter d’être un bon film au lieu de s’échiner à s’étirer laborieusement.

Comme toujours – qualité british oblige -, l’écriture est plutôt rigoureuse, la mise en scène astucieuse et c’est par moments au moins aussi couillu que son personnage principal (même si un peu gratuit et avec un arrière goût de trash pour le trash). Malheureusement, l’intérêt se dilue au fil des épisodes lorsque les redites deviennent de plus en plus voyantes. Les choix d’intrigues ont un goût de réchauffé, explorant le passé de Mia ou les mésaventures des enfants traversant crise d’identité ou d’adolescence. Bien trop évidentes, jusque dans leur résolution, elles trahissent une certaine paresse scénaristique.

Au final, là où une série comme Nip/Tuck parvenait à intégrer ses freaks en les raccrochant métaphoriquement à la problématique des personnages principaux afin de nous dire quelque chose de plus grand sur la société américaine ou l’homme et la femme moderne, Hit & Miss déçoit lorsqu’elle crée une Mia qui fait simplement figure de pièce rapportée dans l’univers qui lui échoit. L’impression de se retrouver devant un mauvais crossoveroù les deux éléments ne fusionnent jamais complètement s’installe rapidement et ne nous quitte jamais. Certaines thématiques sont s intéressantes, comme la part de l’inné et de l’acquis chez les enfants, l’héritage parental ou des réflexions sociétales allant au delà du tract LGBT de base. Mais encore une fois, Nip/Tuckest déjà passée par là. Malgré ses défauts évidents et la sous-exploitation regrettable de son aspect noir, Hit & Miss reste une série relativement attachante. Reste à souligner l’interprétation époustouflante de Chloé Sevigny, la tueuse transsexuelle la plus cool de la télévision. Même s’il faut bien avouer que la concurrence n’est pas des plus rudes sous cet angle-là.