Cette année, la photographie de mode s’affiche sur bon nombre de cimaises de Paris Photo. Ce thème amène, on s’en doute, son lot d’esthétique esthétisante, de jolies filles et de vêtements couture. Mais pas seulement. On pourrait d’ailleurs presque résumer le salon en quelques exclamations : « Que de chair ! Que de sexes ! Que de seins ! Que de fesses ! »
La galerie Flatland expose quelques épreuves de la série Mature d’Erwin Olaf, dans laquelle des femmes d’âge tout à fait mûr prennent des poses de top-models, très court-vêtues -quand elles le sont-, exposant aux regards varices, cellulite, poitrine tombante et j’en passe. Bien évidemment, ces photos font plus qu’étaler les avantages et désavantages de ces dames ; elles rappellent le problème de l’image quand celle-ci prend des rides, elles offrent un moment de séduction à ces femmes qui n’y ont presque plus droit. Elles remettent aussi en question les canons de beauté que l’on retrouve, d’ailleurs, sur le stand de la galerie anglaise Hamiltons : quatre grands tirages d’Irving Penn représentent des top-models nues, dans la fleur de l’âge, cette fois.

Deux photos de Natacha Lesueur -qui joue à amalgamer personnes et nourriture- sont exposées sur le stand de la galerie Franck. La mode se lèche le long des jambes striées de lignes de mayonnaise, alors que les modèles de Nicolas Tran-Ba-Vang, elles, se vêtent d’une double peau tellement réaliste -le corps nu s’y trouve inscrit- que les étirements qu’elles lui font subir donnent mal au ventre.
De très grands noms attendent le visiteur dans l’exposition Mode et photographie, 4 collections privées. Elle donne un aperçu des collections de photos d’Yves Saint-Laurent, Claude Deloffre, Lothar Schirmer et Jean-Charles de Castelbajac. Celles-ci s’articulent, notamment, autour des noms de Newton, William Klein, Roversi, Seidner, Spring, Dorothea Lange, Brassaï, Sander, Sherman, et Joseph Beuys pris par Ute Klophaus.

Quant à la Maison Européenne de la Photographie, elle nous régale l’œil avec Helmut Newton, Irving Penn, David Seidner et William Klein dans une présentation malheureusement trop courte de leurs œuvres. Si la femme se trouve à l’honneur, magnifiée par les couturiers et par l’objectif de ces grands de la photo, l’homme, mis à nu, exhibé, n’est pas oublié des galeries.

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