WordPlay propose avec cette compilation rien de moins que la nouvelle vague du hip-hop made in UK. Dixit le label. De fait, malgré la présence de certains artistes confirmés et renommés, tels que Lewis Parker -qui a déjà un album à son actif (Masquerades & silhouettes) sorti sur Melankolik-, la grande majorité des rappeurs alignés sur Word Lab est inconnue au bataillon. Mais ce sont justement les moins réputés qui attirent l’attention. Ainsi, on est tout de suite surpris par la vigueur de Mark B & Blade (Don’t see the signs) ou le style bien ruff de MSI & Asylum (Animals).

Cette sélection originale qui nous est livrée brutalement nous laisse espérer un avenir reluisant pour le hip-hop anglais. Même si d’aucuns affirment que les rappeurs d’outre-Manche sont morts et foutus, que depuis Hijack (et leur hallucinant The Horns of Jericho qui date tout de même de 1991), Demon Boyz (Recognition), Katch 22, et autres Hardnoise, rien de bien excitant n’est sorti de la scène underground british, étouffée par les productions trip-hop, drum’n’bass et autres courants musicaux florissants et riches en créativité. Bref, tout le monde se fout des productions hip-hop britanniques, et les seuls rappeurs présents dans les charts indé en Grande-Bretagne sont américains (Dr Dooom, Blackalicious, Handsome Boy Modeling School, Dr Dre, Eminem, etc.). Difficile, donc, pour le rap local de se faire une place, de proposer sons et titres novateurs, alors que la presse nationale semble avoir, d’ores et déjà, tiré un trait sur ces artistes « déchus », pourtant nés sur leur territoire.

Les hip-hoppeurs anglais ont la vie dure. Cette livraison fraîche et culottée permet, pour certains d’entre eux, de poser quelques marques qui, on le sent, peuvent aisément aboutir sur des projets plus concrets. De fait, lorsqu’on écoute Life et son In memory énergique, ou bien Twilight of the gods, interprété avec brio par une flopée de jeunes nouveaux venus, qui balancent leur flow hargneux sur des beats changeants, appuyés par les scratches efficaces de DJ Primecuts (à surveiller), on se dit que c’est du sérieux, qu’ils ne sont pas là pour blaguer… Attardons-nous également sur le titre Kronos des Aspects -groupe proche par son phrasé des Katch 22- et son sample rageur d’un Tim Dog déchaîné, ou bien le UK Kartel et leur Takeoverbid, dont on vous laissera la surprise de découvrir le sample qui fait l’ouverture.

Difficile d’être totalement envoûté par cette compilation pour le moins honnête, mais admettons qu’elle recèle nombre de bons groupes énergiques et enragés qui ne demandent qu’à sortir leur album. Histoire de prouver que le hip-hop anglais est en train de ressusciter, que le flow british est bien vivant.