Here come les Tops 10 2012 de Chronic’art, votre serviteur devant l’éternel. Jusqu’à la fin de l’année (1 top par jour, presque), on vous la fait en speed, mais en version pragmatique/efficace, pour vous rappeler ce que la rédaction a préféré par-dessus tout, cette année-là. Ca se discute, certes, mais ici, comme à l’accoutumée, on assume tout. Et même parfois son contraire. On continue d’être sympa comme tout, avec les Tops Musique. A lire ensuite, nos Top Livres, Séries-TV, Jeux vidéo, Bandes dessinées et Cinéma.

 

 

1. Actress, RIP (Honest’ Jon)

Probablement la réussite électronique de l’année avec Lee Gamble. La musique de Darren Cunningham est une bizarrerie fractale trompeuse, méditative quand elle fait assaut de beats, introspective lorsqu’elle est intuitive et viscérale, et éparpillée dans toutes les directions quand on croit comprendre son modus operandi. Plus que tout autre disque rétromaniaque du moment, RIP fait entendre le futur le plus fascinant depuis un passé sans âge et sa beauté vient aussi de l’incroyable puissance d’évocation de ses sonorités. RIPest un poison inépuisable.

 

 

2. Scott Walker, Bish Bosch (4AD)

Toujours plus solitaire, toujours plus solennel, Scott Walker continue d’explorer un espace sonore rien qu’à lui, entre messe mortuaire et composition contemporaine. Et si on ne sait pas où il va, tant Bish Bosch déroute, on sait qu’il y va bel et bien. Dans le labyrinthe, on trouvera des clusters orchestraux, des bruits drolatiques, des silences écrasants et cette voix sépulcrale revenue du tombeau : Bish Bosch n’est pas un disque hospitalier mais il est d’ores et déjà loin au-dessus de l’époque.

 

 

3. Swans, The Seer (Young Gods)

Apogée de trente ans de carrière farouchement indépendante, The Seer condense toutes les obsessions de Michael Gira en cent vingt minutes de musique habitées d’une ferveur surnaturelle. Depuis leur grand retour en 2010, les Swans ont encore grimpé d’un cran dans l’osmose entre la puissance assourdissante de leur période no wave et l’Americana épique d’Angels of Light. Une descente en piqué au cœur du volcan et une expérience live qui reste à jamais gravée dans la mémoire. 

 

 

4. Lee Gamble, Diversions 1994 – 1996/Dutch Tsvashar Plumes (Pan)
Le doublon dément qui a pris tout le monde par surprise, même la hype. Alors que la dance music touche à son pinacle régressif, cet ex junglist reconverti en bricoleur d’ordinateurs a fait un double mausolée magique. Des ruines de la rave, Lee Gamble a bâti un golem post-techno sans âge, aux formes accidentées mais sublimes, un arbre magique pour cacher le courant souterrain le plus passionnant de notre époque.

 

 

5. Wall of Death, Main Obsession (Born Bad)

Un album comme un petit miracle, celui de trois galériens du rock soudainement adoubés par les Black Angels. Quelques catastrophes plus tard (le premier enregistrement à Austin a disparu dans un incendie), il est là, grisant, hypnotique, aérien, avec son Farfisa fou et ses guitares saturées, planant comme une messe sous acide. La messe d’un dieu sauvé des limbes qui a retrouvé ses cieux. »

 

 

6. Carter Tutti Void, Transverse (Mute)

Quand Chris & Cosey retrouvent leurs noms de famille et improvisent une jam session en compagnie de Nik Colk Void, la jeune chanteuse de Factory Floor, le résultat est au-delà de toute espérance. Quatre tranches de techno primitive émaillée de lacérations métalliques, d’infrabasses qui remuent l’estomac et de stries vocales qui incitent à la luxure. D’une génération à l’autre, trente trois ans après les premiers assauts de Throbbing Gristle, le trouble reste intact.

 

 

7. Mind Over Mirrors, Check your Swing (Hands in the Dark)

Avec sa grosse bebar rousse et sa casquette de backpacker, Jaime Fennelly a tout du hipster que vous aimeriez détester. Mais le gars est plus malin que ça. Vraie réincarnation musicale contemporaine de H.D. Thoreau, il bricole sa musique à l’écart des modes et atteint à des transes sonores visionnaires. Avec son harmonium indien gavé d’effets, il produit une sorte de techno acoustique addictive, littéralement pneumatique, articulée sur des quarts de ton à vriller la tête. Check your Swing redonne de la chair et du sens à cette vieille carne fatiguée qu’est le drone.

 

 

8. Mark Fell, Sentielle Objectif Actualité (Editions Mego)

En se réappropriant progressivement les accessoires de ses héros house (K. Chandler ou C. Damier), l’électronicien Mark Fell n’a pas seulement ouvert grand la pluie de soleil sur les recherches en synthèse générative, il a créé le contrechamp le plus captivant que l’on pouvait imaginer à la minimal techno f(r)ange Max/MSP et lunettes carrées.

 

 

 

9. Beak>, >> (Invada)
Krautrock abimé, en surdose de calmants, l’aventure free électronique des 70’s écrasée de mélancolie anglaise, le trio « regressive rock » de  Geoff Barrow évolue, avec >>, dans la solitude la plus pure, ne se fiant ni aux héritages ni au principe de table rase. Surplace monomaniaque des thèmes, nappes dissonantes et maigres, battement martial de la batterie : les moyens déployés vont aussi loin que possible dans ce programme.

 

 

 

10. Chris Cohen, Overgrown Path (Captured Tracks)
Loin des minauderies sixties distordues qu’il affectionne, Cohen a cisaillé une pop élégiaque auréolée de l’esprit du « cool » originel. Ses pop songs en marge de l’époque sont pourtant dans l’air du temps: Overgrown path est une leçon de fétichisme révisionniste qui traque la candeur psyché des Beatles, la perfection mélodique du Velvet à l’affût d’une mélancolie authentiquement contemporaine.

 

 

 

TOP 10 PERSOS

 

Wilfried Paris
1. Scott Walker, Bish Bosch (4AD)
2. Beak>, >> (Invada)
3. Egyptology, The Skies (Clapping Music)
4. Chris Cohen, Overgrown Path (Captured Tracks)
5. Arlt, Feu la figure (Almost Musique)
6. Midget !, Lumière d’en bas (We are Unique Records)
7. Woo, It’s Cosy inside (Drag City)
8. The Dirty Projectors, Swing Lo Magellan (Domino)
9. JC Satan, Faraway Land (Teenage Menopause)
10. Thee Oh Sees, Putrifiers II (In The Red)

 

Michaël Berland
1. Scott Walker, Bish Bosch (4AD)
2. Rrose, Preretinal  (Eaux)
3. NHK Koyxen, Dance Classics Vol.1 (Pan)
4. Cooly G, Playin’ Me (Hyperdub)
5. Robert Hood, Nighttime World 3
6. Beak>, >> (Invada)
7. Deerhoof, Breakup Songs (Polyvinyl)
8. Lee Gamble, Diversions 1994-1996 (Pan)
9. Carter Tutti Void, Transverse (Mute)
10. Chris Cohen, Overgrown Path (Captured Tracks)

 

Olivier Lamm
1. Royal-T, Rinse Presents Royal-T (Rinse)
2. Daphni, Jiaolong (Jiaolong)
3. Lee Gamble, Dutch Tvashar Plumes (PAN)
4. Chris Cohen, Overgrown Path (Captured Tracks)
5. Atom Tm, Winterreise (Raster-Noton)
6. Cooly G, Playin Me (Hyperdub)
7. Jahiliyya Fields, Unicursal Hexagram (L.I.E.S.)
8. Juju & Jordash, Techno Primitivism (Dekmantel)
9. Steve Moore, Light Echoes (Cuneiform)
10. Shackleton, Music for the Quiet Hour/Drawbar Organ EPs (Woe to the Septic Heart)

 

Pierre Jouan
1. Prince Harry, It’s Getting Worse(Rockerill Records/ Teenage Menopause)
2. JC Satan, Faraway Land (Teenage Menopause)
3. Thee Oh Sees, Putrifiers II (In The Red)
4. Ty Segall & White Fence, Hair (Drag City)
5. La Secte du Futur, S/T (Eighteen Records)
6. Wall Of Death, Main Obsession (Born Bad)
7. Thee Vicars, I Wanna Be your Vicar (Dirty Water)
8. Total Control, Henge Beat (Iron Lung Records)
9. King Tuff, S/T (Fuzz Drench)
10. Movie Star Junkies, Son of the Dust (Outside Inside)

 

Julien Bécourt
1. Scott Walker, Bish Bosch (4AD)
2. Swans, The Seer (Young God)
3. Carter Tutti Void, Transverse (Mute)
4. Actress, RIP (Honest Jon’s)
5. Jason Lescalleet, Songs About Nothing (Erstwhile)
6. Raime, Quarter Turns Over (Blackest Ever Black)
7. Aaron Dilloway, Modern Jester (Hanson)
8. Robert Aiki Aubrey Lowe, Timon Irnok Manta (Type)
9. Helm, Crippled Symmetry (Pan)
10. Prostitutes, Psychedelic Black (stabUdown)

 

Mathias Kusnierz
1. Actress, RIP (Honest Jon’s)
2. Scott Walker, Bish Bosch (4AD)
3. Mind Over Mirrors, Check your Swing (Hands in the Dark)
4. Mark Fell, Sentielle Objectif Actualité (Editions Mego)
5. Swans, The Seer (Young Gods)
6. Wadada Leo Smith, Ten Freedom Summers (Cuneiform)
7. Wall of Death, Main Obsession (Born Bad)
8. NHK Koyxen, Dance Classics Vol.2 (Pan)
9. Beak>, >> (Invada)
10. The Men, Open your Heart (Sacred Bones)

 

Tiphaine Bressin
1. Yeti Lane, The Echo Show (Clapping Music)
2. Hell, Teufelswerk House Remixes Part 2 (International Deejay Gigolo Records)
3. Plugs, Plugs (Eurostar)
4. Neil Halstead, Palindrome Hunches (Sonic Cathedral)
5. Nina Kraviz, Nina Kraviz (Rekids)
6. System Of Survival, Needle and Thread (BPitch Control)
7. It Hugs Back, Laughing Party (Safe & Sound)
8. Jason Grove, 313.4.Ever (Skylax)
9. Thee Oh Sees, Putrifiers II (In The Red)
10. Death Grips, No Love Deep Web (Epic)

 

Frédéric Hanak
1. Dom Kennedy, Yellow Album (Mixtape)
2. Roi Heenok, Noirs et professionnels(Gangster & Gentleman)
2. Sazamyzy & Hype, Grand banditisme Vol. II & III (Haute couture musicale)
3. Gucci Mane, Trap God (Mixtape)
4. Alley Boy, The Gift of Discernment (Mixtape)
5. Daphni, Jiaolong (Jiaolong)
6. Chief Keef, Finally Rich (Glory Boyz Entertainment)
7. Shy Glizzly, Law (Mixtape)
8. Kaaris, Z.E.R.O (AM7 Music)
9. Zesau, Dirty Zoo (Bad Game Musik)
10. King Louie, Drilluminati (Mixtape)