Quelle surprise ! S’il y en a qu’on attendait pas, c’est bien les Frank and Walters. Ils nous avaient déjà fait poireauter cinq ans entre leurs deux premiers albums (certes en raison de querelles de maisons de disques qui les dépassaient, et nous aussi). On en était donc resté à Grand parade, leur dernier effort avec les sublimes Russian ship ou Mrs. Xavier (quel texte touchant !). Et puis finalement, ils reviennent après quelques changements dans leurs vies. Désormais installés à New York (après le Cork de leurs origines et un passage à Londres), marié pour Paul, le guitariste/chanteur, et avec un nouveau membre venu s’adjoindre au trio. Une fille (et oui, une fille !), Sarah de Courcy, qui chante les chœurs et joue des claviers, laissant Paul en lead vocal.

Mais encore, me direz-vous, qu’en est-il de l’album ? Eh bien, tous ces changements ont sans doute créé une ouverture d’esprit chez les Frank and Walters plus grande qu’elle n’était déjà (Take me through this life lorgnant vers le hip hop). Au moins musicalement, car on ne pouvait autant aimer le monde qu’eux -les textes de leurs chansons ! C’est peut-être là aussi la limite de leurs capacités.
Explication : si on avait tant aimé leur premier album avec ses titres incontournables, Fashion crisis hits New York et This is not a song, et sur le second les titres cités plus haut, c’est principalement en raison de leur légèreté, caractéristique d’un groupe qui ne se prenait surtout pas au sérieux et qui jouait avec une énorme facilité à marier textes difficiles et musiques légères, contes réalistes sur le monde et capacité à interpréter des mélodies avec des envolées qui ont fait leur réputation.

Ce n’est plus pareil aujourd’hui. Les chansons sont toujours aussi intelligentes et les mélodies encore d’une rare sensualité ou mélancolie (Let me know ou Today) mais le tout est souvent plombé (Time we said goodbye) par la production de Rob Kirwan, trop « américaine » (la batterie sur Don’t stop, la basse sur Something…) pour ces Irlandais, alors que Edwyn Collins (sur Trains…), puis David Couse (sur Grand parade) avaient vraiment réussi à capter toute la sensibilité du groupe. Un retour en Europe s’impose !