Ca commence avec une ligne de basse pleine de médium (Peter Hook), une guitare acoustique grattée sur la droite (Barney Summer), une nappe de synthé style DX7, un choeur rythmique séquencé (Gillian Gilbert) : bienvenue dans la machine à remonter le temps de The Embassy, duo electro-pop suédois, qui vous ramène avec sa madeleine en 1989, quand sort le Technique de New Order. Moines copistes de l’orthodoxie pop anglaise des années 80, le duo sort là un véritable exercice de style (tous les tricks de production y sont : reverb sur les rythmiques, voix en retrait avec écho, etc.), qui ravive la nostalgie Madchester, les grandes heures de feu Tony Wilson, l’Hacienda et les premières ecstas. Tacking ravira donc les trentenaires (bientôt quadra) qui écoutaient The Field Mice chez Bernard Lenoir, dévoraient les interviews des Happy Mondays dans Les Inrocks (bimestriels en noir et blanc), ou partaient en pèlerinage à Londres voir le tristoune Electronic de Barney Summer et Johnny Marr. L’objet, en neuf petits titres impeccablement produits, est donc grand raout post-moderne, produisant son bel effet d’étrangeté en entretenant confusion des époques et réminiscences embrumées. Du coup, c’est presque un concept album en soi, sur la mémoire, la pop, la culture de masse, et évoque parfois plus les malins Pet Shop Boys que les oubliés The Beloved. Restent les mélodies, pas mal, pas mieux que les morceaux originaux (souvent déjà surévalués), un truc pour l’été (indien), qui doit se danser (en live) et se laisse écouter de temps en temps (dans le salon). Festif et conscient, comme dit la bio.

De leur côté et dans la même crémerie, les parisiens Gogo Charlton ont sortis cet été leur premier maxi, manière de faire doucement monter le buzz, entre résidence au Nouveau Casino, distribution de badges à tout va et requests myspace à gogo, avant un premier album officiel pour le printemps 2008. De fait, le quatuor s’est payé un peu de studio et de beaux instruments grâce à une synchro pour on-ne-dira-pas-qui à la télé, et monte en puissance comme on le dit du XV de France, à force d’entraînements rigoureux dans les salles parisiennes et de troisièmes mi-temps bien arrosées qui resserrent les liens du collectif. Your son, avec sa montée de synthé 80’s et son refrain fédérateur, pourrait galvaniser le kop des supporters du Pop In (Paris) et les supportrices de Guillaume Léglise (bourreau des cœurs qui se la joue aussi mèche romantique dans son beau projet My Broken Frame). C’est pourtant la voix grave et fluctuante en belles digressions harmoniques d’Olivier (le grand barbu au synthé) qui me séduira toujours le plus, qu’on entend ici sur le poppy Involving whisky. Pour donner quelques repères temporels, l’ensemble navigue entre Monochrome Set, Wedding Present, Smiths, Go Betweens, avec une indie-touch très contemporaine. Les deux remixes de Your son en bonus prolongent l’effet de nostalgie, Black Joy South Beach déconstruisant le morceau original autour de la voix de Guillaume en pop synthétique, Don Rimini y posant un vocoder, des basslines electro et un vrai beat de club. L’objet marketing visant la réunion des fluokids et des poppeux, les Gogo tissent doucement leur toile et devraient logiquement être premier du championnat l’été prochain.