Signé entres autres sur le label de Barry Adamson, String Of Consciousness constitue une entité informelle, abritant en son sein le Français Philipe Petit (au theremin, laptop et platines – lire notre entretien), Raphaelle Rinaudo (harpe), Hervé Vincenti (guitare / laptop), Pierre Fénichel et Abdenor Natouri (contrebasse), Hugh Hopper (electric bass), Nicolas Dick (guitare), Perceval Bellone (saxophone), Lenka Zupkova (violon), Alison Chesley (cello) et Stefano Tedesco (vibraphone). A partir d’un quatre titres titré Fantomastique acoustica, le label Off fait exploser les collaborations pour faire fusionner SOC avec une kyrielle d’artistes dont les accointances avec l’electro accoustique du groupe semble évident. Après avoir fricoté avec J.G. Thirlwell (alias Foetus), Scott McCloud (Girls Against Boys), le chanteur d’Oxbow Eugene Robinson, Lisa Smith-Klossner, Pete Simonelli (d’Enablers) ou encore Black Sifichi, Strings Of Consciousness s’alloue un casting impressionnant qui accouche d’un maelström rude mais censé, un rock sonore non identifié, lardé de notations électroniques impulsives et sensibles. Les interventions de Mira Calix, Scanner, Sutekh ou encore Si-Cut-db rajoutent à cette galette bleutée des (é)motions qui transpirent aussi bien la folie que la douceur mélodiques. Bondé d’easy listening tondue et envoûtée, de guitares perturbées ou encore d’un minimalisme léger, le disque propose également une intervention du grand Leafcutter John, dont les émanations électroniques percent douloureusement les tympans, sans les torturer. Huit musiciens échafaudent un disque dont les quatre plages doivent autant au jazz qu’au film noir ou au post-rock évanescent. Strings Of Consciousness, avec son nerf de quatre titres originaux et neuf remixes, augmentés de deux vidéos, propulse un objet bizarroïde, où peintures et vides électroniques tissent un matelas d’où s’allongent élégamment les notes et dénotes de nombreux instruments à l’acoustique dérangée, aux phénomènes ondulatoires de toute beauté… Les particularités des fractures instrumentales de SOC permettent d’élargir un spectre où la cognition et la réception de la musique prend son envol. L’ordinateur fait l’amour ici à une certaine synthèse sonore dont les outils particulièrement puissants fera rêver les auditeurs les plus curieux.

Tout au long des quatre premiers titres, qui constitue l’essence du disque, c’est clairement le jazz qui prend son envol, en mode dominant : le vibraphone se marie au saxo sur fond de batterie éclatée et le groupe semble tourner les pages de son orchestre comme on fait bouger les chevaux sur un échiquier, en diagonale et avec instinct. L’imagination créatrice et l’esprit vivifiant de la formation touchent leur climax sur Crest & watersheds, la quatrième tranche, une grosse composition complexe et tordue, excellemment formulée. 19 tranches de vies musicales font ici rêvasser avec brio, prouvant une nouvelle fois que cette formation atypique contient plusieurs formules dont on a envie de saisir et scruter les ingrédients, de très près et de plus en plus.